DAKAR (- JANVIER) « La stratégie va primer »
Un an après leur baptême du feu en Amérique du Sud, Daniel Elena passe la deuxième avec Sébastien Loeb et l’équipe Peugeot. Si la concurrence s’annonce féroce, le Monégasque vise haut
Comme l’an dernier, c’est lui qui, en vraie petite fée du logis, a aménagé le camping-car dans lequel ils bivouaqueront entre chacunedes douze étapes du Dakar , du au janvier. « Son lit est prêt, mon bureau aussi » , rigole Daniel Elena. « En fait, il ne manque plus que le saucisson, le fromage et le café, de quoi tenir la distance tous les soirs au moment de décrypter le roadbook de l’étape du lendemain. » Qu’on se le dise : à l’aube de leur deuxième participation, Sébastien Loeb et son indissociable copilote monégasque sont remontésàbloc. Forts de l’expérienceengrangée depuis ce baptême du feu sud-américain un brin frustrant, les anciens cadors duWRC, bienque soumis à rude concurrence, notamment dans les rangs de la dream-teamPeugeot, ont enviedehisser le DKR numéro au sommet. N’est-ce pas ‘‘ Danos’’ ? Dur comme fer, non. À ce moment-là, j’étais surtout content de notre première moitié de course. Sur un terrain typé WRC qui nous convenait, on avait réussi à enchaîner les victoires d’étape pour prendre les devants, notamment en ouvrant la piste à plusieurs reprises. Compte tenu de notre expérience très restreinte, c’était une entrée enmatière positive. Mais je savais bien que le plus dur restait à venir. La suite l’a d’ailleurs démontré.
Quel enseignement principal retenez-vous de ce baptême? La leçon numéro ? Facile! Pour combler le retard accumulé lors d’une journée de galère, il faut au moins trois étapes. Sans le tonneau et l’ensablement
qui ont coupé net notre élan, l’aventure se serait achevée bien plus haut. Pas sur la premièremarche du podium, OK, car ‘‘Peter’’ (Stéphane Peterhansel, ndlr) a atomisé tout le monde du côté de Fiambala. Mais sans aucun doute plus près de lui que de la place.
Dans quel domaine pensez-vous avoir accompli les progrès les plus importants? Le dialogue dans la voiture. La compréhension entre nous. Il y a un an, je ne savais pas vraiment employer les mots justes, hiérarchiser les annonces. Aujourd’hui, après la trentaine de jours de course enchaînés au Dakar et au Silk Way, les automatismes ont remplacé les hésitations. Seb’ et moi, on sait qui doit dire quoi. Et puis on ne s’enflamme plus. Par exemple, à l’approche d’un changement de cap, mieux vaut perdre cinq ou dix secondes au freinage et prendre la bonne piste plutôt que de négocier cela à fond sans réfléchir et faire mètres de trop dans une mauvaise direction. Que vous faut-il encore améliorer en priorité? J’aimerais être capable de retomber sur mes pattes plus rapidement en cas de boulette. A chaque course, obligé, même les meilleurs copilotes en font une ou deux. Le stress monte alors en flèche. Ne pas céder à la panique, rester calme, garder les idées claires, dans cesmoments-là, c’est capital pour se remettre illico à l’endroit. Sur la carte , avezvous repéré une spéciale pouvant faire office de juge de paix? Attention à la double étape marathon. De La Paz à Salta via Uyuni, il y aura au total plus de bornes chronométrées sans assistance. Le premier jour, on sera encore en très haute altitude. Et le roadbook annonce pas mal de hors-piste le lendemain. De quoi générer des écarts.
Si on dit que vos rivaux les plus redoutables sont les trois autres équipages de Peugeot Sport, vous êtes d’accord? C’est sûr que l’équipe aligne un quatuor très fort. ‘‘Peter’’ et Carlos (Sainz) ont gagné leDakar. Donc ils connaissent la chanson. En remportant le Silk Way, cet été, Cyril (Després), lui, a concrétisé brillamment sa progression en vitesse pure sur quatre roues. Question navigation, lecture du terrain, il n’a rien à envier à personne depuis belle lurette. Mais, bon, celui que l’on craint le plus, franchement, c’est Nasser (Al-Attiyah, désormais pilote de pointe de Toyota). Vous pouvez l’écrire car tout le monde le sait (rire).
La course au sommet, elle devrait ressembler à quoi, d’après vous? Nul doute que la stratégie va primer. Moi, je pense que ça ne sert à rien de viser la victoire d’étape chaque jour. Certes, il faut prendre d’emblée le wagon de tête. Après, c’est mieux de ne pas faire la trace trop souvent. Surtout compte tenu de la nouvelle réglementation qui corse la navigation avec des « way points » cachés. Ànous de savoir tirer notre épingle du jeu. Un jeu super stratégique...
Si on gagne encore quatreplaces... ”
Après avoir fini en janvier dernier, puis au SilkWay, vous visez le podium ou la victoire? (Du tac au tac). Moi, je signe tout de suite pour continuer notre ascension au même rythme. Si on gagne encore quatre places à l’arrivée, faites le calcul. Ce sera la victoire, non?