Cartes sur table
« Redonner le grand frisson », c’est l’objectif 2018 de Pascal Camia, directeur des Jeux de la Société des Bains de Mer. Un challenge dans un contexte qui est aujourd’hui morose
Dans un entretienexclusif, Pascal Camia, ledirecteur des jeux de la SBM, confie ses ambitions pour les casinos de Monaco. Il mise sur l’excellence.
Treize. Pour les joueurs, ce nombre est parfois porte-malheur. Pour nous, il fut notre chance puisqu’il a fallu attendre un an et un mois pour pouvoir rencontrer le « nouveau » directeur général des Jeux de la Société des Bains de Mer. Mais tout vientàpointàqui sait attendre. Et hier, Pascal Camia a répondu librement – et en exclusivité – à nos nombreuses questions ; avec seulement quelques retenues sur les chiffres, bien sûr, « qui ne peuvent être communiqués qu’en mars, à la clôture des comptes, par le président-délégué Jean-Luc Biamonti » , et sur la situation du directeur du casino Café de Paris, actuellement suspendu et dans l’attente d’une décision d’un conseil de discipline devant lequel il est passé le 3 janvier.
Comment se portent les Jeux depuis votre arrivée? La situation est très difficile. La conjoncture économique et politique mondiale est défavorable.
Faut-il attendre des temps meilleurs ou revoir l’offre? L’activité jeux doit se restructurer. Lemode de consommation du jeu a changé. Le client vient pour gagner. Le temps passé au casino a diminué. Il y a encore dix ou quinze ans, lorsque le client gagnait, il rejouait ses mises. Maintenant, il empoche et s’en va. La structure de coût est également importante. Mais j’y crois énormément. C’est une course de fond.
Qu’avez-vous modifié en interne depuis votre arrivée? Nous avons réorganisé les Jeux avec un nouvel organigramme, en définissant quatre pôles: marketing, finances, commercial et secrétariat général. Dorénavant, trois directeurs dirigent chacun un casino: Casino de Monte-carlo, Café de Paris et le Sun. C’est moi-même qui dirige le casino de Monte-Carlo depuis le
départ de Jean-Marie Alfani. J’ai mis en place un management collégial où tout le monde a son mot à dire.
Vous avez fait de profondes transformations au Café de Paris et au Sun… Le Café de Paris est un lieu primordial, destiné à accroître la visibilité du casino. Il réunit machines à sous. Depuis mars , il propose
également des jeux de tables et des terrasses pour les fumeurs. Nous avons misé sur un lieu ouvert heures sur , considérant qu’il était très important que le client puisse rester aussi longtemps qu’il le souhaite. Le Café de Paris est un très beau casino. Et je pense qu’il en a encore sous le pied.
Et le Sun, tout juste rénové? Le Sun est dans le même
cas de figure. Il a rouvert à la mi- décembre. Il lui a été donné un côté Vegas et c’est un grand succès. On y propose par exemple le “punto banco” très apprécié des Italiens. C’est un “casino- destination” dans le sens où il est accolé à un hôtel de six cents chambres.
Comment a évolué la clientèle? De l’Amérique du Sud au Moyen-Orient, il faut savoir séduire les joueurs. Nous avons accueilli également des Chinois. Nous en avons toujours. Mais le système de jeu occidental ne leur convient pas. C’est la raison pour laquelle nous comptons développer le “rolling”, un système qui permet de rejouer sa mise, très apprécié de la clientèle asiatique. Àquand l’embauche de croupiers chinois, qui fut un temps envisagée? Le savoir-faire de nos employés ne le nécessite pas. Ces clients se déplacent avec leur interprète et nous-mêmes pouvons mettre à leur disposition un sinophone.
On dit que les Italiens sont partis, faute d’argent… Le Sun Casino est assez bien fréquenté par les Transalpins. La clientèle haut de gamme italienne a été présente aux tournois de punto banco que j’ai remis au goût du jour l’été dernier. C’est le résultat d’un travail d’équipe. Une ambiance s’est ainsi créée et le casino a été très fréquenté.
Ce n’est peut-être pas une renaissance mais il y a du renouveau! Nous devons réinventer le jeu et le casino. L’idée est de faire deMonte-Carlo le lieu le plus prestigieux d’Europe d’ici .