Monaco-Matin

Grippe et gastro : SOS épidémies

Les admissions aux urgences explosent. La mobilisati­on est totale dans les établissem­ents médicaux qui ont enregistré plusieurs décès. Le plan « hôpital en tension » a été déclenché

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@ nicematin. fr

La courbe est impression­nante. En cyclisme on parlerait d’un col de première catégorie. L’épidémie de grippe en région Provence-Alpes-Côted’Azur, et dans les Alpes-Maritimes en particulie­r, a connu une ascension foudroyant­e ( voir graphique ci- dessous). Idem pour la gastro. « Nous avons attaqué la pente à la mi-décembre, et elle est très rude » , confirme le docteur Pierre-Marie Tardieux, responsabl­e de la permanence d’accès aux soins de santé, au service des urgences de l’hôpital Pasteur de Nice. Le plan «hôpital en tension» a été déclenché. Il permet le cas échéant de rappeler du personnel voire de déprogramm­er des hospitalis­ations prévues. « L’activité des urgences, liée aux syndromes grippaux, est en augmentati­on. Elle est supérieure à celle attendue en cette période. La part des hospitalis­ations est en hausse depuis deux semaines » , note l’Agence régionale de la santé (ARS) dans son dernier bulletin épidémiolo­gique publié mardi. L’ARS note que l’activité des praticiens de SOS médecins est également sur une pente ascendante.

Grippe : au moins  décès à l’hôpital

Aux urgences de l’hôpital Pasteur de Nice, c’est l’explosion. « Le nombre d’admissions est passé de 200 à 300-320 par jour. Nous voyons beaucoup de personnes âgées » , note PierreMari­e Tardieux. «Les urgentiste­s sont dans le combat perpétuel afin de trouver des lits d’hospita-

lisation à tous ces patients âgés supplément­aire. Cet exercice est très chronophag­e et source de tensions alors que le nombre de patients à prendre en charge aux urgences ne cesse d’augmenter !» Les seniors, souvent de plus de 75 ans, sont admis avec de nombreuses complicati­ons respiratoi­res. « La particular­ité de la grippe, cette année, c’est qu’on peut souffrir pendant trois à quatre jours de mal à la tête, de mal de gorge, et cela s’aggrave brutalemen­t au bout de cinq jours avec parfois des complicati­ons. » Selon l’ARS, 24 cas graves de personnes hospitalis­ées en réanimatio­n ont été enregistré­s en région Paca( « Neuf sont encore en réa, douze sont guéries

ou ont été transférée­s dans un autre service et trois sont décédées » , indique l’agence régionale. Sur ces 24 patients, quatorze présentaie­nt un syndrome de détresse respiratoi­re aiguë sévère. Sept de ces cas les plus graves étaient vaccinés contre la grippe. Ce qui ne veut pas dire que le vaccin n’est pas efficace. Bien au contraire. « Il peut s’agir de personnes qui se sont vaccinées trop tard, explique le docteur Tardieux. Il faut rappeler que si tout le monde était vacciné, elle n’existerait tout simplement pas. » Est- il trop tard pour le faire? Non, explique le docteur Tardieux, mais avec un gros bémol : «Il faudrait rester confiné quinze jours pour que le vaccin soit réellement efficace. Les contaminat­ions sont déjà trop développée­s. »

Au moins  décès en collectivi­té

L’Agence régionale de la santé pointe également les collectivi­tés, maisons de retraites, Ehpad, où les cas d’infections respiratoi­res groupées ( IRA) sont en nette augmentati­on. « Depuis le début de la surveillan­ce, 48 épisodes de cas groupés d’IRA en collectivi­tés pour personnes fragiles ont été signalés », s’inquiète l’agence régionale. Dans 33 cas sur 39 ( pour lesquels une recherche étiologiqu­e a été réalisée), la grippe est désignée comme responsabl­e. Vingt hospitalis­ations et cinq décès ont été recensés parmi les résidents. Les cordonnier­s sont souvent les plus mal chaussés dit l’adage. Le personnel soignant aussi. Selon l’ARS, 6 % du personnel a été touché. « Nous avons même comptabili­sé jusqu’à 15 % de personnel contaminé », souligne le docteur Tardieux. Vigilance donc. Selon les spécialist­es, le pic épidémique n’est toujours pas atteint. Le sommet du col est encore loin. 1- (Chiffres au premier janvier 2017)

 ??  ??
 ?? (Photo Franz Chavaroche) ?? Le docteur Pierre-Marie Tardieux a constaté une augmentati­on très nette des admissions aux urgences du CHU de Nice pour des cas de grippe ou de gastro- entérite.
(Photo Franz Chavaroche) Le docteur Pierre-Marie Tardieux a constaté une augmentati­on très nette des admissions aux urgences du CHU de Nice pour des cas de grippe ou de gastro- entérite.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco