Grippe et gastro : SOS épidémies
Les admissions aux urgences explosent. La mobilisation est totale dans les établissements médicaux qui ont enregistré plusieurs décès. Le plan « hôpital en tension » a été déclenché
La courbe est impressionnante. En cyclisme on parlerait d’un col de première catégorie. L’épidémie de grippe en région Provence-Alpes-Côted’Azur, et dans les Alpes-Maritimes en particulier, a connu une ascension foudroyante ( voir graphique ci- dessous). Idem pour la gastro. « Nous avons attaqué la pente à la mi-décembre, et elle est très rude » , confirme le docteur Pierre-Marie Tardieux, responsable de la permanence d’accès aux soins de santé, au service des urgences de l’hôpital Pasteur de Nice. Le plan «hôpital en tension» a été déclenché. Il permet le cas échéant de rappeler du personnel voire de déprogrammer des hospitalisations prévues. « L’activité des urgences, liée aux syndromes grippaux, est en augmentation. Elle est supérieure à celle attendue en cette période. La part des hospitalisations est en hausse depuis deux semaines » , note l’Agence régionale de la santé (ARS) dans son dernier bulletin épidémiologique publié mardi. L’ARS note que l’activité des praticiens de SOS médecins est également sur une pente ascendante.
Grippe : au moins décès à l’hôpital
Aux urgences de l’hôpital Pasteur de Nice, c’est l’explosion. « Le nombre d’admissions est passé de 200 à 300-320 par jour. Nous voyons beaucoup de personnes âgées » , note PierreMarie Tardieux. «Les urgentistes sont dans le combat perpétuel afin de trouver des lits d’hospita-
lisation à tous ces patients âgés supplémentaire. Cet exercice est très chronophage et source de tensions alors que le nombre de patients à prendre en charge aux urgences ne cesse d’augmenter !» Les seniors, souvent de plus de 75 ans, sont admis avec de nombreuses complications respiratoires. « La particularité de la grippe, cette année, c’est qu’on peut souffrir pendant trois à quatre jours de mal à la tête, de mal de gorge, et cela s’aggrave brutalement au bout de cinq jours avec parfois des complications. » Selon l’ARS, 24 cas graves de personnes hospitalisées en réanimation ont été enregistrés en région Paca( « Neuf sont encore en réa, douze sont guéries
ou ont été transférées dans un autre service et trois sont décédées » , indique l’agence régionale. Sur ces 24 patients, quatorze présentaient un syndrome de détresse respiratoire aiguë sévère. Sept de ces cas les plus graves étaient vaccinés contre la grippe. Ce qui ne veut pas dire que le vaccin n’est pas efficace. Bien au contraire. « Il peut s’agir de personnes qui se sont vaccinées trop tard, explique le docteur Tardieux. Il faut rappeler que si tout le monde était vacciné, elle n’existerait tout simplement pas. » Est- il trop tard pour le faire? Non, explique le docteur Tardieux, mais avec un gros bémol : «Il faudrait rester confiné quinze jours pour que le vaccin soit réellement efficace. Les contaminations sont déjà trop développées. »
Au moins décès en collectivité
L’Agence régionale de la santé pointe également les collectivités, maisons de retraites, Ehpad, où les cas d’infections respiratoires groupées ( IRA) sont en nette augmentation. « Depuis le début de la surveillance, 48 épisodes de cas groupés d’IRA en collectivités pour personnes fragiles ont été signalés », s’inquiète l’agence régionale. Dans 33 cas sur 39 ( pour lesquels une recherche étiologique a été réalisée), la grippe est désignée comme responsable. Vingt hospitalisations et cinq décès ont été recensés parmi les résidents. Les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés dit l’adage. Le personnel soignant aussi. Selon l’ARS, 6 % du personnel a été touché. « Nous avons même comptabilisé jusqu’à 15 % de personnel contaminé », souligne le docteur Tardieux. Vigilance donc. Selon les spécialistes, le pic épidémique n’est toujours pas atteint. Le sommet du col est encore loin. 1- (Chiffres au premier janvier 2017)