Le Philharmonique pleure Georges Prêtre
Le célèbre chef d’orchestre français est décédé mercredi à l’âge de 92 ans. Pendant un demisiècle, il a régulièrement dirigé l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo
La dernière fois qu’on a vu monter au pupitre du Philharmonique de Monte-Carlo le grand chef Georges Prêtre, mort avanthier à l’âge de 92 ans, c’était le 13 octobre2012, en l’Auditorium Rainier-III. Malgré son âge, il possédait toujours cette silhouette athlétique qu’une pratique du judo lui avait aidéàacquérir dans sa jeunesse. Et pourtant, ce jour-là, il était accablé par un deuil insurmontable: il venait de perdreson fils. Il nousavait confié qu’en ces circonstances, la musique était le plus précieux des secours. La musique et la foi. Car celle-ci occupait une part considérable dans sa vie. Il ne s’appelait pas Prêtre pour rien. Il tenait toujours dans sa loge, discrètement, une effigie du Christ.
La musique était la maîtresse de sa vie
Lors de ce dernier concert, il avait donné grandeur et couleursaux Tableaux d’une exposition de Moussorgski. À la fin, on l’avait vu refermer les bras sur la poitrine,
comme s’il voulait chérir la musique sur son coeur. Elle était la maîtresse de sa vie.
On n’a plus revu Georges PrêtreàMonaco. Car le concert suivant, qu’il devait
donner en mars 2014, fut annulé. Sa santé commençait à décliner.
Combien de fois a-t-on applaudi ce chef mythique en Principauté! Il a dirigé des concerts ou bien des opéras – comme la création mondialedeLa Reine morte de RenzoRossellini (le frère du cinéaste) en 1974 ou un mémorable Pelléas et Mélisande de Debussy mis en scène en 1976 par GianCarlo Menotti.
Ses années à Monaco
Combien de concerts a-t-il donné au Palais! Il y était reçu comme un ami par le Prince. Il a d’ailleurs habité plusieurs années en Principauté, au Château Périgord. On le rencontrait alors aussi bien sur la plage du Palm Beach qu’aux officesàSaintCharles. Georges Prêtre a enregistré plusieurs disques avec le Philharmonique: oeuvres de Milhaud, de Debussy, de Poulenc avec le pianiste azuréen Gabriel Tacchino en particulier. Il auramarqué laPrincipauté de son art et sa présence. Tous les musiciens rencontrés hier considéraient que c’était un privilège d’avoir été dirigé par un tel chef…