« Les jeux de table ne sont pas finis »
Le 12 décembre dernier, en séance publique du budget primitif 2017 du Conseil national, le ministre d’État évoquait le déclin des jeux de table. Émoi instantané dans l’hémicycle. « Je suis, pour ma part, persuadé qu’avec une équipe dirigeante motivée et compétente, cette activité a encore de beaux jours devant elle, et que le coeur de la SBM peut continuer à battre longtemps », répondait Jean-Michel Cucchi, conseiller national de la majorité. Et Serge Telle de préciser : « Je n’annonce pas la mort des jeux. C’est une activité qui baisse en Europe. C’est la fin d’une certaine forme de jeux. Ce qui marche, ce sont les machines à sous. » Depuis, les propos du ministre ont été nuancés et on sait même qu’il s’est rendu au casino de MonteCarlo durant les fêtes de fin d’année pour rencontrer Pascal Camia et ses équipes. Mieux encore, Serge Telle est actuellement à Macao avec JeanLuc Biamonti, présidentdélégué de la Société des Bains de Mer, pour une tournée des casinos chinois… Dans une lettre ouverte au ministre d’État le 13 décembre, Jean-Michel Cucchi n’a pas mâché ses mots : « On voit bien aujourd’hui que les plans de relance des jeux annoncés à maintes reprises n’étaient que des effets d’annonce sans réelle volonté de réus-
site. » Aujourd’hui, Pascal Camia rétorque. À son tour d’être
catégorique. « Les jeux ne sont pas finis. C’est l’ADN de notre société. Nous sommes en ordre de marche. C’est un travail de fond et la vision est sur 2018, quand Monte-Carlo pourra proposer un Hôtel de Paris entièrement restructuré et les immeubles de One MonteCarlo [ NDLR: One Monte-Carlo est l’ensemble immobilier des architectes Rogers Stirk Harbour et Partners, ainsi que du Monégasque Alexandre Giraldi. Il regroupera sept bâtiments en lieu et place du Sporting d’Hiver notamment].
« Réinventer le jeu et le casino »
Mais si, depuis des années, les politiques parlent et reparlent d’un « Plan Jeux », la SBM ne fait aucune annonce, ne donne aucune précision sur le sujet. Qu’en est- il donc réellement de cette stratégie tant attendue des conseillers nationaux? « Le plan jeu, répond Pascal
Camia, c’est de réinventer le jeu et le casino en faisant de Monaco la plus belle destination d’Europe à l’échéance 2018. Cela passe par des offres exclusives, de l’excellence, du management et de l’innovation. Pour attirer les nouvelles générations, nous misons sur les nouvelles technologies. Nous avons commencé fin 2016. Les jeunes joueurs
viennent pour se divertir. Il faut que le jeu soit extrêmement ludique. Cette clientèle-là s’intéresse plutôt à la roulette électronique. » Oui, mais les bons vieux jeux de table dans tout ça?
« Les jeux de table sont au coeur de la stratégie de la SBM. Nous avons une clientèle. Les jeux font partie du resort SBM. Et il y a un avenir pour les jeux de table. » Mais le pari n’est pas gagné d’avance. Pascal Camia veut attirer de nouvelles clientèles venues de France, d’Italie, d’Angleterre, de Russie, des pays
de l’Est, du Moyen-Orient et des pays d’Asie – « pas
uniquement de Chine ». Il a mis par ailleurs en place un accueil sur-mesure pour le top 100 des clients du groupe SBM. Au programme: chauffeur à l’aéroport, accompagnements personnalités, prise en compte des habitudes alimentaires... On saura, en mars prochain, avec la communication des chiffres aux actionnaires puis à la presse, si les premiers efforts ont payé.