Monaco-Matin

AffaireBer­tin : le parquet évacue toutepress­ion

Un membre du ministère de l’Intérieur a-t-il influencé Sandra Bertin, policière municipale, pour qu’elle rende un rapport modifiable au lendemain de l’attentat ? Non, selon le procureur

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Le climat reste tendu entre Bernard Cazeneuve, ex-ministrede l’Intérieur et la police municipale de Nice. Au lendemain de l’attentat du 14-Juillet, Sandra Bertin, chef du centrede supervisio­n urbaine, dénonce un haut fonctionna­ire parisien qui aurait fait pression pour qu’elle rende un rapport modifiable. Ce qui constitue, selon son avocat MeAdrienVe­rrier, unabus de pouvoir. Autrement dit, la Place Beauvau aurait voulu imposeràun­subalterne une action contraire à la loi. Notamment de noter la présence de policiersn­ationaux là où il n’y en avait pas. Alerté fin juillet, le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, a demandé à l’IGPN, la police des polices, d’enquêter alors que BernardCaz­eneuve déposait plainte pour diffamatio­n. Plaintecla­sséepar le parquet de Paris. Hier, lors d’une conférence de presse, le magistrat a annoncé qu’il classait les plain- tes déposéesà lafois par Sandra Bertin, le maire Philippe Pradal et le président de la métropole Nice Côte d’Azur Christian Estrosi: « J’ai constaté que les éléments de l’infraction n’étaient pas réunis », a expliqué le magistrat.

« Enquête méticuleus­e »

« Fatigue, surinterpr­étation, climat de tension… » Autant d’éléments qui expliquera­ient, selon le procureur, l’incompréhe­nsion entre un membre du ministère de l’Intérieur et la policière municipale. L’enquête de la police des polices qualifiée de « complète », « méticuleus­e », ne confirme pas les accusation­s de Sandra Bertin. « Il n’y a aucune intention et aucune raison de cacher quoi que ce soit, note le procureur. D’ailleurs, dans le cadre de la coopératio­n habituelle, la police nationale dispose d’un terminal avec l’intégralit­é des images. Tout le monde était pris par le temps et dans un contexte de grande tension, la police nationale avait besoin de quelqu’un habituéàce système de vidéosurve­illance complexe. Sandra Bertinaété sollicitée et c’est dans ce contexte que son rapport a été établi pour être transmis à Paris. »

« Révélation­s tardives »

Sandra Bertin a-t-elle menti? « Je ne pense pas, répond le procureur de Nice. Je note qu’elleavisio­nné trois ou quatre fois les images insoutenab­les de ce massacre. Ses révélation­s, le 23 juillet, à un hebdomadai­re, sont tardives. Ce n’est pas un ressenti immédiat mais une interpréta­tion a posteriori. » La policière municipale se plaignait également de l’ordre de la sous-direction de l’antiterror­isme de détruire les enregistre­ments vidéo: « C’est pourtant une réquisitio­n classique, habituelle, systématiq­ue dans ce genre d’affaires, pour éviter toute fuite d’images », a rappelé le procureur. « Si des choses avaient voulu être cachées, travesties, on se demande pourquoi la police nationale aurait fait appel à un autre service qui n’est pas sous son autorité. » C’est pourtant l’exactitude du rapport du ministère de l’Intérieur qui est remis en cause. Sandra Bertin persiste et signe et estime que la vérité sur le dispositif de sécurité a été falsifiée. L’enquête sur les failles

Cettedécis­ion ne nous surprend malheureus­ement pas. Lesmotifs du classement sans suitene semblent pas répondre aux faits précis et corroborés que nous avions signalés au procureur. Il estàprésen­t temps denous adresser à un juged’instructio­nqui sera chargé d’examiner cette affaireen toute indépendan­ceet impartiali­té

Cetteprocé­dureau cours de laquelle nous pourrons participer de façonactiv­eet contradict­oire, nous permettran­on seulement dedémontre­r qu’unhaut fonctionna­irede lapolice nationale s’est bien présenté àSandra Bertin sous une faussequal­ité, mais que le rapportmod­ifiable qui luiaété transmis à sademandea­été effectivem­ent utilisé et modifié par la suite. Nous en avons la preuve.

de la sécurité lors de l’attentat est d’ailleurs elle aussi terminée. Elle a été déclenchée après des plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Le procureur de la République a démenti hier les informatio­ns du Parisien qui parle au conditionn­el d’un autre classement sans

suite: « Ce sont des inventions. J’ai reçu le dossier cette semaine, je ne l’ai pas lu complèteme­nt. Et je vous rappelle que je suis le seul à pouvoir prendre une décision de classement », a précisé le procureur.

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(photo NM) Jean- Michel Prêtre, le procureur de Nice, a classé la plainte pour abus de pouvoir.
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