Non-cumul des mandats : le casse-têtedes élus
Les députés-maires et sénateurs-maires azuréens vont devoir abandonner l’un de leurs mandats en 2017. Ce ne sera pas de gaieté de coeur et très peu ont déjà fait leur choix
Tout finit par arriver. En 2017 entrera en vigueur la loi sur le noncumul des mandats, adoptée en 2014. Une loi qui aura pour conséquence essentielle d’empêcher les doubles casquettes de députémaire ou sénateur-maire. Elle va même un peu plus loin. Un parlementaire ne pourra plus être adjoint au maire, président ou viceprésident d’un conseil régional, départemental, ou d’une communauté urbaine. C’est dire que cette petite révolution va toucher bon nombrededéputés et sénateurs de notredépartement. Tous ont beau redouter en choeur que cette nouvelle loi génère des parlementaires « hors-sol, qui seront coupés des réalités du terrain », leur dernier espoir semble avoir été douché par l’élimination de Nicolas Sarkozy à la primaire de la droite. Il était le seul, en effet, à vouloir ouvertement remettre en cause la loi de 2014.
Quatre édiles sereins
Sur les neuf députés et cinq sénateurs que comptent les Alpes-Maritimes, très peu seront épargnés par la nouvelle loi. Quatre seulement, en fait, en incluant l’ex-député Estrosi. A commencer par l’unique parlementaire de gauche, le sénateur socialiste Marc Daunis, qui a quitté son fauteuil demaire de Valbonne en octobre Idem pour Christian Estrosi, qui a lui aussi devancé l’appel en abandonnant son mandat de député et la mairie de Nice, pour n’êtreplus « que » président de la Région, de la Métropole et premier adjoint au maire de Nice, un cumul autorisépar la loi. Le député-maire de Menton Jean-Claude Guibal, lui, a joué la transparence en n’étant pas candidat à sa succession aux législatives. C’est Xavier Beck, le maire de Cap-d’Ail, quiaété investi par Les Républicains dans sa circonscription et qui devra donc, en bonne logique, laisser sa mairie s’il est élu. Hormis enfin Jean-Pierre Leleux, qui n’est plus que sénateur, tous les autres vont êtreconfrontésàdes renoncements plus oumoins cornéliens. Eric Ciotti vadevoir choisir entre leDépartement et le Palais Bourbon, CharlesAnge Ginésy entre sa viceprésidence du Département, sa mairie de Péone-Valberg et l’Assemblée, Michèle Tabarot, Lionnel Luca et Jean Leonetti entre leur ville (Le Cannet, V.-Loubet, Antibes) et la députation, Louis Nègre entre sa commune de Cagnes et le Sénat, BernardBrochand entre l’Assemblée nationale et la présidence de la Communauté d’agglomération des Pays de Lérins. L’arbitrage seraapriori plus simple pour Dominique Estrosi-Sassone, Rudy Salles et MarineBrenier qui auront à trancher entre unmandat parlementaire et un poste d’adjoint aumaire. La sénatrice Colette Giudicelli, viceprésidenteduDépartement, ayant pour sa part déjà décidé de redevenir simple conseillèredépartementale, pour continuer à siéger au Palais du Luxembourg.
Fillon sous pression
Acestade, les autres « cumulards » temporisent pour prendre- oudumoins annoncer - leur décision, les députés sortants ayant d’ailleurs tous été réinvestis par lacommissionélectorale des Républicains, à l’exception on l’a vu de Jean-Claude Guibal. Le premieràclarifier sa position pourrait être Jean Leonetti, sans doute avant la fin du mois. D’autres donnent du tempsau temps, espérant encore unmiracle. Si un candidat de gauche entrait à l’Elysée en mai, la loi n’aurait aucune chance d’être revue. François Fillon, auquel de nombreux élus des Républicains ont mis la pression, leur a également opposé une fin de non-recevoir. Mais d’aucunsàdroite, dont le sénateur vendéen Bruno Retailleau, veulent croire qu’il pourrait, au moins, repousser l’application de la loi à 2020, année des municipales, afin que chacun dispose d’un nouveau délai pour passer la main. Fillon doit rencontrer les parlementaires LR à ce sujet le 10 janvier. Tiendra-t-il bon ?