Nice : la leçon républicaine d’Antoine Sfeir lorsqu’il aborde l’histoire de l’islam
Antoine Sfeir a suspendu la respiration de son auditoire du Centre universitaire méditerranéen, à Nice, hier après-midi aveccet aveu très intime: « Je suis actuellement un protocole de chimiothérapie, ce qui explique mon retard. C’est afin de vous expliquer que je voulais payer les médicaments. Là on m’a dit : “Monsieur vous avez cotisé pendant plus de quarante ans, vous allez êtrepris en charge.” J’ai alors cherché un autre pays qui procédait ainsi. La France est le seul. Ici nous bénéficions de la République et aussi de la laïcité! » .
« Je ne regrette pas mon choix »
L’écrivain et journaliste qui reviendra à deux reprises à Nice – un cycle de trois conférences (1) a été prévu sur l’islam– était alors dans la partie finale de sa démonstration. Et il avait choisi d’y proclamer
son amour pour la France. « Je suis devenu définitivement français le 3 septembre 1976 et plus je vis en France, plus je suis persuadé d’habiter le plus beau pays du monde. J’aurais pu devenir américain, italien mais je ne regrette pas un
dixième de seconde mon choix. » Mais outre ses sentiments, son décryptagede l’histoirecommentée, ponctuéd’anecdotes, Antoine Sfeir avait en poche des messages. « Comment prétendre reconnaître l’autre si on ne le connaît pas? Com- ment pourrait-on comprendre les musulmans sans connaître l’histoire? »
« L’islam est spirituel et temporel »
Le conférencier venait tout juste de donner le tournis à son auditoire en l’entraînant sur « Les fondamentaux de l’islam », titre de sa première intervention. Son tout premier parcours érudit, historique était déjà vertigineux, balayant l’histoire du VIIe au IXe siècle. Antoine Sfeir ne s’est pas privé de pointer « quelques exemples d’impostures » sur les interprétations qui en sont faites. Ainsi sur le voile: « Pas une fois le mot cheveux ne se trouve dans le Coran » . Et sur la polygamie: « C’était dans un contexte de guerre. Il est dit : parmi les veuves et les orphelines, tu peux prendre jusqu’à quatre épouses, à condition de les traiter équitablement. Mais comme tu ne peux y parvenir, contente-toi d’une seule! » Antoine Sfeir s’est ensuite plongé dans l’explication des scissions et de l’origine des divers courants, s’intéressant aux différences entre le chiisme et le sunnisme. Mais il a aussi rappelé avec insistance ce fondement : « L’islam est spirituel et temporel! » Cette pointe était destinée à introduire des questions sensibles ou des points de réflexion: « Faut-il accepter l’islam comme système englobant ou fautil intégrer les citoyens de confession musulmane comme cela a été réalisé de manière remarquable depuis 75 ans? L’islam de France, on a été le chercher avec un vrai contrat! »
1. « L’islam, l’islamisme et le salafisme en France » le 16 mars à 18 heures; « Et Daesh dans tout çà? » (date non arrêtée) au Centre universitaire méditerranéen de Nice. 65 promenade des Anglais. Tél.04.97.13.46.10.