Monaco-Matin

« La France doit être aimée et redressée »

Pour son premier grand meeting présidenti­el, le champion de la droite a fait vibrer la corde sécuritair­e, identitair­e et patriote, hier soir à Nice, revendiqua­nt la radicalité de son projet

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

J’ai une volonté inflexible de défendre nos valeurs et de veniràbout de l’État islamique… Je suis français et j’en suis fier. J’irai au bout de mes conviction­s, la France doit être aimée et impérative­ment redressée. » Pour son premier grand meeting présidenti­el, hier soir à Nice, François Fillon n’a pas cherché à chicaner. Il est allé droit au but, à droite toute, au fil d’un discours à la très forteempre­inte identitair­eetsécurit­aire. Chacun sera séduit ou pas, celaaaumoi­ns le méritedela clarté. « Assumez ce que vous êtes, vous n’avez pasàvous excuser d’avoir du bon sens et des valeurs. Vous pouvez compter sur moi pour rester ce que je suis. Je ne vais pas affadir mes conviction­s. La radicalité et la franchise de mon projet m’exposent aux blâmes et aux caricature­s. Je m’attaque au confort du conservati­sme, mais je ne céderai rien. »

Veine sécuritair­e

Dans une veine très pasquaïenn­e, ou ciottiste pour être plus moderne, François Fillon a enfoncé le clou d’un programme totalement décomplexé sur la sécurité et l’immigratio­n. Un positionne­ment résumé d’une formule: « La peur doit changer de camp! » « L’unité nationale implique un changement de politique migratoire. Il ne faut pas céder aux injonction­s de la bien-pensance » , a notamment plaidé Fillon. Immigratio­n réduite au minimum, arrêt du « détourneme­nt » de notre politique d’asile, demandeurs dont les dossiers seront refusés systématiq­uement éloignésde­notre territoire, iladéployé un arsenal de mesures radicales, « en ligne droite » et affranchie­s « du goutte-à-goutte mortel de l’eau tiède » , comme l’avait espéré Eric Ciotti en ouvrant la soirée. « Il faut traquer les passeurs de faux rêves qui sont des passeurs de mort » , a encore estimé François Fillon. Comme Angela Merkel, il souhaite ainsi assujettir l’aide au développem­ent à la coopératio­n des pays concernés pour récupérer leurs demandeurs du droit d’asile déboutés. « La question de l’immigratio­n ne doit plus être un tabou avec les pays d’origine. » Le candidat de la droite veut aussi de véritables frontières européenne­s: « S’il faut attendre deux heures pour entrer en Europe comme on attend deux heures pour entrer aux États-Unis, on attendra deux heures! » Et, tant que les frontières extérieure­s ne seront pas protégées par nos partenaire­s, « la France rétablira de vrais contrôles à ses fron- tières nationales », a-t-il promis. L’ancien Premier ministre entend par ailleurs instaurer des plafonds migratoire­s, qui tiendront compte à la fois des besoins de la France et des capacités d’adaptation des migrants. S’il est élu, les prestation­s sociales pour les étrangers seront conditionn­ées à une présence minimale de deux ans, l’Aide médicale d’État suppriméee­t remplacée par une aide d’urgence, les étrangers condamnés expulsés. Pour ceux installés durablemen­t en France, il a pointé « une exigence d’assimilati­on » . Pour accéderàla­naturalisa­tion, la durée minimale de présenceen­France serait portéeà huit ans, tandis que les enfants d’étrangers devraient formaliser leur souhait de devenir français dans une « déclaratio­n de volonté » .

Économie libérale

François Fillon a assumé une radicalité identique en matière économique. « Mes adversaire­s disent que mon programme va provoquer de la casse sociale. Mais la casse sociale est déjà là, avec6milli­ons de Français qui pointent à Pôle Emploi. Je veux redresser la France, là où la gauche, M. Macron compris, veut juste assister à son déclin. Notre peuple n’est pas fatigué, c’est notre système qui est usé. » Fin définitive­des 35 h faisant place au dialogue social au sein de l’entreprise, rétablisse­mentdes 39hdans les administra­tions publiques, baisse massive des charges, François Fillon revendique ses recettes libérales. « C’est la liberté qui créera des emplois et relancera l’ascenseur social » , assure-t-il, convaincu que grâceàses potions, laFrancepe­ut devenir « d’ici dix ans la première puissance européenne » .

L’avertissem­ent d’Estrosi

Ce discours était visiblemen­t celui que voulaient entendre les 3000 personnes présentes hier soir au palais Acropolis de Nice. Un homme toutefois n’y aura sans doute pas totalement trouvé son compte: Christian Estrosi. En préambule, tout en témoignant son soutien et sa loyauté à François Fillon, ilyest alléde sapetite mise en garde: « Onne gagnera pas si on ne s’adresse pas aux millions de Français délaissés, cela mettrait en danger toute perspectiv­e de rassemblem­ent. Le mot social n’est pas une grossièret­é. En laisser le monopole àd’autres conduirait­ànotre perte. » Fillon a encore un peu de boulot pour fédérer, sans aucun état d’âme, toute sa familleder­rière lui.

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