Monaco-Matin

Juliette Méadel répond à nos questions

Juliette Méadel, secrétaire d’État chargée de l’aide aux victimes, sera aujourd’hui à Nice. Indemnisat­ions, début de polémique, elle répond à nos questions

- PROPOS RECUEILLIS PAR GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Marine Brenier, députée des Alpes-Maritimes vous a interpellé­e mardi à l’Assemblée nationale sur la lenteur d’indemnisat­ion des victimes. Qu’avez-vous à lui répondre? Tout d’abord, je voudrais dire que derrière les attentats, il y a des hommes, des femmes, et des enfants, des vies brisées et que l’argent ne leur rendra pas leurs proches disparus et leur vie d’avant. Ensuite, le nombre de personnes concernées révèle l’ampleur du travail déjà accompli. Au  janvier , le fonds avait traité  dossiers d’indemnisat­ion. À ce jour c’est une somme de    euros qui a déjà été versée à titre de provision et d’indemnisat­ion. Le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infraction­s (FGTI) verse toujours rapidement les premières provisions, ce sont des avances sur indemnisat­ion qui permettent de faire face aux besoins urgents. Ce fut le cas dix jours à peine après l’attentat de Nice pour les premières. Mais les dossiers doivent être examinés avec soin parce que chaque cas est unique et pour éviter les demandes illégitime­s et les cas d’escroqueri­e. Le but est d’indemniser les victimes, toutes les victimes et rien que les victimes.

, millions, on est loin des  millions que vous aviez annoncés... Ce chiffre est une anticipati­on globale du coût sur plusieurs années. Le FGTI indemnise les victimes au fur et à mesure de la consolidat­ion des blessures. Chaque victime, chaque préjudice est unique. Ce ne seront pas  millions au bout de cinq mois, mais quand toutes les victimes auront été consolidée­s et indemnisée­s. Et cela va prendre du temps.

Combien de victimes sont- elles encore hospitalis­ées? Quatre-vingt- huit blessés avaient été admis en établissem­ent de santé, en urgence absolue. Il y avait  mineurs. Aujourd’hui il n’y a plus de personnes en urgence absolue, mais trois sont encore aujourd’hui à l’hôpital: une au CHU de Nice et deux aux Invalides à Paris. Trois personnes sont en soins de suite et réadaptati­on, dont une à Larchet et deux plus largement en région Paca.

 victimes ont été hospitalis­ées au total. Certaines sont retournées chez elles.

Qu’est-il fait pour s’assurer qu’elles vont bien? Le service public d’aide aux victimes, et en particulie­r l’associatio­n Montjoye qui est convention­née avec l’État, dispose d’une liste de personnes contactées périodique­ment. Le choix fait par l’État est de ne pas être intrusif. Les victimes ont accès à toutes les informatio­ns, elles savent que si elles ont besoin, elles trouvent quelqu’un au bout du fil. Le site internet GUIDE (www.gouverneme­nt.fr /guide-victimes) que j’ai lancé l’été dernier leur permet d’avoir accès à une assistance par internet et d’être contactées directemen­t par les agents du FGTI si elles le souhaitent.

Savez-vous où se trouvent ces victimes? Je suis en train d’installer des comités locaux de suivi des victimes, dont l’attentat de Nice, dans tous les départemen­ts de France. Ainsi le préfet de chaque départemen­t et les autorités judiciaire­s connaissen­t les noms et savent combien ils ont de victimes de l’attentat de Nice dans leur départemen­t.

L’associatio­n Promenade des Anges avait prédit un tsunami social pour les survivants. Elle

affirme que ce tsunami annoncé est en train de s’abattre sur eux. C’est votre impression?

Plus qu’un tsunami social, c’est une dévastatio­n humaine. L’État travaille pour permettre leur reconstruc­tion physique et psychologi­que. C’est pour cela que jeme rends jeudi [aujourd’hui, ndlr] à Lenval pour une séance de travail avec les psychanaly­stes, psychiatre­s et pedo psychiatre­s. Une fois que

les soins physiques et psychologi­ques sont mis en oeuvre, nous travaillon­s à l’indemnisat­ion. Vient ensuite la question du retour à l’emploi.

C’est un défi?

Le retour à l’emploi est une question à laquelle je suis très attachée. Lors de la Conférence internatio­nale de l’aide aux victimes que j’ai organisée lundi à Paris, j’ai mis en exergue avec le ministre de l’Intérieur espagnol une de leurs pratiques que je trouve excellente. Elle consiste à réserver par la loi un droit prioritair­e d’accès au retour à l’emploi pour les victimes d’attentats terroriste­s et peutêtremê­me un quota. Retrouver un travail, c’est une des manières les plus sûres de retrouver le chemin d’une vie supportabl­e.

Il y aura un projet de loi?

Non, car nous n’avons plus de place dans le calendrier parlementa­iremais j’ai déjà commencé à travailler avec le ministère de l’Emploi et la direction générale du travail pour repérer les entreprise­s avec lesquelles nous pourrons contractua­liser. Je pense que cela sera une des propositio­ns sur lesquelles il faudra travailler dans le cadre de la campagne présidenti­elle.

Vous signez ce jeudi une convention d’installati­on de l’espace d’accueil des victimes à l’Arenas, ouvert depuis deux jours. À quoi sert-il?

C’est un guichet unique qui a une mission de coordinati­on et d’accompagne­ment des victimes. Son rôle est d’identifier les besoins exprimés par les victimes, comme le retour à l’emploi et de les aider à mobiliser leurs droits. Ce guichet offre une informatio­n complète, et oriente vers des avocats, le FGTI, des notaires, les associatio­ns, etc. et accompagne­r les victimes dans la constituti­on des dossiers.

 ?? (Photo archives C. D.) ?? JulietteMé­adel : « Trois victimes de l’attentat de Nice sont encore à l’hôpital. »
(Photo archives C. D.) JulietteMé­adel : « Trois victimes de l’attentat de Nice sont encore à l’hôpital. »

Newspapers in French

Newspapers from Monaco