Monaco-Matin

«Monacon’est pas une démocratie adulte»

Les trois élus d’Union Monégasque ont expliqué hier leur position après le vote du budget primitif et le dépôt de la propositio­n de loi sur les incompatib­ilités et inéligibil­ités

- JOËLLE DEVIRAS

Des voeux pour les journalist­es et des souhaits pour que l’État devienne « une démocratie adulte et responsabl­e » et que le Conseil national soit « considéré comme un partenaire de première importance » et noncomme un « alibi » . Hier après-midi, les trois élus de la minorité Union Monégasque (UM) ont commenté lesdernièr­es séances publiques du budget primitif qui se sont déroulées en décembre. Et Jean-François Robillon de noter d’emblée que le budget a été voté avec treize voix « pour » seulement. Et ce n’est évidemment pas les perspectiv­es optimistes de recettes qui ont provoqué cette situation. Mais, selon lui, « le Conseil national n’est pas bien traité. Le gouverneme­nt nous présente des dossiers au dernier moment; par- Avec la propositio­n de loi sur les incompatib­ilitéset inéligibil­itésauCons­eil national déposée le 15 décembre dernier, les élusUMont soulevé un sujet sensible. L’idée est notamment que des Monégasque­sàdes postes au sein du gouverneme­nt ne pourraient prétendre à devenir président du Conseil national sansun « délai de viduité » , ou une « cooling off period » , selon les termes de Bernard Pasquier, de 18 mois. Ainsi, un ministred’Étatouunco­nseiller de gouverneme­nt seraitpar exemple concerné… fois seulement quatre jours avant le vote du budget. C’est ce qu’on appelle “une inscriptio­n de dernière minute”. Ce fut ainsi le cas pour l’extension de la Sûreté publique pour un coût de quelque 30 millions d’euros. C’est le montant de la constructi­on d’un bâtiment! Ou encore la décision du gouverneme­nt de construire une SPA en plein coeur de Monaco, au parc Princesse-Antoinette. Ça aurait justifié un amendement budgétaire. Deux lignes pour lesquelles l’amendement budgétaire aurait été intéressan­t. »

« Nous sommes colégislat­eurs »

Et les élus ne veulent pas entendre l’argument selon lequel l’amendement budgétaire est un changement de régime. « C’est totalement faux. » Pour preuve, les trois élus font un bref rappel his- « L’éthique est importante, souligne Jean-François Robillon. Il faut mettre des garde-fous pour pas qu’on mélange les genres. C’est une protection pour Conseil national mais aussi les diverses entités concernées. » Bernard Pasquier considèreq­u’il faut « une séparation extrêmemen­t stricte entre exécutif et législatif ». Mais ce texte déposé moins de deux ans avant les prochaines élections n’a rien d’anodin. « C’est quand il y a un problème qu’on fait une loi », répond Bernard Pasquier. torique: « Il existait lors de la première Constituti­on en 1911; et il a été supprimé en 1962. Alors depuis, nous avons certes changé de constituti­on, mais pas de régime! » L’ex-président du Conseil national, également président Jean-François Robillon. de l’UM, voit dans cette impossibil­ité d’amender le budget une « infantilis­ation du Conseil national » . JeanLouis Grinda va plus loin encore. « Aujourd’hui, la population est en demande de transparen­ce et veut être con- sidérée comme un partenaire de première importance au travers de ses élus. Nous sommes colégislat­eurs. Aujourd’hui, Monaco n’est pas une démocratie adulte. L’amendement budgétaire ne retire rien au prince -– au con- « Le sujet dépasse largement les groupes politiques. Le financemen­t de la retraite des fonctionna­ires, c’est8 millions d’euros par an. Notre souhait est de déconnecte­r le plus possible la gestion des retraites du budget de l’État en créant une caisse autonome. »

Jean-LouisGrind­ane comprend pas pourquoi « le code de l’environnem­ent est en panne totale. La commission de l’Environnem­ent attend des réponses depuis quatorze mois. C’est d’autant plus incohérent qu’il s’agit d’un projet de loi. »

« Laurent Nouvion qui parlait d’“amateurism­e” à propos de la direction de la SBM a traire. En responsabi­lisant les Monégasque­s, on renforce le pouvoir du souverain. Un Etat ne peut pas être figé. Il faut maîtriser les changement­s. » Le vote du budget primitif, qui s’est finalement fait de justesse, montre la limite du système actuel selon les trois élus. Car en cas de vote défavorabl­e, le pays serait plongé dans une crise sévère et pas nécessaire­ment justifiée. Bernard Pasquier explique: « C’est un risque aujourd’hui. Je n’ai pas envie de voter contre le budget. L’amendement, c’est la modernité. Les présidents précédents Jean-Charles Rey et Jean-Louis Campora ont euxmêmes essayé de remettre l’amendement budgétaire. » Et comme un message politique en vue des élections nationales de mars 2018: « Peut-être arrivera-t-onàmettre en place une liste… » manifestem­ent changé complèteme­nt d’avis. C’est une bonne chose, comme d’entendre que le ministre d’État soutient le présidentd­élégué Jean-Luc Biamonti. »

« Le fonds de réserve constituti­onnel n’est pas validé par les conseiller­s nationaux. » Mais aussi: Quel est le point commun entre la Corée du Nord, Cuba, le Soudan et Monaco? interroge BernardPas­quier. Aucun des quatre pays n’appartient au Fonds monétaire internatio­nal dont l’un des rôles est d’avoir chaque année un regard sur les comptes publics des pays. On travaille sans filet face à la corruption. Nos comptes ne correspond­ent pas aux standards internatio­naux. »

 ?? (Photos J.D.) ?? Jean-François Robillon, président d’UM, Jean-Louis Grinda et Bernard Pasquier, tous trois conseiller­s nationaux, hier, au Conseil national.
(Photos J.D.) Jean-François Robillon, président d’UM, Jean-Louis Grinda et Bernard Pasquier, tous trois conseiller­s nationaux, hier, au Conseil national.

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