Dépouillée, la prostituée accuse son client de viol
Parce qu’il lui aurait piqué sa recette dans son sac à l’issue d’une prestation tarifée, le client roquebrunois écope de 1500 euros d’amende
Lapéripatéticienneet l’homme à tout faire. Cela n’a rien d’une fable! L’affaire, évoquée devant le tribunal correctionnel, est plutôt liée à un rapport tarifé qui ne s’est pas conclu comme prévu. Au final, en avouant le vol de 800€ dans le sac d’une prostituée, le client écope 1500 d’amende. Le tout dans un contexte d’accusation de viol… La scène se déroule dans la nuit du 10 mai 2015, dans la chambre 123 d’un hôtel monégasque. À l’issue d’une soirée festive bien alcoolisée, un jeuneagent de maintenance fait la connaissanced’une demi-mondaine prête à satisfaire tous les appétits charnels contre rémunération. Quelques regards aguicheurs à l’entrée du bar du palace, puis le couple file en se tenant par la main et en s’embrassant langoureusement. Quand la prostituée lui présente la note, 300€, ce smicarddeRoquebruneCap-Martin s’affole…
« Je ne savais pas que c’était une prostituée »
Plus aucune information ne filtre ensuite sur cette aventure. Jusqu’à 13h30 où des policiers arrivent dans le hall. Une dame se plaint d’avoir été violée dans une chambre. Elle constate également qu’on l’a délestée de sa recette de la soirée. Soit deux prestations respectives à 1000€ et 400€. Le voleur aurait même fait main basse sur le pourboire : 30 La vidéosur- veillance, hors la chambre évidemment, avait en mémoire le chemin parcouru par le couple dans l’hôtel. Le coupable est identifié. À la barre, le prévenu n’a pas de mal à réfuter le viol. Mais il est un peu candide. « Vous n’aviez pas d’argent et vous allez avec ce genre de femme? » demande le président Jérôme Fougeras Lavergnolle. « Je ne savais pas que c’était une prostituée, assure le prévenu. Elle ne me l’a jamais dit et elle était habillée très chic. » Le magistrat poursuit: « Vous reconnaissez lui avoir pris de l’argent? » L’homme de 28 ans avoue: « Après l’étreinte je ne voulais pas m’attarder. Alors, pendant qu’elle était sous la douche, je m’aperçois qu’elle a des espèces dans son sac. J’ai pris quatre billets de 200 C’est tout! Je n’aurais jamais dû! Je le regrette! J’ai eu une réaction de gamin… » Le président y voit « un moyen de vous rembourser et même plus. Car c’était bien vous qui aviez payé la chambre. Vous étiez gagnant sur les tous les tableaux. Mais quand vous avez été arrêté le lendemain, les policiers ont trouvé 1300 sur vous… »
La thèse du « coup de foudre »
Le prévenu assure qu’il allait « visiter un appartement à Carnolès et les billets servaient à payer une éventuelle caution » . Le magistrat est sceptique. « Le lendemain, le 11 mai vous offrez un déjeuner à un ami étonné, qui vous considère comme un radin. Si on fait le compte de l’argent sur vous, plus le prix du repas, on arrive au montant de la somme déclarée volée dans son sac par la plaignante. » Le prévenu campe sur sa position. « Pourquoi Monsieur aurait-il pris uniquement 800 alors qu’il avait l’intégralité de la somme à portée de main? s’étonne le procureur Alexia Brianti. Il gagne quelque 1500 par mois, il est rarissime d’avoir autant d’argent dans ses poches quand il est interpellé. Il n’en explique pas la provenance. C’est donc bien 1430 qu’il a dérobés. Alcool, rapports sexuels, argent… On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Avec un précédent pour des faits similaires, ce n’est pas un novice. Prononcez une peine d’amende conséquente: 1500 » La défense sortira ses armes. « Pendant les quarante-huit heures de garde à vue, constateMe Déborah Lorenzi-Martarello, la version de mon client est invariable. Celle de la plaignante est incohérente. Alors, pourquoi ne pas apprécier la vérité du prévenu? Ne donnez pas autant de crédit à une menteuse! Ce jeune homme est immature et croit encore au coup de foudre. Soyez clément! » Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public.