Des primaires de perdants
« Les 2 prochains débats risquent de souligner un peu plus l’incapacité des trois favoris à réinventer une gauche crédible. »
Soucieux de dresser un bilan flatteur de son quinquennat, François Hollande s’exerce, ces jours-ci, à l’auto- glorification. Pourtant, la vérité a éclaté jeudi soir lors du premier débat de la primaire de la gauche : il a ruiné son camp. Le spectacle ne fut pas indigne mais terne et, surtout, révélateur des fractures au sein même du Parti socialiste. Trois gauches s’y efforçaient de ne pas polémiquer mais ne parlaient pas le même langage. Manuel Valls a repris son rôle de réformiste réaliste, gestionnaire, tenant d’une politique dite de l’offre, ardent défenseur du travail. Benoît Hamon, à l’opposé, s’est fait le chantre de la politique de la demande avec « son » revenu universel et une nouvelle réduction du temps de travail. Arnaud Montebourg a prôné, lui, la relance par la dépense publique. Passons sur les quatre autres participants, des figurants, y compris Vincent Peillon. Trois voies, donc. Trois voies irréconciliables, comme le disait, il y a encore quelques mois, Manuel Valls. Trois voies qui emmènent à coup sûr leurs avocats dans une impasse. Manuel Valls a perdu son fonds de commerce au profit d’Emmanuel Macron, incarnation désormais de la modernité. Il ne peut pas, enoutre, revendiquer le bilan du quinquennat, mis en cause par ses rivaux et rejeté par les Français.
Avec son revenu universel, Benoît Hamon défend une mesure choc mais irréaliste. La France n’a pas les moyens de la financer : où trouver les milliards minimum qu’exige sa mise en oeuvre? Une utopie d’autant plus dangereuse qu’elle remet en cause la notion de travail, jadis, faut-il le rappeler, valeur de gauche. Arnaud Montebourg, lui, feint d’ignorer que la France détient aujourd’hui le record du monde de la dépense publique ( % du Produit intérieur brut). Si cette solution était efficace, notre pays devrait « péter » de santé. Que peuvent changer les deux prochains débats à cemorne paysage? Ils risquent, surtout, de souligner un peu plus l’incapacité des trois favoris à réinventer une gauche crédible. Y croient-ils eux-même? Ce n’est pas sûr. Ils savent qu’ils courent droit à la défaite et songent, en fait, à l’après. Comment survivre à une Bérézina? Réponse simple : enprenant le contrôle du PS. Le vainqueur de cette primaire sera, peut- être, le mieux placé pour y parvenir. Tout dépendra, cependant, de son score aupremier tour de la présidentielle. En décembre , le désastre de la candidatureDefferre conduisit à la disparition de la SFIO et à la création du PS. C’est aussi cela qui se joue pour la gauche : sa survie et son destin demain quand les électeurs auront sanctionné dans les urnes le quinquennat qui s’achève.