Troubles du rythme : une technique sur mesure À la une
Moins agressive, personnalisée : des cardiologues niçois et marseillais mettent au point une nouvelle procédure pour traiter l’arythmie cardiaque
Ils ont développé une approche qui pourrait modifier en profondeur la prise en charge du trouble du rythme cardiaque le plus fréquent, la fibrillationauriculaire (FA) (lire ci-contre). La démarche initiée par leDr Guillaume Theodore, cardiologue à l’hôpital Pasteur (CHU de Nice) et ses confrères de l’hôpital Saint-Joseph de Marseille trouve sa source dans un constat: « Le traitement conventionnel par radiofréquence de la FA persistante repose sur une approche probabiliste; en clair, on réalise une ablation dans certaines régions définies de l’oreillette gauche, celles qu’on estime les plus à risque de faire fibriller. Or, on sait que des foyers de fibrillation peuvent exister ailleurs, dans d’autres régions du coeur, y compris dans l’oreillette droite », détaille le spécialiste niçois en rythmologie.
% d’arrêt de la fibrillation
En s’appuyant sur cette approche standard, aux résultats assez mitigés (50 % de rechuteà18mois), il réussissait avec ses homologues marseillais et des chercheurs de l’université du Michigan (Etats-Unis) àélaborer une procédure plus personnalisée. Comment ? En utilisant non plus les cathéters classiques, maisdes sondes particulières, dite de cartographie, équipées d’électrodes qui enregistrent les signaux électriques intracardiaques. « On obtient ainsi, pour chaque patient, une cartographie très précise des foyers de fibrillation dans les deux oreillettes. Et cette carte va constituer une véritable feuille de route pour notre procédure d’ablation des zones pathologiques. » Les résultats de cette nouvelle procédurepubliéscemoisci dans la plus prestigieuse revue de cardiologie, le « Journal of the American College of Cardiology » sont très enthousiasmants: « 105 patients, à Nice et Marseille ont participé à l’étude. Tous souffraient de FA persistantes, les plus difficiles à traiter; on a obtenu 95 % d’arrêt de la fibrillation lors de la procédure. Mais surtout cette nouvelle technique sur mesure permet de limiter le nombre de lésions provoquées par une ablation classi- que, basée sur des probabilités. » Plus efficace, moins agressive, elle pourrait bien prochainement convaincre les sociétés savantes de revisiter les recommandations concernant la prise en charge de ce trouble du rythme. Au bénéfice de milliers de patients à bout de souffle.