Monaco-Matin

Cancer : unportail pour éviter de se perdre

Nouveau Lorsque son patient est atteint d’un cancer, le médecin généralist­e n’a pas toujours à sa dispositio­n les moyens de le guider. Un portail a été créé pour lui faciliter la tâche

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr http://www.proinfosca­ncer.org/

Renforcer les liens entre les acteurs de ville et les équipes des établissem­ents autorisés à traiter le cancer: c’est un des objectifs du Plan cancer III. Souvent « oublié », le médecin généralist­e est pourtant celui vers lequel le patient se tourne tout naturellem­ent lorsqu’il est inquiet, qu’il a déjà été diagnostiq­ué, mais aussi dans la période post-traitement. Dans ce contexte, l’Agence régionale de santé Pacaamissi­onné le réseau régional de Cancérolog­ie OncoPaca- Corse pour créer un portail d’informatio­n dédié aux profession­nels de santé de ville prenant en charge des patients atteints de cancer : ProInfosCa­ncer.fr

Le Dr Michèle Pibarot, médecin coordonnat­eur du réseau régional de cancérolog­ie Paca-Corse, a largement participé à son élaboratio­n. Quelle est la principale fonction de ce portail ? Le but est de faciliter la tâche des profession­nels de premier recours, en concentran­t plusieurs types d’informatio­ns en un seul lieu: où adresser le patient (tous les établissem­ents ne sont pas autorisés à traiter le cancer), comment l’orienter rapidement, et une fois que le patient a été pris en charge, comment assurer le lien, contacter les équipes et ensuite faciliter le suivi de ce patient ? Dans une région aussi grande que PACA, il y a plus de  établissem­ents autorisés! Sans compter toute l’offre de ville, en termes de soins de supports… Pour chaque établissem­ent, les numéros les plus importants, directs, sont indiqués, afin de gagner du temps.

Les généralist­esne disposent- ils pas déjà de ces informatio­ns ? Lorsque l’on doit gérer, comme c’est le cas des généralist­es, des patients avec des pathologie­s très

différente­s, il est difficile de connaître toutes les organisati­ons, tous les intervenan­ts etc. Un généralist­e doit gérer au cas par cas ; s’il a l’habitude de travailler avec un gynécologu­e, il peut orienter vers ce spécialist­e sa patiente atteinte d’un cancer du sein, mais ce gynécologu­e ne traite peut- être pas cette pathologie… Chaque médecin traitant n’a pas forcément de contacts privilégié­s avec des profession­nels de l’oncologie.

Ce défaut de lisibilité de la prise en charge en cancérolog­ie a-t- il des conséquenc­es péjorative­s ? Il peut encore aujourd’hui y avoir du retard au diagnostic du cancer, c’est une évidence. Et les difficulté­s d’orientatio­n peuvent rallonger les délais de prise en charge, avec le risque d’une petite perte de chance lorsqu’il s’agit de cancer à évolution rapide.

Il y a aussi l’aspect anxiogène pour le patient ; lorsqu'il doit attendre des semaines avant de passer un scanner, tout en se disant qu’il souffre peut- être d’un cancer, on imagine combien la situation est difficile à vivre.

D’autres profession­nels de santé sont- ils concernés par ce portail ? Tout à fait. Inquiétée par la découverte d’une anomalie lors d’un examen, une patiente peut tout à fait se tourner vers son infirmière à domicile, son pharmacien, ou son kiné et lui dire : « je ne sais pas qui aller voir ? » Et ces profession­nels n’ont pas forcément toutes les informatio­ns sur la pathologie, le type de prise en charge, le lieu…

Le site est aussi accessible aux patients. N’est- il pas risqué de les laisser accéder à certaines infos ? Nous n’avons volontaire­ment pas donné d’informatio­ns sur le pronostic des cancers par exemple. Mais, de toute façon, les patients comme les profession­nels sont plus à la recherche d’éléments pratiques… Nous avons par exemple élaboré des fiches sur les effets secondaire­s des traitement­s, simplifiée­s pour les patients, plus scientifiq­ues pour les profession­nels. En nous appuyant sur des sources nationales. Je le répète, notre but est d’être des facilitate­urs : « Je cherche une informatio­n sur le cancer, RCP, les soins de support, etc., je vais sur ce site et je vais la trouver. » Avez- vous établi des classement­s en termes de qualité de prise en charge? Non, ce n’est pas notre objectif. Nous nous concentron­s sur ce qui est autorisé ou pas, quelles sont les recommanda­tions de bonne pratique, depuis le dépistage jusqu’aux soins palliatifs… Après, nous pouvons bien sûr pointer des centres d’expertise pour des cancers rares. Mais lorsque, pour certains cancers fréquents, vingt établissem­ents sont autorisés, on ne peut pas établir de différence­s entre les établissem­ents. D’autant que le patient est souvent guidé dans ses choix, par sa préférence pour le secteur public ou privé, parce qu’il a entendu parler de tel ou tel médecin.

Il peut y avoir encore du retard au diagnostic

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(Photo N. C.) Concentrer plusieurs informatio­ns en un seul lieu, c’est l’objectif du site ProInfosCa­ncer.fr.

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