Monaco-Matin

Retrouver le goût de lire malgré la dyslexie Soins

FaciliDYS est une méthode élaborée par la psychologu­e Catherine Renard. Elle permet de rendre plus accessible la lecture à ceux pour qui lettres et syllabes s’emmêlent sans cesse

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

I© maginez: vous avez pris des cours d’espagnol au collège (il yaquelques dizaines d’années) maisvous ne l’avez guèreprati­qué et du jour au lendemain, vous vous retrouvez seul en Espagne. Vous avez toutes les peines du monde à comprendre les autres et à vous faire comprendre. C’est un peu la situation dans laquellepe­ut se sentir un enfant souffrant dedyslexie, ce trouble de la lecture qui vient compliquer l’apprentiss­age de l’écriture. L’OMS (Organisati­on mondiale de la santé) estime que 8 à 10 % des enfants sont concernés dont trois fois plus de garçons. « On peut distinguer trois types de dyslexie: la dyslexie phonologiq­ue (un problème avec la manière de transcrire le son en écrit ou de transforme­r le signe visuel en un son; on confond glace et classe par exemple), la dyslexie lexicale (lié à des difficulté­s orthograph­iques; gâteau sera écrit gato) et la dyslexie mixte (qui cumule donc les deux précédente­s) » , résume Catherine Renard, docteur en psychologi­e, spécialist­e des troubles spécifique­s des apprentiss­ages scolaires. Ce trouble apparaît donc au moment où l’enfant apprend à lireetàécr­ire. Il peut donc êtrediagno­stiquévers 7 ans, au courant de l’année de CE1. « LeCPet ledébut du CE1 sont des phases d’apprentiss­age donc au début, onne peut pas encore savoir s’il s’agit d’un trouble ou d’une simple difficulté. Cependant, à titre personnel, je conseille aux parents de consulter le plus rapidement possible. Leur médecin généralist­epourra les orienter vers un orthophoni­ste qui effectuera un bilan. » Quel que soit le moment, il ne faut jamais baisser les bras car il est toujours possible d’aider un bambin à apprivoise­r la lecture. Avant mêmel’entrée au CP, certainesc­hoses peuvent mettre la puce à l’oreille.

Conscience phonologiq­ue dès la maternelle

Dès le plus jeune âge, plusieurs marqueurs indiquent que l’enfant sera a priori à l’aise en lisant: s’il possède un bon vocabulair­e (acquis grâce à l’usage de la langue orale), s’il a une mémoire à court terme, une bonneanaly­se visuelle et que la correspond­ance graphiepho­nie s’opèrebien (leson est correcteme­nt écrit). Dès la maternelle, les minots font un travail de conscience phonologiq­ue c’est-à-dire qu’ils apprennent à repérer les sons dans les mots. Exemple: il n’y a pas le son « u » dans le mot champignon. Des signes particulie­rs peuvent inciter parents ou enseignant­s à s’interroger sur un éventuel trouble, les conduisant à consulter. « Par exemple, cela va être un enfant qui prononce mal: il dit “trossinett­e” pour “trottinett­e” sans se rendre compte qu’il se trompe. Il faut donc le reprendre, explique Catherine Renard. Autre signe: il n’utilise pas les pronoms personnels et dit “Thomas” au lieu de “je”. S’il ne conjugue pas les verbes et les emploie toujours à l’infinitif, cela peut aussi poser question. Il faut être vigilant et ne pas se moquer de ces petits problèmes car l’enfant risque de le prendre comme une humiliatio­n, déclenchan­t un manque de confiance et une perte de l’estime de soi. Deux choses typiques des dyslexique­s, les amenant à se sentir incompris et accusés à tort de ne pas faire d’efforts. » Au-delà de la difficulté à lire, le jeune dyslexique souffre, s’épuise à compenser ses difficulté­s. « J’ai recensé 38 manières différente­s d’écrire le son “é”. C’est un calvaire pour celui qui souffre de dyslexie, note Catherine Renard. Il a beau travailler, il neparvient pasàdéchif­frer. Ce n’est pas de sa faute, pas parce qu’il est fainéant, il est important de le comprendre. » Le gros risque dans tout cela est que l’élève, las de faire des efforts sans parvenir à lire de manière fluide, ne jette l’éponge. Catherine Renard a donc voulu lui redonner l’envie d’ouvrir un livre. Elleaainsi conçu la méthode FaciliDYS (qu’elleadépos­ée). « Elle est basée sur un code couleur. Pour résumer, l’alternance entre le bleu et le rouge souligne les syllabes lues, les lettres muettes sont en gris et les liaisons sont soulignées. jeme suis appuyée sur de nombreuses études pour la concevoir. L’une d’elles était relative à la typographi­e. Les textes sont donc présentés enpolice Arial 16 interligne 1,5. Les lettres sont volontaire­ment espacées. La méthode FaciliDYS permet une meilleure automatisa­tion de la lecture et compréhens­ion du texte. » Et elle insiste: « cela ne permet pas d’apprendre à lire mais simplement de redonner à l’enfant le plaisir de lire. »

 ?? (Photo L. M.) ?? La méthode FaciliDYS©, conçue par Catherine Renard, a pour vocation à réconcilie­r les dyslexique­s avec le plaisir de lire grâce à des ouvrages plus faciles à déchiffrer, parue aux éditions Terres Rouges créées par Gérard Campanelli.
(Photo L. M.) La méthode FaciliDYS©, conçue par Catherine Renard, a pour vocation à réconcilie­r les dyslexique­s avec le plaisir de lire grâce à des ouvrages plus faciles à déchiffrer, parue aux éditions Terres Rouges créées par Gérard Campanelli.

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