Monaco-Matin

Les  jours de Jean-Marc

Il y a 40 ans, Jean-Marc Guillou devenait entraîneur-joueur et capitaine de l’OGCN. Une ‘’révolution’’ qui allait tourner court

- par Philippe CAMPS

C’est une histoire qui a quarante ans et qui n’arrivera plus jamais. Aujourd’hui, aucun club de Ligue1nedo­nnerait les clés de l’équipe, la responsabi­lité des entraîneme­nts et le brassard de capitaine à un seul homme. Cette folie douce a existé à l’OGCNice lors de la saison 1976-1977. Pendant 66 jours (du lundi 22 novembre au mercredi 26 janvier), Jean-Marc Guillou a concentré tous les pouvoirs sauf celui de président tenu par Roger Loeuillet. Entraîneur-joueur, il choisissai­t le onze et dessinait le plan de jeu. Certes, il laissait la conduite des séances d’entraîneme­nt à Léon Rossi et multipliai­t les réunions débats avec ses coéquipier­s, mais au final, c’est lui qui décidait, lui qui tranchait. Parfois dans le vif. La preuve : il se titularise­ra en défense centrale, comme libero, poussant Katalinski et sa statue de commandeur dans l’ombre réservée au stoppeur. Ce choix contesté en interne et ailleurs entraî-

nera une crise violente et précipiter­a sa démission du poste de coach. ‘‘L’Olympique Guillou Club de Nice’’ avait vécu. Il fallait un personnage horsnorme pour tenter cette expérience incroyable. Révolution­naire, philosophe et milieu de terrain de classe, Guillou était tout celaet bien plus encore. Il était aussi le

parfait contraire de Vlatko Markovic, son prédécesse­ur, qui avait dit un jour : « Si le public niçois veut voir du spectacle qu’il aille à Marineland ! » . Le spectacle, le jeu, l’audace, l’offensive, les risques, Guillou, lui, adorait ça. Bref, le rigoriste et l’artiste ne parlaient pas le même football. La cassure entre les deux hommes eut

lieu à Barcelone après une défaite (3-1) en Coupe UEFA. L’histoire légendaire du verre tardif pris par quatre joueurs (dont Guillou) après le match n’est qu’une goutte dans un océan d’incompréhe­nsion. Le Yougoslave a longtemps pensé que Guillou était à l’origine de ce ‘‘coup d’état’’. Guillou a toujours plaidé non coupable.

Il nous fallait bien quatre pages pour revenir sur cet épisode extravagan­t qui, commelesho­mmesdecett­e époque, n’est jamais sorti de notre tête. C’était au siècle dernier. Aujourd’hui, Jean-Marc Guillou a 71 ans. Mais il sera toujours ce technicien de génie aux jambes en forme de parenthèse­s et au destin majuscule.

 ??  ?? Le Gym (photo prise en  alors que Jean-Marc Guillou avait démissionn­é de son poste de coach) : Katalinski, Baratelli, Douis, Adams, Zambelli, Bjekovic. Accroupis : Huck, Toko, Sanchez, Guillou, Jouve.
Le Gym (photo prise en  alors que Jean-Marc Guillou avait démissionn­é de son poste de coach) : Katalinski, Baratelli, Douis, Adams, Zambelli, Bjekovic. Accroupis : Huck, Toko, Sanchez, Guillou, Jouve.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco