Monaco-Matin

Deux visions de la gauche àdépartage­r dimanche

Une gauche tout entière tournée vers le progrès social contre une autre plus soucieuse de réalisme, l’ultime débat de la primaire a figé les positions hier soir. Verdict incertain

- THIERRY PRUDHON tprudhon@niccematin.fr

On saura, dimanche, si cela l’a servi ou desservi. S’il a convaincu ou non… Benoît Hamon se sera souvent retrouvé hier soir à l’épicentre du débat, cristallis­ant notamment les fractures de la gauche autour de sa propositio­n de revenu universel. Jean-Luc Bennahmias excepté, ses adversaire­s se sont collective­ment appliqués à démontrer que la mesure serait délicate à financer. Selon un sondage express d’Elabe pour BFM-TV, Benoît Hamon est pourtant celui que les Français, de gauche ou pas, auraient jugé le plus convaincan­t.

L’exemple d’Hakim

L’orthodoxie budgétaire devenue une seconde peau contreunvo­lontarisme social plus rebelle, c’est bien autour de ce clivage que se dénouera la primaire de gauche. Valls, Pinel, de Rugy, Peillon s’inscrivent globalemen­t dans le camp d’une sagesse assumée, l’ancien Premier ministre, droit dans ses bottes, revendiqua­nt d’incarner « une gauche qui reste crédible » . Hamon et Bennahmias dans celui d’unsocialis­me plus bravache, qui englobe aussi Montebourg, forcément, à quelques subtilités près. Le chevalier blanc du Made in France s’est inscrit sur le terrain so- cial en contant l’histoire d’Hakim, qui avait envoyé 380 curriculum vitae en pureperte. « Rebaptisé Stéphane, ilaobtenu deux entretiens au bout de cinq courriers seulement » , at-il expliqué. Fortdecet exemple, Arnaud Montebourg­veut donc imposer des clauses d’embauche pour lutter contre les discrimina­tions. Qu’on le veuille ou non, c’est inévitable­ment à travers le prisme des sondages de la semaine, quand bien mêmeon les sait tellement aléatoires, que s’est regardé cet ultime débat. Le tiercé présumé (dans l’ordreValls, Hamon, Montebourg, ces deux derniers quasimentà­égalité) aura-t-il été chamboulé par cette troisième confrontat­ion ? Sans surprise, Valls a fait du Valls, refusant les diktats de la séduction pour défendre, crânement, un socialisme qui enserre les élans du coeur dans le corset de la raison. Ce positionne­ment qui ne cède rien au glamour – c’est un pari – est déjà tout entier orienté vers la présidenti­elle. Et on aura nettement perçu hier soir que l’ancien Premier ministre s’est construit de solides inimitiés dans sa famille. A commencer par celle du « professeur » Vin- cent Peillon, qui ne lui fera à l’évidence aucun cadeau.

Personnali­tés

Entre Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, les différence­s existent certes, mais elles sont finalement ténues, on le sait depuis un bail. Hormis leur divergence sur le revenu universel (que Montebourg juge aujourd’hui irréaliste après l’avoir soutenu en 2012), le premier est plus européen, le second plus souveraini­ste. Cela posé, les électeurs de gauche risquent fort de les départager au feeling. Tel sera plus sensible à la flamboyanc­e de l’ancien député de Saône-et-Loire. Tel, au contraire, plus rétif à cequi s’apparente chez lui à de l’arrogance, même s’il essaie de l’atténuer, on le sent bien. Tel autre appréciera davantage la sincérité d’éternel étudiant qui perce chez le Finistérie­n Hamon. Tel, à l’inverse, pourra s’inquiéter de son utopie délibérée. Les dés sont presque jetés. La principale inconnue résidant, en définitive, dans la mobilisati­on, dimanche, pour un scrutin dont le futur vainqueur est, pour l’instant, promis à faire de la figuration à la présidenti­elle.

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(Photo AFP) Les sept candidats se sont retrouvés hier soir sur le plateau de France . Les dés sont désormais quasiment jetés avant le premier tour de la primaire, ce dimanche.

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