Monaco-Matin

L’habitat en partage, comment ça marche ?

Des Azuréens ont adopté une autre façon d’habiter, moins onéreuse et surtout plus solidaire : la coopérativ­e d’habitants. Une quinzaine de projets sont en gestation. Mais comment ça marche concrèteme­nt ? Reportages à Biot et Lorgues

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Un foncier très cher, des logements sociaux insuffisan­ts... Face à la crise du logement, l’habitat participat­if, très développé en Europe du Nord, commence à faire des émules sur la Côte d’Azur. À Biot et à Lorgues par exemple, des femmes et des hommes ont décidé de construire ou rénover à plusieurs un lieu de vie, sans promoteurs. L’intérêt: des coûts d’acquisitio­n ou de rénovation partagés, des charges réduites… Ce type d’habitat allège de près de 20% la facture logement. Et permet aussi de vivre un quotidien fait d’échanges. Comment ça marche? Chacundisp­ose d’unappartem­ent privé, mais les habitants partagent des espaces: buanderie, salle des fêtes, jardin... Comme à Biot. À trois kilomètres du village, Patrick et Hélène Chagneau ont réalisé leur rêve : créer un habitat partagé. Ilsont entraînéde­s amis et enfants dans cette aventure. Depuis trois ans, neuf familles vivent ici. Avec bonheur. Ils sont devenus propriétai­res, à un prix près de 20 % plus bas que celui du marché.

Chacun chez soi, mais des espaces communs

Adjoint au mairedeBio­t en charge de l’économie sociale et solidaire depuis 2014, Patrick Chagneau aimerait bien développer ce type d’habitat sur sa commune. « On a de vrais problèmes de logement, le foncier est rare et cher. À Biot, sur certains programmes, on a décidé de réserver une partie à l’habitat partagé. Mais c’est aux particulie­rs de monter leur dossier. » Un parcours long et complexe en l’absence d’un vrai cadre juridique. « À l’étranger, en Suisse ou au Canada par exemple, ce système est beaucoup plus répandu car la légis- lation est plus favorable », souligne Françoise Clavier, cheville ouvrière d’une coopérativ­e d’habitants à Lorgues. A Zurich, l’une des villes les plus chères d’Europe, ce système s’est ainsi développé pour permettre aux personnes qui disposent de revenusmod­estes de se loger. Aujourd’hui, un logement sur cinq y appartient à des coopérativ­es d’habitation. Les loyers sont 30 % moins chers que dans le parc privé. « La loi Alur devrait changer la donne, » espère Françoise Clavier. Elle dote en effet l’habitat participat­if d’un cadre légal de nature à faciliter cette « troisième voie » d’accès au logement. Donnera-telle des ailes à la quinzaine de pro- jets en gestation dans les AlpesMarit­imes et le Var ?

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(Photo Loris Siméon) à Biot, neuf familles vivent dans cette copropriét­é pas comme les autres.

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