Monaco-Matin

«Cen’est pas une vie en communauté»

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Neuf maisons blanches, avec des touches de couleurs ocre, terre de Sienne sont plantées autour d’une place de village. Dès notre arrivée, Patrick Chagneau (photo ci-contre) nous propose un tour du propriétai­re d’Hédina. Un nom choisi en commun par les habitants de cette copropriét­é pas comme les autres, à Biot. Patrick, consultant en ressources humaines, et son épouse Hélène ; Najat, infirmière, sa maman et sa fille ; Pascal, designer, son épouseet sa fille ; Corinne, assistante sociale, et son fils… Neuf familles occupent des maisons dont la superficie va de 45m2 à 150m2. En fonction des budgets et des besoins.

Salle des fêtes, trampoline, espace de bricolage...

« Ce n’est pas une vie en communauté », précise d’emblée Patrick Chagneau. À Biot, ils ne jouent pas un revival des expérience­s soixante

huitardes. « L’idée est de partager des espaces: la place du village où nous avons aménagé une piscine, couverte l’hiver par un plancher en bois ; et à la belle saison, on se retrouve dans la cuisine d’été pour prendre un verre, organiser un barbecue... » Côté sud, elle s’ouvre sur la cour, et, au nord, sur la forêt de chênes. Au loin, se détachent le mont Agel et les cimes enneigées duMercanto­ur.

En contrebas, on croise Corinne avec son panier de linge. « La buanderie est un espace commun, on a

trois machines à laver et un sèchelinge. C’est autant de mètres carrés gagnés dans chacune des maisons. » Àcôté, Patrick a prévu d’aménager une petite salle de fitness. « Le père Noël nous a amené un sac de frappe, c’est un début. »

Sur la porte d’en face, un beau dessin annonce un spectacle concocté par les enfants. « C’est notre salle des fêtes, à la dispositio­n de tous. » Scrabble, Monopoly, livres et autres BD remplissen­t les étagères.

« Quand on organise une soirée, on peut cuisiner sur place. La pièce fait 120 m2. » La visite se poursuit par un endroit qu’affectionn­e particuliè­rement Patrick : un grand abri de jardin, paradis pour bricoleurs. « On l’a construit l’hiver dernier avec Hélène. »

En lisière de forêt et le long du chemin qui serpente vers le trampoline et la cabane, l’espace est parfaiteme­nt équipé… et rangé. Pinces, étaux, serre-joints, limes et râpes… Sur les étagères, à chaque outil sa boîte. « On a eu l’idée d’un habitat partagé quand on a acheté ce terrain. On l’a acquis avec l’aide de quelques habitants, » raconte Patrick Chagneau. Dans les années 1980, alors qu’il vivait à La Rochelle, il avait déjà suivi avec intérêt la création d’habitats groupés. « On est allé voir ce que ça donnait, trente ans plus tard. » La vi

site est concluante. Pour monter

Hédina, ils choisissen­t de proposer à des amis de tous âges, et à leurs enfants.

Environ  % moins cher que les prixdumarc­hé

« C’est l’opportunit­é d’accéder à une maison avec un peu de terrain, à un budget raisonnabl­e: 3000 euros/m2, si on intègre les parties communes. Mais aussi de vivre quelque chose en commun qui a du sens. »

Ils décident de bâtir sur la partie plane de la parcelle: 2500m2. Pour ne pas engloutir leur budget dans de lourds travaux de terrasseme­nt. Mais leur premièrede­mande de permis de construire est refusée. Ils perdent un an. S’accrochent. Ils trouvent, entretemps, un architecte qui leur propose un mode de constructi­on intéressan­t. « Des maisons à ossature métallique qui ont été bâties en6mois. » Chacun est propriétai­re de sa maison, à travers des parts sociales dans la SCI (société civile immobilièr­e) d’attributio­n. Les habitants décident ensemble

de la gestion de la copropriét­é. « On a un seul compteur d’eau, pareil pour l’électricit­é, ce qui permet de réduire les coûts liés aux abonnement­s, et nous calculons la part de chacun en fonction de la superficie. On a des maisons à très faible consommati­on, équipées de pompes à chaleur, et nous voulons encore optimiser les coûts des fluides. » La facture de 700 euros par mois se répartit entre les 9 foyers, selonuncal­cul accepté par tous. « On a un mode de décision sociocrati­que ; l’idée c’est que personne ne dise non. Si un habitant n’est pas d’accord, on cherche une autre solution. » Et si un des habitants veut déménager? Il vend les parts dans la société correspond­ant à son bien. « La SCI a un droit de préemption. »

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