Monaco-Matin

Le boom de l’art chinois

L’art chinois connaît un véritable essor en France depuis quelques années. Le point sur ce marché prisé avec Me Yves Wetterwald, commissair­e-priseur de l’Hôtel des Ventes Nice Riviera et spécialist­e en art asiatique.

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Depuis quand le marché de l’art chinois se développe-t-il en France ?

Depuis une dizaine d’années. C’est un marché assez étroit étant donné qu’il est tenu exclusivem­ent par des Chinois, du continent ou de HongKong. Ilsrachète­nt leur patrimoine, des objets en provenance de Chine ou du Tibet uniquement. Un beau bouddha chinois peut ainsi atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros aux enchères, tandis que son équivalent laotien fera 3000 euros. Quand j’aicommencé à travailler en 1986, ce marché n’intéressai­t personne, à part les gros collection­neurs, et aucune pièce n’atteignait de tels prix.

Comment ce marché a-t-il évolué en dix ans ?

Il y a quelques années, on vendait facilement toutes sortes de pièces. Il y a deux ans parexemple, nous avons vendu des boucles de ceintureen jade pour4000 euros pièce environ. Aujourd’hui, elles vaudraient peut-être 600 euros. Désormais les acheteurs sont beaucoup plus pointus et ce sont les grosses pièces qui font des prix, les bronzes surtout, avec leur dorure d’origine. Côté mobilier, les pièces en Huali, un bois précieux et rareutilis­é pour lesmaisons impériales, sont très recher- chées. Beaucoupde­peintres chinois des années 50 crèvent aussi des plafonds.

Les acheteurs chinois n’hésitent pas à dépenser des sommes folles pour acquérir certaines pièces…

Quand ils veulent quelque chose, les acheteurs chinois y mettent le prix sans rapport avec l’estimation. En 2016, nous avons vendu un bouddha en bronze doré de la période Kangxi (XVIIIesièc­le). Onpensait, avec notreexper­t d’art chinois Pierre Ansas, qu’il atteindrai­t les 100.000 euros et nous l’avons finalement adjugé pour 600.000 euros frais compris. C’est un milliardai­re chinois Important sujet en bronze doré représenta­nt Manjusri - Chine, période Kangxi, XVIIIe siècle H : , cm - Poids :   gr Adjugé à . d’euros. ©Hôtel des Ventes Nice Riviera Important sujet en bronze doré représenta­nt Yaowang Guanyin, ou Guanyin de médecine - Chine, période Ming, fin XVIe-XVIIe siècle H :  cm - Larg.  cm Prof.  cm Poids : , kg Adjugé à . d’euros ©Hôtel des Ventes Nice Riviera de Hong Kong qui l’a acheté. Autre exemple, un sceau impérial en stéatite rouge datant del’empereur Qianlong (XVIIIe siècle), qui valait à l’époque environ25.000 euros est parti aux alentours de 4 millions d’euros à Toulouse.

D’où proviennen­t ces différents objets ?

Ces piècessont souvent d’origine impériale. Elles proviennen­t notamment du sac de l’ancien Palais d’Été au XIXe siècle par les Français et les Anglais. Aujourd’hui, des descendant­s de militaires et d’officiers de marine se retrouvent avec des cachets impériaux chez eux. Quand ça arrive sur le marché, cela fait des coûts élevés.

Beaucoup de personnes doivent ignorer posséder de tels objets…

Des tas de gens possèdent des objets de valeur chez eux mais ne le savent pasdutout. La personne qui m’a apporté le bouddha de la période Kangxi n’avait aucune idée de son prix. Je me souviens aussi d’unedame qui m’avait demandé d’expertiser ses objets chinois. Sur un mur chez elle, j’ai remarqué une très belle encre. Elle pensait que c’était l’oeuvre d’un artiste japonais. C’était un Zao Wou-Ki. Nous l’avons vendu dans les 90.000 euros. Certains tableaux de Zao Wou-Ki, comme ses « Nuits », valent aujourd’hui plus d’un million d’euros, alors que dans les années 70 vous achetiez cela pour rien.

A quel moment de l’année se déroulent les ventes d’art asiatique ?

Les ventes pour les arts asiatiques se déroulent deux fois par an, avant Noël et au mois de juin, durant quinze jours. En France, les ventes importante­s sont organisées sur Toulouse, la Côte d’Azur et Paris. PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENCE GUIDICELLI

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