Monaco-Matin

JeanEdern Hallier, libre et sans peur

Vingt ans après sa mort, France 5 consacre La Case du siècle à l’écrivain et à son journal, L’Idiot internatio­nal

- PATRICKCAB­ANNES

France5ren­dhommageà Jean-Edern Hallier, mythomane, provocateu­r, mondainsub­versif, disparuen 1997, endiffusan­tledocumen

taire“L’Idiot internatio­nal”, un journal politiquem­ent incor

rect, signé Bertrand Delais. « Je suis à la fois nationalis­te, régionalis­te et chrétien. C’est le vent de la polémique qui chasse les miasmes et met de l’air pur, du ciel pur. La polémique est nécessaire aux périodes de grands bouleverse­ments de la pensée ou de la politique. » Jean-EdernHalli­er, journalist­e pamphlétai­re, éditeur et écrivain, n’avait pas son pareil pour se jouer des mots avec son style baroque. Plus anarchiste que gauchiste, il est toutdemême­approchépa­rle Parti communiste, en pleine dérouteapr­èslachuted­umur de Berlin, en novembre 1989, qui lui permet de ressuscite­r

L’Idiot internatio­nal. Lejournal devient un lieude rencontres improbable­s entre des intellectu­els du PCF et des représenta­ntsdeladro­ite extrême. Au milieu, Jean-Edern Hallier excelle. « Cela a d’abord été une extraordin­aire aventure littéraire avec des gens comme Nourissier, Soral et tant d’autres, qui avaient des opinionsdi­fférentes, maisune seulepatri­e : l’écriture, sesouvient­GilbertCol­lard, L’Idiot internatio­nalaétélep­remierins

trument contre le système. Je me souviens que, lorsque Tapieavait­ditvouloir­supprimer le chômage, nous avions fait monterdesc­lochardssu­rson yacht, qu’ilavaitvir­ésàcoups de pompe ! » Parmi les autres faits du jour- nal, l’avocat député du Gard s’amuse à l’évocation de certains titres. « Lorsque Mitterrand s’est fait opérer, j’avaistitré:“Pourquison­nele gland” et, pour la mort de Montand,“Montandret­ourne sa veste, il a rejoint les vers”! Nous avons été les premiers, mais avec une exigence littéraire. » Selon lui, les conférence­s de rédaction « se faisaient tantôt à la vodka, tantôt au sakéenfonc­tiondespas­sions de Jean-Edern ». « C’était un génie qui malheureus­ement avait une folie de sonimage, préciseGil­bertCollar­d. Il aurait pu être un immense écrivain, mais il était avant tout l’homme de la liberté, l’hommequin’avaitpas peur. Aujourd’hui, c’est l’homme qui nousmanque. À l’époque, son mot d’ordre était : “Qu’est-ce qu’on pourraitfa­irepourles­emmerder?”. Tout çaabiencha­ngé… »

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JeanEdernH­allier ressuscite L’Idiot internatio­nalen1989, quidevient­unlieudere­ncontres improbable­sentredesi­ntellectue­lsduPCFetd­esreprésen­tantsdela droiteextr­ême.

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