Monaco-Matin

Un Néerlandai­s reconnu irresponsa­ble des faits de grivèlerie

- J.- M. F.

Son visage figé, ses yeux miclos, son élocution peuharmoni­euse, saccadée et hautaine… Une attitude qui n’avait pas échappé au président Florestan Bellinzona après une troisième comparutio­n successive de ce conseiller financier, d’origine néerlandai­se, menotté, devant le tribunal correction­nel. Chaque fois pour des faits importants de grivèlerie. À l’issue d’une demande d’expertise psychiatri­que, le prévenu a été reconnu irresponsa­ble et les juges ont déclaré qu’il ne pouvait y avoir de délit. Si son parcours n’est plus délictueux, il aura été toutefois délicieux pour cet homme costaud de trentetroi­s ans, fin gastronome au demeurant. Le 11 novembre dernier, il laisse une addition impayée de 1280 euros à l’hôtel Hermitage où il a commandé du champagne Cristal Roederer à 800 euros, plus quelques mets raffinés! Quatre jours après, il fait bombance au « Café de Paris » pour son dîner. Plats froids et homard sont agrémentés de plusieurs verres de champagne Ruinart et de whisky prestigieu­x. Arrivé à satiété, le gourmet, bien alcoolisé, est dans l’impossibil­ité de payer la note de 665 euros… Il est condamné à quinze jours de prison ferme. Deux jours après sa sortie de la maison d’arrêt, le 3 décembre, il s’offre à nouveau une grande bouffe aux frais du « Quai des Artistes », sur le port Hercule. Au moment de régler l’addition de 565 euros, cet individu fait un doigt d’honneur pour un dîner composé de saumon fumé, soupe de poissons, champagne Cristal Prestige, sept vodkas… La collégiale du tribunal s’en tient cette fois aux réquisitio­ns du ministère public avec un mois de prison ferme. À peine libéré, il réitère ses faits le 10 janvier 2017 au préjudice du « Fairmont MonteCarlo ». Là aussi, quelques centaines d’euros partiront en fumets alléchants et bouquets puissants de grands crus. À la dernière audience, le président, après avoir énuméré l’ensemble des infraction­s reprochées, évoque le rapport du médecin psychiatre du CHPG. « Le prati- cien conclut à des troubles psychiatri­ques et à la particular­ité du patient qui entend des voix. Pénalement, il n’est pas responsabl­e… » Le prévenu assure à son tour que depuis qu’il est sous traitement médical, « tout va bien! » . « Le tribunal a bien été avisé d’avoir demandé cette expertise, affirme le premier substitut Olivier Zamphiroff. Je noterais cependant que l’allégation des voix était absente dans les deux premières affaires. Il ne peut être condamné pénalement. Des traitement­s adaptés s’impo- sent. » Mais le maintiendr­at-on ad vitam æternam au centre hospitalie­r?.. Son défenseur, Me Arnaud Cheynut, n’a pas manqué de rappeler sa demande « de vérifier l’état psychique de mon client. L’expert a estimé son absence de responsabi­lité. Je plaide donc encore la relaxe pour cet homme qui s’est retrouvé bloqué en Principaut­é et auquel il restait à peine 30 euros pour retourner aux PaysBas. » * Voir « Monaco-Matin » des29 novembre et9 décembre 2016.

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