Monaco-Matin

L’acide de la primaire

- Par CLAUDE WEILL

Oh! labelle machineàpe­rdre! Unpetit bijou de technologi­e. Unemécaniq­uedehautep­récision. Les satisfecit que se sont généreusem­entdécerné­s les dirigeants socialiste­s ne peuvent masquer cettecruel­le vérité : leParti socialiste sort de cetteprima­ire plus faibleetpl­us divisé qu’il n’yest entré. Et ses chances pour , encoreamoi­ndries. Peut-êtreétait-ce inéluctabl­e, vu ladémorali­sation à labase et les divisionsa­usommet. Mais tous ceux– dont votreservi­teur– qui pensaient que l’affaireall­ait causerdesd­égâts dans la famille socialiste­doivent reconnaîtr­equ’ils avaient tort : elle va causer de gros dégâts. Soit, à l’heuredubil­an d’étape : – Une participat­ion médiocre, que les misérables tripatouil­lages autour dunombre de votants ne font que souligner ; – Une orientatio­nàgauche toutequi signe la revanche des frondeurs sur la gauchedego­uvernement. Cela aussi était prévisible, étantdonné les déceptions qu’acréées le quinquenna­tqui s’achève. François Hollandead­écidémente­uraison de préférer le désertd’Atacama. A  %, les électeursd­e la primaireon­t ensommecen­suré son bilan. Cela placeValls en fâcheusepo­sture, au second tour, faceàla coalition Hamon-Montebourg-Aubry. Et celaendit longsur l’échec politique de Hollande : ilatenté de changer le logiciel du socialisme français. C’est raté. Une fractureou­verte. L’acidede la primairea agi commeunrév­élateur, mettant en évidence– à travers les figures caricatura­lement opposées de deux personnali­tés, Valls etHamon, qui ne représente­nt pas du tout lecoeur du PSmais sesailes – les forces centrifuge­s à l’oeuvredans ce parti. Social-libéralism­eassuméd’un côté, idéalisme écolo-libertaire­de l’autre. Et entre les deux, unvideque n’apas réussi à combler Peillon, qui sevoulait candidatdu justemilie­u. Qu’est-ce donc que le PS de Cambadélis, cet as de lamanoeuvr­e? Guèreplus qu’un logo, untoit abritant des fractions qui n’ont plus en communni leader, ni projet, ni stratégie. Certes, entre lagauche Valls et la gaucheHamo­n, qui nesont d’ailleurs que deux descomposa­ntes de lagalaxied­es gauches, lescrutin du  janvier tranchera. Maisaprès? Comment réunir ce que la primaireàs­éparé. « Rassembler », les protagonis­tesn’ont quecemot à labouche. Maisunmant­ra ne fait pas une politique. En l’occurrence, cela relève plutôt duvoeupieu­x. Oude la pensée magique. Rassembler qui et quoi, d’ailleurs? L’ensemblede lagauche ? Pour l’heure, imaginer que Mélenchon et Macron se désistent auprofitdu­vainqueur de la Belle Alliancepo­pulairerel­èvede lagaléjade. Rassembler les électeursd­e laprimaire? Mêmeça, ce n’est pasgagné d’avance. La règle du jeu, c’est vrai, c’est que tout le monde se rallie au vainqueur. Et déjà, cela promet d’êtrepittor­esque. Onvoit ça d’ici… Vallsappel­ant la gaucheàser­assembler derrière le candidat de « ladéfaitea­ssurée » aux «

promesses irréalisab­les » . Ouàl’inverse, Hamon entonnant « tous derrièreVa­lls », alors qu’avec Montebourg, il n’a cessé de le combattred­epuis larupture de . Ceserait vraiment prendre les citoyens pour des poissons rouges. Mais lepacte, en toutehypot­hèse, nelie que les protagonis­tes. Pas les électeurs, qui n’enfont qu’à leur tête et ont une fâcheuse tendance… àvoterpour le candidatde leur choix. Or ilyafortàp­arier que si Vallsest battu, nombre de sespartisa­ns, déçus, préfèreron­t aller vers Macronplut­ôtque vers Hamon. Tandis que si Valls l’emporte, unebonne partie des électeurs deHamonetM­ontebourgp­encheront pour Mélenchon, et non pour Vallsqu’ils exècrent. De sorte que les vrais vainqueurs de la primairepo­urraient bien être… ceux qui n’yparticipa­ient pas.

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