Une série de conférences pour inciter au dialogue
Le campus de Sciences Po Menton organise le 4 février une journée de débat sur le thème « Oser savoir ». À la manoeuvre, 13 étudiants sensibilisés à la fracture Europe/Moyen Orient
TEDx: de l’américain « TED » (Technology, Entertainment, Design). Sedit d’une série de conférences, qui, à la manière du TED en question, créé il y a une trentaine d’années en Californie, rassemble des experts dans leur domaine qui souhaitent partager leurs idées avec le reste dumonde. Le « x » signifiant que l’événement proposéseveut indépendant, mais dans le plus pur respect des règlesoriginellement édictées. Parmi lesquelles un temps de parole limité à 18minutes. Et une absence de notes sur lesquelles s’appuyer. Après Cannes, Monaco, Marseille, c’est ainsi au tour de Menton de s’essayer à l’exercice, le 4 février prochain. Avec, au coeur de l’organisation, de jeunesélèvesdeSciences Po. Embarqués dans l’aventure depuis novembre 2015.
« Écouter, avoir envie d’en savoir plus »
À l’origine du projet, Benjamin Music, un étudiant autrichien ayant participé à unTEDx au Costa Rica lors de ses années de lycée. « Mon père est un musulman originaire de Bosnie, mamère est catholique. J’ai été habitué dès le plus jeune âge au dialogue entre les cultures » , justifie-t-il. Expliquant avoir constitué une équipe internationale pour l’épauler dans son défi. Maroc, Tunisie, Autriche, Australie, ÉtatsUnis, France et Turquie, nombreux sont les pays à être représentés. « Nous sommes tous préoccupés par le monde d’aujourd’hui. Tous conscients que l’islam n’est pas ce que les personnes radicales diffusent », explique le responsable. Qui souhaite avant tout parvenir à trouver un dialogue entre l’Europe et le
Moyen Orient. Territoire dont le campus mentonnais de Sciences Po a fait sa spécialité. « Pour régler les problèmes, il faut pouvoir écouter et avoir envie d’en savoir plus. En Europe, beaucoupde personnes ferment les yeux ou prétendent en savoir plus que les autres. » embraie Benjamin Music, soucieux de faire disparaître la tendance au jugement hâtif. Et c’est bien dans cette optique que seize « orateurs » se relaieront face au public. Dissertant en anglais pour la plupart, maisaussi en français et en arabe. Chacun des discours bénéficiant d’une traduction pour qui ne connaîtrait pas la langue parlée. Parmi les invités, Abdelrah-
man Mansour, qui a « initié la révolution sociale » en Égypte, Philippe Bertrand, engagé dans un combat pour « améliorer l’empathie » , l’humoriste syrienMahmoud Bitar. OuencoreRoberto Mignone, des Nations unies. « Si une urgence ne le retient pas à l’ONU, il parlera des réfugiés, des personnes déplacées en Colombie. Il est la preuve que l’on ne focalise pas seulement sur le Moyen Orient. », développe BenjaminMusic. Qui préciseavoir voulumélanger les âges. Donner la paroleàdes moins avertis. « Je suis d’avis que les idées sont dans la jeunesse. Avec sa créativité, ses ressources, sa maîtrise d’internet. Les gens viennent souvent pour un nom
connu mais le discours d’inconnus pourrait les étonner » . De là vient aussi l’envie de rendre les conférences accessiblesàdes gens ordinaires. « On ne s’adresse pas aux personnes qui connaissent déjà tout sur tout, résume l’étudiant. Notre université manque parfois de connexion avec la communauté mentonnaise. C’est aussi l’occasion de créer un dialogue avec elle. » D’autant qu’à ses yeux, laville contribue ausuccès prévisible de l’événement. Pour le campus de Sciences Po qui s’y est implanté, évidemment, mais également pour l’existence, sur place, de personnes curieuses d’en apprendre. Pour l’actualité générée par la frontière, aussi.
« Il s’agit d’un projet étudiant plus gros que lanormale, reconnaîtBenjaminMusic. Il a fallu convaincre le campus de l’importance de cet événement. De l’impact émotionnel, inspiratif et culturel qu’il peut représenter. » D’autant qu’une exposition photos et diverses surprises viendront s’ajouter au programme. Oser savoir… et s’amuser.