Listenoirede médicaments : le point de vue d’un spécialiste
Sans gravité, cette inflammation nasale altère néanmoins sévèrement la qualité de vie. Il est désormais possible de la traiter avec un seul médicament
Longtemps peu considérée, du fait de son caractère bénin, la rhinite allergique est en passe de prendre sa revanche. Tout un symposium lui est ainsi consacré lors des 19es Assises d’ORL, grandmesse annuelle de la spécialité, qui se tiennent depuis deux joursàNice. À l’origine de cet intérêt nouveau, le lancement en France d’un médicament qui pourrait considérablement soulager les patients. Et les enjeuxà la fois médicaux et économiques sont majeurs. « On a probablement sous-estimé l’impact de cette affection chronique, reconnaît le Pr Laurent Castillo, co-organisateur de ces assises. Aujourd’hui, on prend conscience de son influencemajeure sur la qualité de vie des millions de patients concernés. Les symptômes: nez bouché, écoulement nasal, sécheresse oculaire, éternuements… altèrent sévèrement la qualité du sommeil, génèrent de la fatigue, voire de l’épuisement pour les formes modérées à sévères. »
Impact social, économique et psychologique
La rhinite allergique serait ainsi responsable de sept millions de jours d’arrêt de travail et coûterait plus de 1,5milliard d’euros à la collectivité, si on inclut la consommation de soins. Sans constituer une révolution, ce nouveau médicament devrait améliorer nettement la qualité de vie des patients. « Son originalité ne réside pas dans sa composition; les principes actifs, un antihistaminique et un corticoïde, font déjà partie du traitement. Mais, jusqu’à présent, les patients avalaient un antihistaminique, puis utilisaient un corticoïde par voie inhalée, avec une efficacité modérée et surtout des résultats peu satisfaisants. Le Dymista, c’est son nom, est le premier médicament qui associe les deux principes actifs, permettant de contrôler l’affection avec un seul traitement » , se réjouit le spécialiste. Administré par voie inhalée, il serait mieux toléré, et produirait des résultatsplus rapides, facilitant la prise en charge de ce trouble en progression constante. Une progression dont la pollution est en grande partie responsable, même si, comme c’est souvent lecas, le terrain individuel est aussi déterminant. « On sait en effet que cette affection correspond à une réaction anormalement élevée à l’environnement. »
Non remboursé
Déjà sur lemarché européen, le Dymista attendait d’obtenir son remboursement pour pénétrer le marché français. Ce qu’il n’a pas obtenu, les instances sanitaires estimant ses avantages insuffisants par rapport aux traitements existants, contredisant ainsi les experts. Aux patients donc de trancher, mais ils devront, pour cela, mettre la main au portefeuille; désormais disponible dans les officines, le Dymista n’est pas remboursé 1. Compter entre 23 et 33 euros en moyenne le flacon de 25 ml, soit environ 120 doses.