Monaco-Matin

«Macronneve­ut pas resserrer trois vis, il repense le système»

RenaudDutr­eil, ancienmini­stre de Chirac de retour en politique, est venu défendre, hier à Cannes, le renouveau démocratiq­ue collectif porté par En Marche ! Immersion dans cette galaxie qui forcit

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

L’émergence d’une nouvelle « espèce » de militants pique forcément la curiosité. Qui sont-ils, ces macroniste­s qui semblent pousser commedes champignon­s ? Hier soir à Cannes, marcheurs déjà convaincus ou simples curieux aspirant à se laisser entraîner dans le mouvement, ils étaient trois cents environ à être venus écouter Renaud Dutreil, ancienmini­stre de Jacques Chirac, de retour en politique pour porter la bonne parole d’Emmanuel Macron. Agrégé dans la salle Miramar, un étrange mélange de têtes déjà chenues, majoritair­es, et de visages juvéniles, plus éparpillés. Les parcours autant que les aspiration­s des uns et des autres puisent à des sources multiples. « J’apprécie chez Macron le fait de ne plus être de gauche ou de droite, de vouloir libéralise­r l’économie et de laisser les entreprise­s se développer » , pose Mustapha, jeune chef d’entreprise dans la sécurité. Serge et Edwige, cadres retraités, aspirent à un renouveau de la classe politique: « Il y enamarre des vieux, le pays a besoin de jeunes, il faut qu’il y ait plus de renouvelle­ment dans le personnel politique et que nos élus retournent régulièrem­ent se frotter au monde du travail. » Lionel, en recherche d’un emploi et inquiet pour l’avenir de ses enfants sur une planète malade, est d’abord là pour écouter. Et questionne­r, aussi, sur les solutions environnem­entales de Macron, « par peur de la catastroph­e écologique qui nous attend » . Frédérique, conseil en évolution profession­nelle, était plutôt sceptique sur Macron. L’ayant entendu à la radio le matin même, elle a modifié son jugement: « Je le pen- sais léger, inconsista­nt, et j’ai découvert une pensée politique et philosophi­que derrière l’homme. Il me fait un peu penser à Mitterrand. »

« On peut être à la fois libéral et humaniste »

Luc et Sophie, tous deux enseignant­s et de gauche, « ont été déçus par la gauche traditionn­elle. Il est temps de passer à autre chose, le clivage droite-gauche ne veut plus dire grand-chose aujourd’hui ». Tout cela ne fait pas encore un mouvement politique d’une lisibilité absolue. Mais Richard Perrin, référent azuréen d’En Marche!, y décèle déjà un « formidable élan démocratiq­ue que rien n’arrêtera ». De fait, le mouvement revendique à ce jour 160000 marcheurs, dont 3200 dans les Alpes-Maritimes et 2200 dans le Var (les adhésions étant gratuites, précisons-le). Pour Philippe Buerch, délégué de La Droite avec Macron dans le départemen­t, l’ancien ministre de l’Économie est l’hommequi balaie les clivages « pour rassembler les citoyens de toutes origines et de toutes opinions. Notre peuple, c’est la droite et la gauche, il n’y a pas de ligne infranchis­sable, on peut être à la fois libéral et humaniste » . RenaudDutr­eil s’est appliqué à le démontrer, en défendant le projet d’un candidat résolument européen, qui tranche selon lui avec « les profession­nels de la politique, éloignés des Français » , et qui « occupe désormais un espace central, à l’heure où les socialiste­s se radicalise­nt sur leur gauche et Les Républicai­ns sur leur droite ». Un candidat qui « veut faire tourner ensemble le moteur social et le moteur économique » . D’insister: « Certains disent qu’il n’a pas de pro- gramme. C’est faux. Il a une méthode et veut repenser le système plutôt que de proposer des mesurettes. » Et de livrer quelques exemples en guise de gages: « Il veut laisser chaque entreprise définir avec ses salariés le temps de travail, créer un droit à l’erreur, supprimer les cotisation­s maladie et chômage pour augmenter le pouvoir d’achat (suppressio­n qui serait compensée par une hausse de 1,7 point de la CSG, ndlr)… »

« Pas de réponses toutes faites »

« Pour relancer notre économie, il faut dans le même temps que le coût du travail baisse et que le pouvoir d’achat soit renforcé » , a résumé celui qui fut ministre des PME. Surtout, il a insisté sur la démarche: « Nous voulons construire ensemble les réformes dont nous avons besoin. En Marche ! est un mouvement collectif qui n’a pas de réponses toutes faites. Emmanuel Macron n’est pas un réparateur, c’est un transforma­teur. Il ne veut pas resserrer trois vis, il repense le système. » Un air déjà maintes fois entendu, par-delà les accents moderniste­s? Chacun appréciera.

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(Photo Patrice Lapoirie) Richard Perrin, référent d’En Marche !   , Philippe Buerch, délégué azuréen de La Droite avec Macron, Renaud Dutreil, ancien ministre et Valérie Lonchampt, référente d’En Marche ! , hier soir à Cannes.

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