May aux USA : le retour de l’axe anglo-américain
La Première ministre britannique a été reçue, hier, par Donald Trump. Objectif: renforcer les liens en posant les jalons d’un accord commercial pour l’après-Brexit
Le président américain Donald Trump a accueilli, hier à la-Maison-Blanche la Premièreministre britannique Theresa May pour sa première rencontre avec un dirigeant étranger depuis sa prise de fonction il y a une semaine. M. Trump, qui a personnellement accueilli Mme May, toute de rouge vêtue, à sa descente de voiture, avait affiché, quelques jours avant sa prestation de serment sa volonté de conclure « rapidement » un accord commercial avec le Royaume-Uni, qui négocie les conditions de sa sortie de l’Union européenne. Les deux dirigeants, qui se sont serrés main devant un buste de Winston Churchill dans le Bureau ovale avant d’entamer leur tête à tête, devaient s’exprimer lors d’une conférence de presse commune prévue en début de soirée. « C’est un grand honneur d’être ici », a déclaré-Mme May qui sait que ses faits et gestes seront scrutés à la loupe par les alliés des Etats-Unis qui s’interrogent sur l’attitude à adopter face au nouveau président américain dont les orientations diplomatiques sont entourées d’un grand flou. Comme l’a montré l’entrée en matière, tendue et chaotique, de l’ad- ministration Trump avec le voisin mexicain autour du projet d’un mur à la frontière, la diplomatie américaine entre dans une ère nettement plus imprévisible.
Trump, un « défi » pour l’Europe selon Hollande
Les européens en particulier sont clairement méfiants vis-à-vis de celui qui a vu dans le Brexit une nouvelle « fantastique ». L’administration Trump est un « défi » pour l’UE a lancé le président français François Hollande, quelques heures avant l’arrivée de Theresa May à la Maison-Blanche. « Parfois, les contraires s’atti- rent » , a confié, dans une étonnante formule, Theresa May, fille de pasteur réservée, évoquant sa future rencontre avec l’exubérant et imprévisible septuagénaire. Sa décision de se rendre à Washington une semaine après la prestation de serment du magnat de l’immobilier a suscité une controverse au Royaume-Uni où les propos de ce dernier sur les musulmans, les femmes ou encore l’usage de la torture ont du mal à passer. Le Royaume-Uni espère que les discussions sur un futur accord commercial avec Washington démarrent rapidement mais sa marge de manoeuvre reste limitée tant que le divorce avec l’Union européenne n’est pas prononcé.
Mise en garde sur Poutine
« Je n’ai pas encore de secrétaire au Commerce », a par ailleurs souligné jeudi Donald Trump dénonçant l’obstructionde ses adversaires démocrates qui retardent la confirmation par le Sénat de son candidat, Wilbur Ross. « Ils veulent parler échanges, alors je m’en occuperai moi- même, ce n’est pas un problème » , a-t-il ajouté, amusé. A la veille de son tête-à-tête avec l’ex-homme d’affaires novice en politique, Mme May a profité d’un discours devant les élus républicains rassemblés à Philadelphie pour poser quelquesbalises. Notamment sur la Russie de Vladimir Poutine, pour lequel Donald Trump ne cache pas une forme d’admiration, que Theresa May a été la plus explicite. « Quand on parle de la Russie, il est sage comme souvent de prendre exemple sur Reagan qui, dans ses négociations avec son homologue russe d’alors Mikhaïl Gorbatchev, avait l’habitude de suivre cet adage «faites confiance, mais vérifiez»». «Avec Poutine, mon conseil c’est «coopérez, mais prenez garde»», at-elle ajouté.