Saturnisme: attention aux logements anciens ! Soins
On n’en parle plus beaucoup. Pourtant, cette maladie due à une intoxication au plomb fait encore de jeunes victimes, en raison notamment d’un habitat dégradé
Les immeubles anciens, les appartements datant d’avant le milieu des années 1970 peuvent être potentiellement des lieux où subsistent des traces de plomb: dans les peintures, les tuyauteries… Si l’utilisation de ce métal à cet effet n’a plus cours, il n’a pour autant pas complètement disparu de notre environnement proche. Or on sait qu’il peut engendrer le saturnisme, une intoxication auplomb, qui peut être grave chez les jeunes enfants. Les autorités ont relevé, études à l’appui, qu’il y avait toujours un risque d’exposition dans notre région. Le Dr Philippe Babe est médecin référent d’une consultation « Enfant environnement précarité » mise en place au sein des hôpitaux pédiatriques de Nice CHU-Lenval pour l’ensemble des Alpes-Maritimes. Cette structure a notamment vocation à informer les parents d’enfants potentiellement exposés au plomb mais aussi d’organiser le dépistage par un réseau avec les soignants, les structures recevant des enfants, etc. « Fatigue, maux de tête ou de ventre, manque d’attention sont les premiers symptômes du saturnisme. Mais, comme il s’agit de troubles assez courants, il est difficile de faire le lien immédiatement avec cette pathologie » , alerte le Dr Babe.
Le plomb peut être transmis au foetus
Deux niveaux de plombémie (taux de plombdans le sang) sont relevés en matière d’organisation de la prévention. Elles ont été modifiées en 2015. Dorénavant, une plombémie supérieure à 50 microgrammes par litre de sang doit être considérée comme une intoxication, et fait l’objet d’une déclaration obligatoire aux autorités sanitaires. Le seuil de vigilance se situe, lui, entre 25 et 50 μg/l. Le saturnisme pose essentiellement problème chez l’enfant demoins de 7 ans. « Le plomb auquel est exposée la femme enceinte passe la barrière placentaire et est transmis au foetus. Il peut engendrer des troubles auditifs, de croissance (la vitamine D est mal absorbée), intellectuels. D’où la nécessité de le détecter rapidement » , souligne le médecin. Créée en janvier 2016, la consultation « Enfant environnement précarité », en s’appuyant sur la Permanence d’accès aux soins (Pass), peut justement recevoir les enfants pour lesquels il existe une suspicion d’intoxication au plomb. Un dosage permet de connaître la plombémie précise (l’examen est remboursé par la Sécurité sociale). « L’exposition au plomb peut être de différentes natures. Typiquement, il s’agit d’un habitat dégradé, construit avant 1974. Les peintures – au plomb – s’abîment, et des petites particules peuvent être soit ingérées, parce que l’enfant va gratter le mur et avaler le plomb (on appelle cela le comportement de Pica), soit respirées dans la poussière, explique le Dr Babe. La contamination peut ausi se faire par l’eau qui circule dans d’anciens tuyaux au plomb. Ce métal est également présent dans de vieux ustensiles en céramique ou en étain. »
Prendre des mesures immédiates
Une infirmière travaille à temps plein à la consultation « Enfant environnement précarité ». Elle peut effectuer des visites à domicile afin d’identifier les éventuelles sources de contamination. « Il est possible de prendre des mesures immédiates afin de limiter l’exposition : ne pas remuer la poussière en passant le balai, mais nettoyer les sols à l’eau, ne pas boire l’eau du robinet, éviter de faire dormir l’enfant près de la partie du mur dégradé où la peinture est abîmée et le protéger avec une plaque par exemple » , conseille le Dr Babe. Au cours de l’année 2016, une quinzaine d’intoxications au plomb ont été dépistées par cette consultation. « Un traitement médicamenteux est donné pour une plombémie supérieure à 300 μg/l. Sinon, l’arrêt de l’exposition suffit le plus souvent pour faire redescendre le taux de plomb dans le sang, indique le médecin. À chaque fois, un dosage de contrôle à trois mois est effectué afin de s’assurer de l’efficacité des mesures prises. » En cas de doute, il est possible de s’adresser directement à la consultation au 04.92.03.05.43.
« Des troubles auditifs, de croissance, intellectuels » Dr Philippe Babe Chefduservicedesurgencesdeshôpitaux pédiatriquesdeNiceCHU-Lenval