La couleur de l’argent
À la fin du match Bastia-Nice, l’attaquant niçois Mario Balotelli, contrairement à son habitude, n’avait pas la banane. Normal, des spectateurs – l’un d’entre eux s’est dénoncé depuis, mais cela ne change rien au problème – n’avaient pas cessé de le traiter de singe, avant, pendant et après la rencontre. On en a, à mon sens, trop peu parlé au niveau national, alors que l’actualité avait fait ses choux gras, dans les journaux et à la télévision, d’un passager (de couleur) bouté hors du métro, à Paris, par des supporters anglais du club de Chelsea. Il est vrai qu’hormis la blessure intime du malheureux ciblé par des abrutis avinés, il n’y avait pas d’enjeu… Et que les médias s’achetaient une bonne conscience à peu de frais. Le « retour » fait par Nice-Matin sur cette affaire à travers le regard des enfants (Édition locale de Nice
du janvier) est intéressant à double titre : journalistique, parce que l’angle de l’article différait sensiblement des habitudes ; et pédagogique, parce que c’est par l’éducation que l’on arrivera à bout de ces comportements. Une idée ? Folle certes ! Et si, pour en revenir au terrain, les joueurs de couleur des deux équipes quittaient la pelouse aux premières injures contre l’un des leurs ? Primo, on s’apercevrait, souvent, que le match ne pourrait pas continuer faute de « combattants », dans chaque camp ! Secundo, s’ils étaient naturellement rejoints dans leur retour aux vestiaires prématuré par leurs collègues blancs, eh bien il n’y aurait plus de match du tout. Imaginez le tremblement de terre. Au nom de l’humanisme ? Hélas non. Mais de la rentabilité, ça oui. Il y a trop d’argent en jeu. Trop de droits à l’image. Trop de paris. Trop de sponsors. Et on sait que l’argent n’a pas d’odeur. Ni de couleur. Alors, en attendant, indignons- nous. Plus fort. Issa Mario !