Monaco-Matin

Sursis révoquépou­r un jeune accro à ladrogue : six mois ferme

- J.-M. F.

Les signaux sont au rouge pour ce jeune drogué de Cap-d’Ail! Il comparait devant le tribunal correction­nel pour n’avoir jamais satisfait aux démarches imposéespa­r la liberté d’épreuve ordonnée antérieure­ment. Dès lors, les juges ont révoqué en totalité son sursis et cet adulte de vingt-cinq ans passera les six prochains mois à lamaison d’arrêt. À la barre, pudique, timide, embarrassé, consterné, le prévenu vide sa mémoirepar bribes pour confier sa descente aux enfers. Il assure avoir tout observé: il a arrêté de consommer du cannabis, il a trouvé un emploi, il s’est rangé des voitures… Mais, en écoutant le président Florestan Bellinzona le sermonner, le manque de volonté fait surtout dé- faut à ce « faux » adulte. A-t-il rechuté? Continue-t-il à fumer? Recommence-t-il à s’injecter des substances toxiques? Rien ne prouve le contraire! Alors, il n’est plus question d’admonester! « En un an, gronde le magistrat, la justice attend toujours les justificat­ifs prouvant votre engagement dans une formation profession­nelle, dans votre suivi médical. On attend toujours les résultats des examens toxicologi­ques, Cela fait trois ans que vous ne répondez plus aux convocatio­ns. Vous ne fournissez aucun document! Nous vous avons porté à bout de bras. Nous vous avons laissé une chance d’échapper à la prison et de vous sortir de l’enchaîneme­nt des stupéfiant­s avec la liberté d’épreuve… » Une courte pause dans l’exhortatio­n pour imposer la réflexion et le président poursuit: « Dès que l’on menace de révoquer votre sursis, vous annoncez que vous commencez votre travail demain. Vous êtes allé chez Pôle Emploi? Avez-vous entamé des démarches pour débuter dans une formation? Rien! Et l’assistance sociale? Vous l’avez contactée juste le lendemain! Vous ne passerez pas sans cesse à travers les mailles du filet. On vous tend la main. Mais vous êtes tellement accro que vous n’arrivez plus à décrocher… » Ce constat d’échec ne donne plus de droit à l’erreur pour le procureur Alexia Brianti. « Une nouvelle chance? Cela ne fonctionne­ra pas! Car le prévenu s’engage mais ne donne aucune suite, tout se fera demain… Révoquez les six mois du sursis… » La défense avouera sa difficulté à fournir la moindrepre­uve d’une améliorati­on. « Je n’arrive pasàme convaincre que mon client est dépourvu d’intelligen­ce, lâche Me Christophe Sosso. Quand on l’écoute, on a envie de l’aider. Le passé est-il responsabl­e à cause de parents imbibés? Ça boit plus que ça parle! C’est compliqué! La seule façon de l’aider c’est de quitter cette maison. Mais il faut de l’argent pour louer au moins une chambre. Essayez de renvoyer l’affaire dans quinze jours ou plus afin de vous montrer son certificat d’embauche. Je prends le risque et cela ne vous engage à rien. Aidez-le, il est vraiment seul… » Le tribunal mettra un point final aux indulgence­s et suivra les réquisitio­ns du ministère public. Mais l’avocat réfléchit à un éventuel appel…

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