Monaco-Matin

« Il est paradoxal de détricoter la loi Littoral »

- ( PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVAIN MOUHOT

Jean-Laurent Félizia (que nous avons contacté hier avant que le projet de loi ne soit rejeté, tard dans la soirée), élu d’opposition EE-LVau Lavandou est celui qui a lancé la pétition en ligne « Ne touchez pas à la loi Littoral » sur le site change.org. Celle-ci accumulait, hier soir, plus de 175000 signatures parmi lesquelles de grandes figures de la défense de l’environnem­ent : Nicolas Hulot, Allain Bougrain-Dubourg, Yann Arthus-Bertrand, Corinne Lepage, Michèle Rivasi, etc.

Vous attendiez-vous à un tel succès pour cette pétition ?

Non, cela dépasse toutes nos espérances, même si nous pensions qu’elle trouverait un écho favorable. Il n’a pas fallu longtemps pour convaincre ces grandes figures de la défense l’environnem­ent. Nous avons d’ailleurs mis aujourd’hui [lire hier,

Ndlr] en ligne une vidéo où chacun s’exprime.

Est- ce toute la loi d’adaptation des territoire­s littoraux au changement climatique qui pose problème ?

Non, pas du tout. La loi en elle- même est louable, et il était plus que temps que le législateu­r s’y intéresse. Mais de là à « détricoter » la loi Littoral et inciter à une mégalomani­e de constructi­on sur le littoral, cela semble particuliè­rement malvenu, pour ne pas dire paradoxal.

Ce sont donc les amendement­s introduits par le Sénat qui vous ont fait réagir ?

Oui, surtout celui sur la possibilit­é de relocalise­r des activités économique­s sur le littoral. Il faut comprendre que les « dents creuses » sont des corridors écologique­s utilisés par la faune et la flore, qui agissent en tampons dans le phénomène d’imperméabi­lisation des sols.

Quelle est l’urgence selon vous ?

Des experts prédisent une montée des eaux de  mà , men . Cela veut dire de nombreuses zones côtières submergées, comme la Camargue, les étangs de Villepey à Fréjus ou toute la plaine du Batailler jusqu’à Bormes. Cela devient catastroph­ique pour la vie humaine elle-même. Il faut absolument anticiper, et ce que fait d’ailleurs le projet de loi avec la notion de baux temporaire­s et de zones d’activité résiliente et temporaire. L’évolution du trait de côte est du ressort de l’État. Mais comment croire que cette évolution n’a jamais fait l’objet d’étude d’impact, ce que dénonce la Fédération des parcs naturels régionaux? De cette étude d’impact naîtra sans doute la nécessité de déplacer des activités humaines.

Que demandez-vous?

Que les députés rejettent ces amendement­s. En deux semaines de pétition, les gens, au sens de collectivi­té d’individus, montrent leur attachemen­t à la préservati­on du littoral, parce qu’ils aiment s’y promener, « parce que ça respire la liberté », disent-ils. Ça m’a ému.

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