Peine de mort: Marine Le Pen fait marche arrière
Exit le rétablissement de la peine de mort? Marine Le Penaannoncé, hier, que ce marqueur FN historique ne figurerait pas dans son programme, même si elle laissera les Français le proposer via un référendum d’initiative populaire.
La perpétuité réelle
Alors qu’on lui demandait si elle maintenait comme en 2012 sa proposition d’un référendum où le choix serait donné entre peine de mort et perpétuité « réelle », Marine Le Pen a répondu lors de l’émission Questions d’Info (LCP-AFP-Le MondeFrance Info): « Jem’engage auprès des Françaisàmettre en oeuvre la perpétuité réelle ». Elle a ensuite confirmé qu’elle retirait de son projet la proposition du retour de la peine demort. La présidente du FN s’est pourtant toujours dite favorable à la peine capitale. « Je suis pour l’échelle des peines et je pense que la peine de mort participe de cette échelle des peines », expliquait-elle par exemple en 2011. Déjà, dans son autobiographie « A Contre Flots » (Grancher, 2006), elle s’indignait de la position « sectaire » de ses professeurs qui en 1981, lorsqu’elleavait 13 ans, ne « toléraient aucun avis divergent » aumoment où la France abolissait la peine de mort, à l’initiative de François Mitterrand et Robert Badinter. Marine Le Pen ne reprenait là que la position historique du co-fondateur du Front national en 1972, son père Jean-Marie Le Pen, qui en 1976, jugeait que « le seul métier où l’on ne risque pas sa vie aujourd’hui est celui d’assassin » . 35 ans plus tard, en 2011, sa fille estimaitcommeenécho que « criminel » est « le seul métier du monde où on ne risque pas sa peau ». Mais pour sa première candidature à la présidentielle, en 2012, Marine Le Pen a déjà proposé une inflexion. Alors que le FN proposait jusque-là un rétablissement pur et simple de la « peine de mort » pour « les crimes les plus graves » mais aussi pour « les trafiquants de drogue », son programme pré- sidentiel propose un référendumsur le sujet. Les Français peuvent alors choisir entre deux options, soit « la peine de mort » , soit la « perpétuité réelle » ... une possibilité qui existe déjà, puisque le code pénal prévoit depuis 1994 une peine de réclusion criminelle àperpétuité incompressible. Elle concernait en novembre 2016 trois condamnés en France.
La voie du référendum
Ce mercredi, Marine Le Pen asouligné qu’elle laissait aux Français la possibilité de « rétablir » la peinedemort « via un référendum d’initiative populaire » , un dispositif qu’elle propose avec un « seuil très bas » de 500 000 signatures. Ce référendum élargirait nettement le seuil de l’actuel référendum d’initiative partagée, qui se déclenche avec le soutien de 4,5 millions de citoyensàune initiative d’au moins 185 parlementaires. Marine Le Pen veut d’ailleurs que les Français puissent lancerun tel référendum sur « n’importe quel sujet ».