Ils ont tous « osé savoir »
La série de conférences proposées samedi sur le campus de Sciences Po à l’occasion d’un « TEDx » a attiré un large public. Attaché à un dialogue avec le Moyen Orient... et le reste du monde
Le nom de l’événement, organisé pour la première fois à Menton, sur le campus de Sciences Po, aurait de quoi faire peur aux béotiens: TEDx. Pour Technology, Entertainment, Design. Mais la journée consacrée à de courtes conférences avait pour ambition l’exact inverse. Refus des jugements à l’emportepièce. Incitation au dialogue avec l’autre, celui que l’on veut apprendre à connaître. Au contact duquel on ose savoir.
« Diffuser des idées »
« Dare to know ». C’est précisément le thème que les 16 membres de l’équipe organisatrice - tous étudiants - ont choisi de mettre en avant. Invitant, samedi, des orateurs de divers âges, diverses origines, diverses expériences. Mus par une même ambition, que rappellent les chefs d’orchestre de la journée, Tania et Adrien: « Il s’agit de diffuser des idées, de provoquer des débats autour de notions nouvelles. D’informer, partager, transformer. » La journée, animée par les étudiants Tania et Adrien, a attiré un public très jeune. Très réactif.
Et d’oser. Toujours et encore. Oser se mettre à la place de l’autre, oser rire, oser s’intégrer, oser défendre la démocratie, participer au Printemps arabe, penser autrement, oser se pencher sur la question de la crise migratoire. Oser, aussi, s’exprimer durant 18
« Pas un jour ne passe sans une mauvaise nouvelle. Parlez avec quelques jeunes, ils vous diront qu’ils souhaitent que le Printemps arabe n’ait jamais existé. Pourquoi devraient-ils choisir entre liberté et stabilité? Dictature et bains de sang? Devenir une génération perdue ou immigrer? »,
« au lieu de construire un mur, nous devons bâtir des ponts avec le Moyen Orient. Promouvoir l’éducation, le développement, la tolérance et l’espoir. Je crois fermement que cela se fait en grande partie à travers les médias, à travers la diffusion de contenus de qualité, et la création d’un dialogue interculturel et interreligieux. »
« Nous avons, ici et partout ailleurs, le pouvoir de faire naître l’espoir et d’éradiquer la peur. »
minutes - pas plus - face à un amphithéâtre RichardDescoings rempli. Chaque orateur prenant place sur un rond de moquette, face caméra, pour exprimer sa pensée. Souvent tournée vers des thématiques propres au Moyen Orient - la spécialité du campus men-
tonnais de Sciences Po. Le public, quant à lui, dispose d’un « livret de traduction ». Afin de pouvoir suivre chacune des conférences, proposées en anglais pour la plupart, ainsi qu’en français et en arabe. Vient le moment de la « partie interactive » . L’ensemble Ode au combat contre le regard des autres. « Vous vous souvenez du premier de la classe à lunettes qui se ruait sur le prof en fin de cours? J’en étais un. Et j’étais trop préoccupé par l’image qu’il aurait de moi pour écouter son propos. » Aujourd’hui étudiant à Sciences Po Paris, Théophile Lepage mise sur l’humour pour faire passer son message. « Ce petit épisode ingrat met en lumière le vice énorme que nous avons tous: l’embarras. » Un vice qui empêched’agir, souligne-t-il. « Imaginez un trajet en train face à votre actrice pré- de l’assistance est invité à se connecter au WiFi de l’établissement pour voter en faveur de l’une ou l’autre de deux vidéos. Le mathématicien Cédric Villani d’un côté, l’auteure- compositeure Amanda Palmer de l’autre. Tous deux intervenus lors d’une conférence 5pays traversés en 21 jours avec… 0monnaie. Édouard Jacqmin, 24 ans, s’est lancé dans un projet de périple atypique en juin dernier, sans rien en poche. Pas même un accès à internet. Son retour d’expérience? Il tient en 4 leçons: « La question n’est pas de savoir ce que vous recevez mais ce que vous donnez. » / « Dépassez la peur d’aborder les gens et le monde peut devenir incroyable. » / « Parfois, ne pas avoir le choix est la meilleure option qui soit. » / « Les mauvaises expériences férée. Allez-vous lui parler des élections américaines ou la complimenter? Seul le fait d’avoir un objectif précis vous permettra d’être à l’aise. Imaginons encore. Vous êtes p.-d.g. de la société Fermapoule, au bord de la liquidation à cause d’une ONG: SOS Poulet, dont elle est la responsable. Au bout de 2 minutes, vous allez parler de poulet - et ce très sérieusement. » Conclusion: face à l’envie de paraître intellectuel, mieux vaut « bien raisonner ». Choisir de parler à autrui pour une bonne raison. Et surtout, oser « parler avec ses mots » . TED officielle, en Californie. À 51 % contre 49 %, c’est l’Américaine qui l’emporte. Elle, qui prit 13 minutes, pour convaincre qu’il ne faut pas faire payer les gens pour de la musique. Mais les laisser le faire d’euxmêmes. Via le financement participatif, notamment.
Un photographe monégasque expose
En marge des conférences qui se succèdent, les organisateurs ont également prévu des « side events ». Une exposition du photographe et résident monégasque Nick Danziger, dont le travail évoque toujours l’engagement humanitaire. Un défilé de mode des plus atypiques, aussi. Pensé par la styliste Sasha Nassar, dont chacune des robes représente une ville de Palestine ou d’Israël. De manière à réfléchir - aussi - avec les yeux. Les conférences sont encore visibles sur: https://livestream.com/sciencespo Edouard Jacqmin.
n’existent pas. » Des principes qui peuvent s’appliquer au quotidien, une fois résumés en une petite phrase: « Osez un peu plus » .