Fillon, l’art délicat de convaincre
Visiblement, François Fillonn’a que très partiellement réussi à retourner l’opinion. Selon un sondageHarris-RMC, son périlleux exercice de dédouanement et contrition entremêlés a convaincu 35% des Français seulement. Il pouvait difficilement en aller autrement, dès lors que l’opération de déminage de lundi n’aura, au fond, apporté aucun élément tangible nouveau. Étant bien répété que la seule chose qui pourrait légalement être reprochée à l’ancien Premierministre serait un emploi fictif de son épouse, on n’est, sur ce point précis, pas plus avancé qu’avant les foins. Les éléments fournis pour étayer le travail effectué par Penelope se sont avérés plutôt vagues, quasiment invérifiables, la « discrétion » dont François Fillon l’a louée prêtant carrément à sourire. Pour autant, nul à ce stade ne peut prouver que Penelope Fillonn’a pas bossé. Ce qui semble garantir au candidat une certaine tranquillité judiciaire, aumoins par défaut.
Refonteàmarche forcée
La refonte promise du statut des parlementaires, après coup, une fois la main prise dans le pot de confiture, relève quant à elle de la ficelle de bonne guerre. En d’autres temps, le PS avait de lamême manièrehabilement rebondi sur l’affaire Urba en réformant le financement despartis politiques. La recette est vieille comme la politique. Pour le reste, cet épisodedémontre, une fois de plus, à quel point notre vie démocratique est devenue un empilement de séquences de communication. Tenu pour mort politiquement la veille, Fillonamiraculeusement retrouvé des couleurs par la grâce d’une intervention qui a surtout brassé du vent. Le but était de produire de l’image et du verbe, encore et toujours. De donner le sentiment d’un homme au combat et d’une droite en ordre de bataille. Sur ce point, c’est une réussite. Les Républicains misent clairement sur le fait que, dans trois mois, le trouble sera atténué – voire balayé par la justice – et que l’électorat de droite, dans le sprint final, n’aura plus qu’un souci en tête, faire triompher son camp, quels que soient ses états d’âme. Ce dont paraît attester le sondage Harris-RMC déjà cité, dans lequel 58 % des sympathisants de droite et 62 % des militants des Républicains ont, eux, été convaincus par François Fillon. Demeure une inconnue majeure: cette affaire affectera-t-elle, ou non, la masse hétéroclite des citoyens inclassables et mouvants ? Tous ceux qui pouvaient être séduits par la rectitude de Fillon, mais sont aujourd’hui ébranlés par son « er
reur » , lui en tiendront-ils durablement rigueur ?