À Cédric Herrou: « Oui le conseil départemental remplit sa mission en faveur des mineurs étrangers »
Christophe du Payrat, directeur général des services du Département des Alpes-Maritimes
Une nouvelle fois, M. Herrou (édition de Nice-Matin du 8 février) accuse le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes de ne pas exercer ses responsabilités en charge les mineurs étrangers. Ce faisant, c’est le travail quotidien de plusieurs centaines de professionnels de l’enfance du conseil départemental et du foyer de l’enfance des Alpes-Maritimesqu’il met gravement en cause.
Mise en scène qui interpelle
Enmaqualité de directeur général des services du Département, je souhaite défendre ici l’honneur des professionnels qui oeuvrent au service de l’enfance en danger. Depuis des mois, M. Herrousepermet, par voie de presse interposée, d’alléguer un refussupposé du Département d’exercer ses compétences légales, au détriment d’enfants fragiles et isolés arrivant de l’étranger. M. Herrou nous dit qu’il y a eu « seulement 350 mineurs pris en charge dont 100 par nous » . Cette façon de mettre en scène son action par rapport à celle des auto- rités publiques interpelle. Cette action est-elle bien responsable, appropriée aux besoins des enfants et comparableàcelle de nos institutions ? D’abord, cette prise en charge de mineurs étrangers par un particulier est en soi source d’interrogation. Lorsque quelqu’un trouve, esseulé dans une gare, un enfant, son premier réflexe est de le confier à lapolice ou à lagendarmerie, non de le ramener chez lui et de l’héberger pendant une durée indéterminée, avant demédiatiser sa remise aux autorités.
Une protection de tous les jeunes
Au sein de notre République, dont M. Herrou prétend défendre les valeurs, il appartient en premier lieu au juge de décider demettre sous protection un mineur en le confiant au conseil départemental, qui fait alors en sorte, en relation avec les forces de l’ordre, d’entamer la prise en charge. Celle-ci s’effectueselon despratiques professionnelles bien établies, au travers d’une équipe pluridiscipli- naire d’assistants sociaux-éducatifs, de médecins et de psychologues, dans le souci constant du bien-êtrede l’enfant etdans une dizaine de lieux de vie adaptés. M. Herrou n’a manifestement pas idée du travail réalisé par le conseil départemental, qui accompagne certains jeunes, parfois plusieurs années et non quelques jours à la volée, il ne peut dire décemment qu’il « fait son boulotàsa place » . Sur les chiffres ensuite, que M. Herrou juge insuffisants, le Département assure la protection de tous les jeunes qui lui sont confiés par la Justice. Depuis le début de cette affaire, M. Herrou n’a pas avancé la moindrepreuvedurefus de protection qui aurait été opposé par le conseil départemental à lasuite d’une demande formulée par la Justice. Qu’il y ait moins d’entréeen2016 qu’en 2015, c’est la conséquence du rétablissement du contrôle aux frontières.
Un amalgame
Conformément à la loi qui lui en fait obligation, le conseil départe- mental accueille tous les jeunes qui lui sontconfiés par l’autorité judiciaireet ce, malgré les difficultés matérielles que cela peut générer. M. Herrou fait, par ailleurs, l’amalgame entre « mineurs » et « migrants » : sur les centaines de personnesaccueillies chez lui ou dans La Roya, beaucoup sont majeures et ne relèvent pas de la compétence du conseil départemental. À ce jour, le conseil départemental assure l’accueil de 213 mineurs étrangers. Ces chiffres évoluent au quotidien car les mineurs accueillis sont libres; or beaucoup d’entre eux décident de quitter nos structures pour poursuivre leur route vers d’autres pays. En tout état de cause, le conseil départemental n’a jamais reconduit personne à la frontière évidemment, contrairement à cequiapu être avancé dans la presse.
Une remise en cause désinvolte et injuste
Au total, ce sont environ dix millions d’euros qui sont consacrés chaque année par le conseil départemental pour accueillir digne- ment les mineurs étrangers qui arrivent dans les Alpes-Maritimes. Cettepolitique, commebeaucoup d’autres, fait l’objet d’un consensus au sein de l’assemblée départementale qui a décidé, pour accompagner ces jeunes, d’augmenter de 52 places (+30 %) ses places d’accueil d’urgence et de 38 places (+ 172 %) les places offertes en foyer de jeunes travailleurs. L’assemblée départementale a interpellé le gouvernement pour qu’il assumeses responsabilités et finance cette prise en charge exceptionnelle. Beaucoupest ainsi fait en direction de ces jeunes. Le dispositif reste sans doute perfectible et tout citoyen peut critiquer son contenu; encore faut-il que cette critique soit étayée par des faits et qu’elle ne remette pas en cause, de manière désinvolte et injuste, le travail de toute une institution. En l’occurrence, les propos répétés de M. Herrousont en parfait décalage avec la réalité quotidienne du travail de protection de l’enfance réalisé par les agents du Département et du foyer de l’enfance.