Des étoiles et des trous noirs
La parution presque simultanée du e rapport annuel de la Cour des comptes et du e Guide Michelin est plutôt à l’avantage de la restauration qu’à celui de la République. Car, si dans les deux cas, il est question du comportement des grands chefs, les meilleures recettes ne sont pas à chercher dans les cuisines électorales. À telle enseigne que les sages de la rue Cambon ont eu besoin de pages pour recenser les erreurs et formuler quelques recommandations tandis que les inspecteurs gastronomiques ne signalaient que les meilleures maisons. D’un côté, des milliards engloutis par des incompétents ou des combinards peu soucieux du bon emploi des deniers publics; de l’autre côté, des additions plus modestes rémunérant le talent et le courage, de moins en moins remboursés par l’État et les traditionnelles puissances invitantes. Que la fausse manoeuvre de Ségolène Royal à propos de l’écotaxe ait coûté un milliard aux contribuables sans leur procurer aucun plaisir alors qu’on peut s’offrir, pour beaucoup moins cher, un repas délectable qui laissera bien au- delà de l’euphorie digestive un merveilleux souvenir, en dit long sur la qualification de l’une et des autres. À perte de vue, ce ne sont donc que gaspillages et gabegies ministériels constituant les trous noirs du cosmos administratif alors que nouvelles étoiles brillent depuis hier au firmament du bien manger.