Marine Le Pen hausse le ton
Serrée de près par une meute médiatique, la candidate FN à la présidentielle a reçu un accueil plutôt chaleureux de la Prom’ au Vieux-Nice, avant d’aller fustiger la porosité des frontières in situ
Marine, tu es ici chez toi ! » Cette exclamation d’unmilitant dans le Vieux-Nice n’aura pas échappé à l’intéressée. En déplacement hier sur la Côte d’Azur, terre traditionnellement dévolue à ladroitedes Républicains, Marine Le Pen est venue en conquête. Parfoismême en terrain conquis. « Terres estrosistes ? Terres marinistes, plutôt », réplique-t-il avec malice à un journaliste. De NiceàMenton, ce lundi tient de l’opération séductionpour la candidate Front national à laprésidentielle. Grippée, Marine Le Pen aura néanmoins réussi à faire bonne figure face à une meute médiatique qui l’aura collée au plus près, dans des scènes confinant parfois au burlesque – « Attention, vous marchez sur la queue du chien ! » Contrairement au grand barnum politico-médiatique et à son lot de com’, le lieu choisi pour lancer sa visite ne prête guère à sourire. Escortée par la police, entourée par un service d’ordre aux abois et par ses lieutenants locaux (les Niçois Olivier Bettati et Philippe Vardon, le Varois David Rachline...), Marine Le Pen vient se recueillir sur la promenade des Anglais, en hommage aux victimes du 14-Juillet.
« Populiste ? Oui, merci »
Sept mois se sont écoulés depuis. Et ChristianEstrosi nemanquepas de le relever, hier matin, accusant son hôte frontiste de récupération. « M. Estrosi oublie peut-être que j’étais là à l’hommage national... » , tranche Marine Le Pen. L’élu Les Républicains la taxe de populisme? « Je ne sais pas ce que ça veut dire, rétorque la candidate FN. Ca veut dire quoi, s’occuper du peuple ? Le mettre au centredudébat politique ? Si c’est cela, oui, je suis populiste. Merci de ce compliment ! » Passed’armesàdistance. Et tacles tous azimuts. Marine Le Pen vient se recueillir, mais surtout dézinguer les politiques menées par la droite comme la gauche face au terrorisme. « Je voudrais que l’on mette en place l’intégralité des mesures, pour que le risque soit minimum. Or j’ai le sentiment qu’aujourd’hui, il est maximum ! » Et de citer le parcours du tueur au camion. « Il aurait dû être expulsé de France. Mais non, il était là, comme bien d’autres qui ne devraient pas être sur notre territoire. »
Selfies, « pro » et « anti »
Actualitébrûlante oblige, Marine Le Pen porte ledébat sur les récentes émeutes en banlieue. « Nous sommes censés être en état d’urgence et on assiste à des scènes de saccage ! Où est le ministre de l’intérieur ? Absent. Tétanisé par la crainte d’émeutes comme en 2005. Face aux voyous, le gouvernementapeur. Mais on répond à ces provocations par la fermeté, pas la lâcheté ! » De la Promau cours Saleya, Marine Le Pen distille ses flèches face aux micros. Puis elle déambule entre les étals du marché, où tous les regards se figent vers elle. Souvent, des sourires bienveillants l’accompagnent. « Bravo ! » « Marine présidente ! » , scandent quelques sympathisants. Marine Le Pen se prête volontiers aux selfies, distribue des baisers à lavolée, s’esclaffe quand on lui offre une rose bleue. Elle passe son chemin, en revanche, quand fusent des cris hostiles et des « Mélenchon ! Mélenchon ! » « Je suis outrée qu’elle puisse passer
là sans qu’il y ait une révolte générale », fulmine Géraldine Bianco, 39 ans. Son ami Arved Schmidt, 74 ans, acquiesce. « Je suis originaire d’Allemagne : lahaine des autres, je l’ai trop vécue... » Il en faudrait plus pour gâcher sa visiteàMarine Le Pen. La candidate lève lamain triomphalement, puis s’engouffredans une berline noire. Olivier Bettati, transfuge de l’UMP au FN et candidat aux législatives, jubile face à cet accueil enthousiaste : « Nicolas Sarkozy avait reçu le même ici en 2007... »