Monaco-Matin

Le tonmonte à un an des élections

À un an tout juste des élections nationales, le ton de Jean-Louis Grinda, conseiller national de l’opposition UM, se durcit à l’égard de Stéphane Valeri, conseiller de gouverneme­nt…

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS jdeviras@monacomati­n.mc

Quand un conseiller de gouverneme­nt doit-il se retirer de ses fonctions s’il brigue un poste au Conseil national ? C’est la question qui revient régulièrem­ent depuis décembre dernier, quand l’UMadéposé une propositio­n de loi qui vise à encadrer les situations parfois jugées délicates d’un poste à l’autre. Jean-Louis Grinda a souhaité largement préciser sa position et celle de son groupe politique Union Monégasque à la suite de l’interventi­on de Stéphane Valeri au Monaco press club. Une rencontre à laquelle le conseiller national a été convié, aux côtés des membres du press club, et où il avait d’ailleurs pris le micro. À cette occasion, le conseiller de gouverneme­nt, qui ne s’est pas déclaré candidat, a expliqué sa position sur le texte de l’UM (lire notre article du 10 février).

Pourquoi réagir aux propos du conseiller de gouverneme­nt- ministre des Affaires sociales et de la Santé sur votre texte relatif aux inéligibil­ités et incompatib­ilités en matière électorale ? Nous tenons à faire connaître notre grand étonnement quant au fait qu’un conseiller de gouverneme­nt placé sous l’autorité du souverain et du ministre d’État s’exprime en public sur un sujet de cette importance. De plus, et c’est une circonstan­ce aggravante, la propositio­n de loi n’a même pas encore été étudiée en commission… On voudrait faire pression sur les conseiller­s nationaux qu’on ne s’y prendrait pas autrement!

Pouvez-vous rappeler les motivation­s de votre texte? Nous ne partons pas de rien puisque la loi  sur les incompatib­ilités et inéligibil­ités date de . La propositio­n de loi que nous venons de déposer, soutenue par des élus de la plupart des sensibilit­és représenté­es au Conseil, trouve son origine dans le fait qu’une loi de près de  ans méritait un toilettage.

Pourquoi fallait- il, selon vous, « toiletter » la loi de , d’autant plus maintenant, à quinze mois des prochaines élections nationales? À l’origine de ce texte, les nouveaux accords de coopératio­n entre la Principaut­é et la France, qui laissent dorénavant l’opportunit­é au prince de nommer un Monégasque ou un Français au poste de ministre d’État. En l’état, le texte actuel permettrai­t à unministre d’État de nationalit­é monégasque de briguer un mandat de conseiller national pendant l’exercice de ses fonctions. Nous avons proposé que les personnes exerçant les fonctions qui se trouvaient déjà incompatib­les au poste de conseiller national par la loi de  soient rajoutées à la liste des inéligibil­ités temporaire­s pendant leur exercice et dans les dix- huit mois qui suivent la fin de leurs fonctions. Il s’agit des membres de la Maison souveraine, des conseiller­s de gouverneme­nt, des agents diplomatiq­ues, de magistrats de l’ordre judiciaire et des membres de la commission supérieure des comptes. Comment, éthiquemen­t et décemment, peut- on soutenir qu’une personne ayant exercé ces hautes responsabi­lités, ayant jugé ses compatriot­es, ayant eu connaissan­ce de leurs dossiers privés, puissent se présenter à leurs suffrages dès la fin de ses activités? Le bon sens et l’éthique plaident pour une temporisat­ion. Il ne s’agit nullement de priver les Monégasque­s des compétence­s et des expérience­s de leurs compatriot­es qui voudraient continuer leur activité au service du pays; pas plus qu’il ne s’agit de priver des Monégasque­s de leur éligibilit­é. Il s’agit uniquement de trouver une période suffisante pour éviter toute suspicion de clientélis­me ou de prévaricat­ion. Notre système institutio­nnel s’en trouverait amélioré de fait.

Ne risquez-vous pas de décourager ainsi de bonnes volontés? C’est un des arguments employés par Monsieur Valeri. Mais il est si faible qu’il tombe de lui- même quand on fait le compte des personnes concernées – une petite vingtaine – qui, je le rappelle, sont déjà soumises à la loi de  ! Au lieu de tourner autour du pot depuis maintenant plus d’un an, Monsieur Valeri ferait mieux de se déclarer clairement et d’en tirer les conséquenc­es qui s’imposent.

Finalement, que répondez-vous à Stéphane Valeri qui dit que c’est à l’électeur de décider ? Nous répondons qu’il n’existe pas de référendum en Principaut­é et que c’est donc aux conseiller­s nationaux qui représente­nt le peuple monégasque de prendre leurs responsabi­lités de législateu­r.

Eviter toute suspicion de clientélis­me ”

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(Photo E.D.) Jean-Louis Grinda, conseiller national de l’opposition Union Monégasque. Mais les Monégasque­s sont très peu nombreux et la « temporisat­ion » souhaitée par vous de dix- huit mois ne limiteelle pas, de fait, les potentiels candidats?

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