François Fillon: lapression judiciaire s’accentue
La pression judiciaire s’est accrue, hier, sur François Fillon, le candidat de la droite, englué depuis trois semaines dans une affaire d’emplois fictifs présumés, tandis que l’extrême droite se consolide à deux mois de l’élection présidentielle. Malgré ses protestations d’innocence, l’affaireadéjà valu à François Fillon, ancien favori des sondages, de chuter dans les enquêtes d’opinion. Au premier tour, il arrive désormais nettement derrière la candidate du Front national Marine Le Pen – « plus forte que jamais », selon une enquête du quotidien Le Monde – et Emmanuel Macron. Dans une allusion nette aux déboires du candidat de droite, le Président socialiste François Hollande a appelé jeudi à « l’exemplarité » au « sommet de l’État ». « Si, au sommet de l’État, il n’y a pas cette exemplarité, comment donner confiance, comment appeler à l’effort, comment donner des perspectives à notre pays? », a-t-il dit dans un discours à Rennes.
« Les investigations vont se poursuivre »
La justice française avait fait savoir plus tôt que « les investigations vont se poursuivre » après avoir reçu le rapport de police concernant « des faits susceptibles d’être requalifiés en “détournements de fond publics”, “abus de biens sociaux” et “recels” mettant en cause notamment M. et Mme Fillon ». « De nombreux éléments déjà recueillis ne permettent pas d’envisager, en l’état, un classement sans suite de la procédure » , a indiqué la procureureÉliane Houlette, en charge du dossier, dans un communiqué. L’enquête fait suite aux révélations du Canard Enchaîné mettant en doute la réalité du travail fourni par Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son mari puis du suppléant de ce dernier. Les emplois d’assistants parlementaires de deux enfants de la famille Fillon sont aussi passés au crible. François Fillonadénoncé un « acte de communication qui nourrit le feuilleton médiatique ». « Il n’y a rien de nouveau, ni poursuite ni mise en examen », « cela n’entame en rien ma détermination » et « je m’en remets donc désormais au seul jugement du suffrage universel », a-t-il dit. À l’approche de la présidentielle des 23 avril et 7 mai, le calendrier judiciaire pèse cependant comme une épée de Damoclès sur ses ambitions: le candidat conservateur, qui a fait de la probité un thème majeur de sa campagne, avait annoncé au début de l’affaire se retirer de la course s’il était mis en examen. Une promesse qui semble donc désormais fairepartie du passé.