Il meurt électrocuté sur le TER à Cannes
Le malheureux a été découvert hier matin sur le toit du TER, à la gare de triage de Cannes la Bocca, où le train venait d’être remorqué. Tout laisse à penser qu’il s’agit d’un jeune migrant
Un soleil généreux flottant dans un ciel azur. Une vue idyllique de la Méditerranée àquelques pas de là. Le cadresemble plaisant, hier matin, depuis la garede triage de Cannes-la Bocca. Seule la présence de voitures de police jette une ombre inquiétante sur ce tableau trompeur. Laissant deviner qu’un drame épouvantable vient de se jouer. Des agents SNCF ont fait la macabre découverte vers 9 h 15, sur le TER qui venait d’être remorqué depuis Vintimille à la suite d’une panne. La fumée qui s’échappait du toit a attiré leur attention. En grimpant sur le wagon, ils ont découvert le corps inerte d’un jeune homme. Electrocuté. Le malheureux a vraisemblablement succombé lors d’un contact fatal avec un pantographe ou une caténaire. Son identité n’était pas encoreétablie hier. Mais la victime était un tout jeune homme, peutêtre même un adolescent. Selon diverses sources, il aurait entre15 et 20 ans. Si la prudence reste de mise, tout laisseàpenser qu’il s’agit d’un migrant ayant tentédegagner la France au péril de sa vie.
« Aucune certitude »
« Il s’agit semble-t-il d’un jeune homme âgé de 18 ans. Une autopsie va avoir lieu. Mais nous n’avons à l’heure actuelle aucune incertitude, insiste Fabienne Atzori, procureur de la RépubliquedeGrasse. Tout est fait pour savoir à quel endroit il est monté, et tenter d’éclaircir les condi- tions dans lesquelles cette mort tragique a pu survenir. » Le TER partait de Vintimille, hier matin, quandunproblème technique l’a contraint à l’arrêt. Les passagersune fois descendus, le train a été remorqué jusqu’à la gare de triage. Sitôt le corpsdécouvert, les agents SNCF ont été rejoints par le service du Quart du commissariat de Cannes, la police technique et scientifique, la police municipale et les sapeurs-pompiers, ainsi que le procureur adjoint. Le jeune homme a-t-il été électrocuté en garedeVintimille? Oupeu après, au prix d’unemanoeuvrepérilleuse pour grimper sur le toit? Voireune fois arrivéàdestination, après êtreparvenu à rester accroché tout au longduparcours? Voilà ce que cherche à savoir le groupe criminel de la sûreté urbaine de Cannes, chargée de l’enquête. « Tout laisseàpenser qu’il est monté en gare de Vintimille, et que c’est à Vintimille qu’ilaété électrocuté, précise Fabienne Atzori. Mais plusieurs possibilités apparaissent. Il est bien trop tôt pour dire s’il est monté lorsque le train partait, ou bien avant. Nous devons notamment vérifier si, sur un train à l’arrêt, il y a suffisamment de circulation d’électricité pour susciter de tels dégâts. » Le corps du défunt a été retrouvé en partie carbonisé, vraisemblablement à la suite de la remise du courant à Cannes. « Il était contracté du fait du choc électrique, mais n’était pas accroché à la caténaire » , précise Fabienne Atzori. Quantàsavoir si la victime était un migrant, « le mode de transport et les circonstances du décès peuvent le laisser penser, admet le procureur. Des documents parcellaires ont été retrouvés sur lui, en partie brûlés. » Rien qui permette d’établir formellement son identité. Assez, toutefois, pour laisserapparaître le nomd’une association d’aide aux migrants, selon nos informations.
Drames à la frontière
Dans tous les cas, le scénariod’hier est aussi tragique qu’atroce. Il intervient sur une frontière où les drames se sont multipliés ces derniers mois. Plusieurs migrants, souvent très jeunes, ont trouvé la mort en tentant de gagner la France par la voie ferrée ou l’autoroute, fauchés par un train dans un tunnel ou tombés d’un viaduc. Mais un tel scénario serait inédit. Très impliquée dans l’aide aux réfugiés, la Niçoise Teresa Maffeis a déjà recensésept décès parmi eux à la frontière. Jeudi encore, cette militante associative décrivait cette situation tragique au tribunal d’Imperia, à l’occasion du procès d’un « passeur humanitaire ». « Des jeunes de 15, 16ans me parlent de passer, témoigne-t-elle. Je leur dis: “N’y allez pas. C’est dangereux!” Mais comme la répression s’intensifie en Italie, ils prennent de plus en plus de risques. Et ça risque d’empirer... »