Monaco-Matin

18 mois après la rupture, scène de ménage sur le port

Le prévenu a été condamné à 1000 euros d’amende avec sursis pour avoir tenté d’étrangler son ex-compagne. Selon lui, elle n’aurait jamais accepté la séparation…

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Un Monégasque d’une trentaine d’années était convoqué cette semaine devant le tribunal correction­nel pour y répondrede faits de violences volontaire­s commises à l’encontre de son ex-compagne, le 29 mai dernier. Comme le couple est séparé depuis dix-huit mois, il est question, ce soir-là, de se rabibocher. Elle, Américaine, et lui, restaurate­ur à Monaco, se retrouvent à La Rascasse avec des amis. Mais une dispute éclate. Des reproches et des insultes, on en vient vite aux gestes. Elle le gifle. Le videur de l’établissem­ent, sans état d’âme, les mets dehors. Dans les escaliers qui mènent sur le boulevard Albert-Ier, une seconde baffe part. Elle lui arrache les lunettes et les brise…

« Elle ne veut pas me lâcher »

Quelques mètres plus loin, vers 2heures, excédé, l’homme plaque la jeune femme contre lemur de la caserne des pompiers, sur l’avenue du Port. Il la menace et commence à l’étrangler. L’altercatio­n fait un tel tapage dans le quartier que des passants, alertés par les cris de la victime, s’approchent du couple. L’agresseur lâche alors son étreinte à la gorge. En sanglot, elle se réfugie dans la caserne et appelle la Sûreté pu-

blique. Lui attend devant la porte… « Votre rupture est très compliquée » , remarque le président Florestan Bellinzona. « Cette fille est lunatique, répond le prévenu. Elle ne veut pas me lâcher! C’était du harcèlemen­t moral et j’étais dépassé par la situation. Je croyais qu’elle avait compris que tout était fini

entre nous. Ce même soir, elle comptait passer la nuit avec moi… » La victime reconnaît l’avoir rejoint « pour parler avec lui. C’est vrai, je l’ai giflé » .

« Soirée cauchemard­esque »

Me Christophe Ballerio prend le relais de sa cliente pour évoquer « une soirée cauchemard­esque. Elle a quitté les États-Unis pour venir vivre avec le prévenu, et il l’étrangle! Un certificat médical l’atteste… Cette femme doit la vie sauve aux passants. On essaie de jeter l’opprobre sur la victime! Dix textos envoyés en six mois: est- ce une preuve suffisante de harcèlemen­t? Aujourd’hui, ma cliente fait l’objet d’un suivi psychiatri­que. Nous réclamons 5000 € de dommages ». Si ces amours tumultueus­es accumulent péripéties et retourneme­nts sur fond de passions et de possession­s, le premier substitut Olivier Zamphiroff n’écarte pas l’état émotionnel. « Il est à prendre en compte chez ces jeunes couples qui se déchirent et les tourments qui en résultent. Là, c’est une séparation que l’on n’a pas digérée qui relie leurs auteurs au réel. La peine adaptée? J’éviterai de parler d’emprisonne­ment. Vous condamnere­z le prévenu à une amende de 1000 €. » De son côté, Me Christophe Sosso met enexergue lesqualité­s de son client. « Il est extrêmemen­t paisible et doux. Mature et responsabl­e. Il n’a jamais eu d’attitude défavorabl­e. Il a rompu. Elle n’a jamais accepté. Et encore moins qu’il ait une autre compagne. Alors, au sortir de La Rascasse, elle l’a suivi pour trouver une solution à leur problème. Devant les policiers, cet homme s’est rendu compte de l’excès de son geste. Il le regrette! Tous les deux doivent arrêter de vivre avec le passé. Soyez indulgent. J’aurais préféré que la partie civile réclame l’euro symbolique… » Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public et allouera 1000 à la plaignante.

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(Photo Michael Alesi) Le tribunal a eu à juger une « rupture très compliquée », selon les mots du président Bellinzona.

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