Il accuse les policiers de violences… et finit en prison
Un ressortissant congolais aurait-il été victime d’un matraquage des agents monégasques après avoir volé un casque audio à la Fnac? Ou bien s’inspire-t-il de la polémique actuelle sur les violences policières de l’affaire Théo pour se raccrocher à unmoyen de défense? Au cours de sa comparution devant le tribunal correctionnel, selon la procédure de flagrant délit, les juges ont retenu uniquement l’appropriation frauduleuse des écouteurs. Pour cette infraction, le prévenu a écopé d’une peine de deux mois d’emprisonnement ferme. Quant au dossier de maltraitance lié à son interpellation, une enquête est en cours. Dans le box, menotté, c’est une véritable « armoire à glace » qui répond des faits. Le février dernier, vers h , cet homme de ans, sans profession ni domicile fixe, dérobe un casque audio d’une valeur de € dans l’enseigne Fnac de la galerie commerciale du Métropole. Il met l’appareil dans son sac. Comme il n’a pas neutralisé le dispositif antivol, dès qu’il franchit les portiques de sécurité, l’alarme se déclenche. Hélé par les vigiles, le balèze préfère fuir en courant. Il n’ira pas loin. Les caméras de vidéosurveillance fournissent le signalement précis du voleur au PC de la Sûreté publique. Deux agents ne tardent pas à l’interpeller au niveau de la gare SNCF. Ils conduisent le coupable dans les locaux de la rue Suffren-Reymond pour le placer en garde à vue et les écouteurs sont récupérés.
« Les agents m’ont frappé avec la matraque »
« Expliquez votre geste et que comptiezvous faire? » , lui demande le président Florestan Bellinzona. « Rien de mal, assure avec un semblant d’innocence le
prévenu. Je n’ai fait que voler! C’est pour cela que je suis venuàMonaco. Car il y a beaucoup de magasins de luxe J’avais l’intention de vendre cet appareil une soixantaine d’euros dans la rue. Je suis SDF et je n’ai pasàmanger… » Il ajoute
aussitôt: « Attention, je n’ai pas couru à
la Fnac. C’est faux. Ces gens sont des menteurs. » Passablement énervé par les dénégations du délinquant, le magistrat
rétorque: « Que vous ayez couru ou non après avoir volé le casque, ça ne change rien… » S’il assume le larcin, le prévenu
se plaint : « Les agents m’ont frappé avec la matraque. Ils sont comme les flics français. Ils n’ont pas le droit d’être oppressifs! J’ai porté plainte… » Le président, d’un ton rageur, coupe
court aux lamentations. « C’est fait: une enquête est en cours! Sur le PV d’interpellation, il est mentionné que vous avez fait face aux policiers avec le poing tendu et ils ont été obligés de faire le nécessaire pour vous maîtriser! Ce n’est pas la première fois que vous commettez un délit. Vous avez été condamné trois fois en France pour vols, menaces, outrages… D’ailleurs, de quoi vivezvous? »
Réponse sans surprise: « J’arrive à me nourrir etàme loger grâce aux associations. Et si j’ai volé, c’est parce que j’avais bu… » D’emblée, dans ses réquisitions, le procureur général Jacques Dorémieux
précisera: « On ne couvrira pas les violences commises par les agents. Attendons les résultats! Quand cette personne a été entendue, le vol était pour jouer au loto et non pour se nourrir. Où mettre le curseur après un casier judiciaire chargé? Il n’y a plus d’autre issue que l’emprisonnement ferme. La peine ne devrait pas être inférieure à trois mois. » La défense répliquera aussitôt pour
rester dans de justes proportions: « Mon client ne minimise pas les faits,
argumenteMe Alice Pastor. Quand il dit que ce n’est pas grave, ce n’est pas la société qu’il vise. C’est lui ! Les circonstances qui ont entouré son interpellation seront sanctionnées: voilà ce qu’il a besoin d’entendre. Et s’il voulait juste jouer au loto, c’était pour avoir la perspective de manger à sa faim, d’avoir un toit. Il a confiance dans votre décision. » Le tribunal diminuera d’un mois les réquisitions duministère public.