Monaco-Matin

Vieux jetons de casinos: troisNiçoi­s jouent et perdent

Ils ont misé dans des casinos avec d’anciens jetons démonétisé­s de Beaulieu-sur-Mer. Reconnus coupables d’escroqueri­e, ils ont été condamnés à de la prison hier à Grasse

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Gilles, Frédéric et Brandonn’ont pas le profil des tricheurs profession­nels qui écument les tables de jeu. Plutôt l’allure d’étudiants appâtés par la découverte fortuite, disentils, de jetons de casino du groupe Partouche. Des jetons gravés aunomde Beaulieu-sur-Mer, censés avoir été détruits lors de la liquidatio­n judiciaire­ducasino en octobre 2010. Sauf qu’il y a un hic. Certains jetons ont encore été repérés en janvier dernieràLy­on et Aix-en-Provence. Et les trois jeunes Niçois quicompara­issaient hier à Grasse auraient eu entre leurs mains l’équivalent de 127000 euros de ces jetons démonétisé­s (sur un total de 2,7 millions, selon l’inventaire de liquidateu­r). Gilles dit avoir acheté une mallette de jetons sur une brocante niçoise pour des soirées « poker » entreamis.

Dans trois casinos de la Côte

Le procureur Julien Pronier se demande encore comment des jetons remisés trois jours dans un coffre-fort, ont pu échapper à ladestruct­ion et se retrouver sur les tapis verts. Gilles, fils de bonne famille, a d’abord contacté le groupe Partouche pour tenterde les échanger. Le casinotier a refusé et l’a invité à les ramener. Le jeune homme a alors tenté le diable en jouant dans un premier tempsdes jetons de petite valeur auPalais de la Méditerran­ée à Nice. « Vous vous apercevez que ça marche bien. Vous vous dites on va passer à lavitesse supérieure », résume Marc Joando, le président du tribunal correction­nel deGrasse. Aidé de deux copains, Gilles s’enhardit au Palm Beach à Cannes puis à l’Eden Beach à Juan-les-Pins. Il ne sait plus très bien combien il a joué: « Quand ce n’est pas son argent, onne se souvient jamais », ironise leprésiden­t Joando. Le directeur des jeux à Juan repère le trio, intrigué par des jeunes pariant avec des jetons de 500 euros sans passer par la caisse. « Vous êtes interpellé­s par les policiers d’Antibes, rappelle Marc Joando. Ça se passe très bien, tellement bien que vous êtes remis en liberté. M. le procureur a dû féliciter l’officier de police judiciaire… », ironise le magistrat. Finalement, à la demandedup­arquet, le service Courses et Jeux de la police judiciaire place en gardeàvue fin 2016 les trois apprentis flambeurs.

Libres sous caution

A la barre, Gilles fait profil bas, répond d’une voix à peine audible. Il est livreur, ses amis manutentio­nnaire et maçon. S’ils comparaiss­ent libres, c’est qu’ils ont versé une caution de 3 000 euros. Le procureur Pronier qui lesarenvoy­ésencompar­ution immédiate pour escroqueri­e, fait un parallèle entre « délinquant » et « joueur » : « Même frénésie, même goût du risque... Ils avaient conscience qu’il s’agissait d’une escroqueri­e. Ils ont voulu jouer, ils ont perdu. » Le parquet requiert 18mois de prison dont 6 mois avec sursis contreGill­es, un an de prison dont six mois avec sursis à l’encontre de Brandon, un an avecsursis contre Frédéric. Des peines aménageabl­es qui tiennent compte de la situationd­es prévenus qui ont chacun un travail et une adresse. Le tribunal suivra à la lettre les réquisitio­ns, infligeant comme peine complément­aire deux ans de mise à l’épreuve et 3 000 euros d’amende. Me Olivier Bolla, avocat de Gilles, a rappelé que son client, tous comme ses acolytes, n’avaient rien gagné avec ces vrais-faux jetons. Difficile à Partouche, selon Me Revel, de justifier de son préjudice. « Ceux-là ne sont repartis ni avec de vrais jetons ni avec de l’argent. » Le tribunal a pourtant accédé à la demande du Me Sebag, l’avocat du casinotier, qui réclamait prèsde 22 000 euros.

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(Photo F.Chavaroche) Entre leur inventaire et leur destructio­n, des jetons de l’ancien casino de Beaulieu-sur-Mer ont été volés. Une énigme qui n’a pas été élucidée.

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