Eric Ciotti: « Il faut traiter ensemblesécuritéet justice »
Cinquante-cinq articles de loi et cent propositions pour réformer les politiques sécuritaires et pénale. Eric Ciotti a offert à François Fillon un copieux document aux airs de feuille de route en cas de victoire à la présidentielle. Ce faisant, le député LR et président du conseil départemental des Alpes-Maritimes se positionne en potentiel ministre de l’Intérieur ou de la Justice.
Vous étiez déjà sur le terrain sécuritaire en en présentant la loi Loppsi . Pourquoiàprésent cette Lopsij ? Ce texte que je dépose à l’Assemblée nationale a pour ambition de réformer en profondeur à la fois les politiques de sécurité et la politique pénale, afin de servir de plateforme à l’alternance. Traiter ces deux problématiques en même temps serait une première. Je propose, enoutre, une programmation budgétaire qui couvre tout le quinquennat— etmême jusqu’en . N’est-ce pas un exercice délicat d’associer sécurité et justice, alors que votre camp — et vous-même— avez souvent décrié par le passé les décisions des juges ? Au contraire ! Ce texte répond aux difficultés à travers une politique pénale qui réhabilite la sanction. Il repose sur trois R : réarmer l’Etat face à la délinquance et au terrorisme, réhabiliter la sanction pénale, recentrer les forces de l’ordre sur leurs missions essentielles.
Quelles sont vos principales propositions ? La création de places de prison sur le quinquennat, et de d’ici à , afin que la peine ne soit plus contingentée par des raisons matérielles. Cette peine ne pourrait plus être aménagée à partir de six mois de prison. Je propose un isolement total des détenus radicalisés, sur le modèle adopté par l’Italie pour faire face à la mafia. De ramener la majorité pénale à ans, de revenir aux tribunaux correctionnels pour mineurs, et de pouvoir les accueillir dans des centres éducatifs fermés, en relançant le service citoyen avec encadrement militaire pour les mineurs délinquants. Nous voulons supprimer la contrainte pénale, réhabiliter les peines planchers… Par ailleurs, parallèlement à la Lopsij, je dépose un texte de proposition de loi constitutionnelle pour autoriser les contrôles d’identité et la fouille des véhicules en tout lieu et en tout temps.
Côtémoyens, comment cela se traduit-il ? La sécurité représente , % duPIB et la justice , %. L’objectif est de passer à % et , % d’ici à , grâce à un effort de trois milliards d’euros par an. Cela permet de recruter magistrats, greffiers et auxiliaires de justice. Et de recruter policiers et gendarmes, dont affectés au renseignement et à la PAF.
Est-ce compatible avec leprojet Fillon qui prévoit fonctionnaires en moins ? C’est ce que je lui propose. Il n’a pas encore arbitré. Mais les lignes sont en train de bouger. L’objectif de fonctionnaires me paraît réaliste, mais cette diminution ne peut être générale et aveugle.
N’est-il pas risqué de vous positionner aussi près d’un Fillon dans la tourmente ? C’est dans les moments difficiles qu’il faut serrer les rangs ! On a une difficulté, bien sûr, mais aussi une exigence. L’enjeu, c’est de redresser la France.