Monaco-Matin

Je suis anxieux et jeme soigne Psycho

Retrouver la sérénité, c’est possible même sans médicament­s. À condition d’utiliser la (les) méthode(s) la (les) plus adaptée(s) aux contours de sa personnali­té et de sa pathologie anxieuse

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Elle est unmotif très courant de consultati­onenmédeci­ne générale. L’anxiété, vaste mot un peu fourre-tout, « peut gâcher la vie et celle de son entourage » , assure le Dr Jérôme Palazzolo, psychiatre àNice. Son dernier ouvrage intitulé Stop à l’anxiété sans médicament­s recueil de méthodes simples, durables et non médicament­euses, est une vraie main tendue vers les personnes anxieuses. Rencontre.

Est-il si anormal d’êtreanxieu­x? Non. L’anxiétéest uneémotion tout à fait naturelle, qui vise ànous préserver; sinon nous serions sans limites. Cetteanxié­té pose problème lorsqu’elle déborde, qu’elle empêche de penser correcteme­nt, de fairedes choses, qu’elle pousseàavo­ir des comporteme­nts désadaptés: rituels de vérificati­ons, évitement... jusqu’à devenir handicapan­te. C’est là qu’il faut envisager de traiter. En clair, dès l’instant où l’anxiété « pourrit la vie », il faut consulter. Si elle fait partie du quotidien, qu’elle est gérable, alors c’est qu’elle est normale.

Traiter a-t-il pour but de faire tairedéfin­itivement l’anxiété? Beaucoup de patients réclament cela, mais, cen’est bien sûr pas possible. Ni souhaitabl­e. Il ne faut pas se tromper d’objectif: lebut est d’amener la personneàg­érer son anxiété, l’apprivoise­r, savoir d’où elle vient...

L’origine n’est-elle pas une évidence? Non. L’anxieuxnem­et pas toujours facilement le doigt sur la raison de son anxiété. Prenons l’exemple de l’agoraphobi­e, lapersonne se dit : « Lorsque je suis dans un tunnel, je panique... » , mais elle ne va pas plus loin queça. C’est encelaque l’analyse fonctionne­lle du trouble par un spécialist­eest utile. Elleva l’aideràmieu­x comprendre­cequ’il se passe. L’anxiété pose problème lorsqu’elle empêche de penser correcteme­nt, insiste le Dr Palazzolo.

Comment? L’analyse fonctionne­lle ne s’arrêtepas aux symptômes mais sert à tracer les contours de la pathologie anxieuse : quels sont les antécédent­s, existe-t-il des facteurs déclenchan­t, qu’est ce que se dit la personne avant, pendant ces crises d’angoisse? Quelles pensées l’agitent, quelles stratégies met-elle en place, que fait l’entourage... Si on s’arrête au symptôme, on préconise de la relaxation, trois pilules pour se calmer et on assureque ça va aller mieux ainsi. Mais en cas depatholog­ie anxieuse, il faut traiter le fond. Sinon, la pathologie continue à évoluer.

Je suis angoissée, jeprends un anxiolytiq­ue. Mauvaise idée? On revient sur la problémati­que des benzodiazé­pines (type Lexomil ou Xanax…) prescrites un peu à tort et à travers. Sur le moment, elles peuvent apaiser, mais

très vite, on rentredans un cercle infernal de la dépendance, avec aussi des problèmes de tolérance; au bout de quelque temps, çane marche plus. Et surtout, fait moins connu, il existedes rebonds d’anxiétéune fois que l’effet du médicament est passé; la personne se retrouve encoreplus angoissée. Les anxiolytiq­ues classiques ne guérissent pas. Ça peut surprendre, mais les traitement­s de référence de l’anxiétépat­hologique sont souvent les antidépres­seurs agissant sur la sérotonine. Cette pathologie est en effet associée à une baisse de ce neuromédia­teur dans le cerveau. Ce n’est pas toujours simple de faire comprendre­àunanxieux, non dépressif, qu’il va lui falloir prendredes antidépres­seurs! Absolument. Dans notre société de l’immédiatet­é, il y a ce réflexe de prendre vite un médicament qui va apaiser l’angoisse. En fait, il existe plein d’autres solutions à envisager avant. Oui, mais attention, il ne s’agit pas de faireune liste d’aliments spécifique­s contre la problémati­que anxieuse. On conseille en revanche une bonne hygiène de vie, une alimentati­on équilibrée, et aussi de limiter la consommati­on de tout ce qui est excitant pour le système nerveux central (piment, ginseng, soda, thé, café…). Il faut voir l’anxiété pathologiq­ue commeun baril de poudre. Si on n’allumepas la mèche, il n’yapas de souci. Oui, dans la mesure où les études ont montré que les TCC fonctionne­ment le mieux sur les troubles anxieux, avec des résultats sur le long cours. Mais, attention, le terme de TCC est très vague; il peut inclure des techniques de relaxation, de méditation de pleine conscience… qui vont permettred’apaiser le seuil anxieux, de prendredu recul, de changer la manièrede voir ses pensées...

Les TCC sont-elles accessible­s à tous? Non, les TCC peuvent ne pas convenir du tout. En réalité, aucune technique ne marche sur tout. Un exemple: certaines personnes, qui sont dans l’hypercontr­ôle [des émotions, de l’entourage, de lamanièred­e fonctionne­r...] ne supportent pas la moindre technique de lâcher prise; elle majore leur angoisse. Pendant une relaxation, elles peuvent fairede véritables attaques de panique C’est la raison pour laquelle je présenteda­ns cet ouvrage différente­s solutions: homéopathi­e, huiles essentiell­es, relaxation, méditation, hypnose... Il faut que chacun trouve ce qui lui convient le mieux.

 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ?? Dr Jérôme Palazzolo Quels traitement­s dès lors? Comme vous l’expliquez dans votre ouvrage, les médicament­s ne sont pas une fatalité... Vous évoquez même l’alimentati­on! Au coeur de la prise en charge, vous désignez les Thérapies comporteme­ntales et cognitives (TCC)...
(Photo Patrice Lapoirie) Dr Jérôme Palazzolo Quels traitement­s dès lors? Comme vous l’expliquez dans votre ouvrage, les médicament­s ne sont pas une fatalité... Vous évoquez même l’alimentati­on! Au coeur de la prise en charge, vous désignez les Thérapies comporteme­ntales et cognitives (TCC)...
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