Je suis anxieux et jeme soigne Psycho
Retrouver la sérénité, c’est possible même sans médicaments. À condition d’utiliser la (les) méthode(s) la (les) plus adaptée(s) aux contours de sa personnalité et de sa pathologie anxieuse
Elle est unmotif très courant de consultationenmédecine générale. L’anxiété, vaste mot un peu fourre-tout, « peut gâcher la vie et celle de son entourage » , assure le Dr Jérôme Palazzolo, psychiatre àNice. Son dernier ouvrage intitulé Stop à l’anxiété sans médicaments recueil de méthodes simples, durables et non médicamenteuses, est une vraie main tendue vers les personnes anxieuses. Rencontre.
Est-il si anormal d’êtreanxieux? Non. L’anxiétéest uneémotion tout à fait naturelle, qui vise ànous préserver; sinon nous serions sans limites. Cetteanxiété pose problème lorsqu’elle déborde, qu’elle empêche de penser correctement, de fairedes choses, qu’elle pousseàavoir des comportements désadaptés: rituels de vérifications, évitement... jusqu’à devenir handicapante. C’est là qu’il faut envisager de traiter. En clair, dès l’instant où l’anxiété « pourrit la vie », il faut consulter. Si elle fait partie du quotidien, qu’elle est gérable, alors c’est qu’elle est normale.
Traiter a-t-il pour but de faire tairedéfinitivement l’anxiété? Beaucoup de patients réclament cela, mais, cen’est bien sûr pas possible. Ni souhaitable. Il ne faut pas se tromper d’objectif: lebut est d’amener la personneàgérer son anxiété, l’apprivoiser, savoir d’où elle vient...
L’origine n’est-elle pas une évidence? Non. L’anxieuxnemet pas toujours facilement le doigt sur la raison de son anxiété. Prenons l’exemple de l’agoraphobie, lapersonne se dit : « Lorsque je suis dans un tunnel, je panique... » , mais elle ne va pas plus loin queça. C’est encelaque l’analyse fonctionnelle du trouble par un spécialisteest utile. Elleva l’aideràmieux comprendrecequ’il se passe. L’anxiété pose problème lorsqu’elle empêche de penser correctement, insiste le Dr Palazzolo.
Comment? L’analyse fonctionnelle ne s’arrêtepas aux symptômes mais sert à tracer les contours de la pathologie anxieuse : quels sont les antécédents, existe-t-il des facteurs déclenchant, qu’est ce que se dit la personne avant, pendant ces crises d’angoisse? Quelles pensées l’agitent, quelles stratégies met-elle en place, que fait l’entourage... Si on s’arrête au symptôme, on préconise de la relaxation, trois pilules pour se calmer et on assureque ça va aller mieux ainsi. Mais en cas depathologie anxieuse, il faut traiter le fond. Sinon, la pathologie continue à évoluer.
Je suis angoissée, jeprends un anxiolytique. Mauvaise idée? On revient sur la problématique des benzodiazépines (type Lexomil ou Xanax…) prescrites un peu à tort et à travers. Sur le moment, elles peuvent apaiser, mais
très vite, on rentredans un cercle infernal de la dépendance, avec aussi des problèmes de tolérance; au bout de quelque temps, çane marche plus. Et surtout, fait moins connu, il existedes rebonds d’anxiétéune fois que l’effet du médicament est passé; la personne se retrouve encoreplus angoissée. Les anxiolytiques classiques ne guérissent pas. Ça peut surprendre, mais les traitements de référence de l’anxiétépathologique sont souvent les antidépresseurs agissant sur la sérotonine. Cette pathologie est en effet associée à une baisse de ce neuromédiateur dans le cerveau. Ce n’est pas toujours simple de faire comprendreàunanxieux, non dépressif, qu’il va lui falloir prendredes antidépresseurs! Absolument. Dans notre société de l’immédiateté, il y a ce réflexe de prendre vite un médicament qui va apaiser l’angoisse. En fait, il existe plein d’autres solutions à envisager avant. Oui, mais attention, il ne s’agit pas de faireune liste d’aliments spécifiques contre la problématique anxieuse. On conseille en revanche une bonne hygiène de vie, une alimentation équilibrée, et aussi de limiter la consommation de tout ce qui est excitant pour le système nerveux central (piment, ginseng, soda, thé, café…). Il faut voir l’anxiété pathologique commeun baril de poudre. Si on n’allumepas la mèche, il n’yapas de souci. Oui, dans la mesure où les études ont montré que les TCC fonctionnement le mieux sur les troubles anxieux, avec des résultats sur le long cours. Mais, attention, le terme de TCC est très vague; il peut inclure des techniques de relaxation, de méditation de pleine conscience… qui vont permettred’apaiser le seuil anxieux, de prendredu recul, de changer la manièrede voir ses pensées...
Les TCC sont-elles accessibles à tous? Non, les TCC peuvent ne pas convenir du tout. En réalité, aucune technique ne marche sur tout. Un exemple: certaines personnes, qui sont dans l’hypercontrôle [des émotions, de l’entourage, de lamanièrede fonctionner...] ne supportent pas la moindre technique de lâcher prise; elle majore leur angoisse. Pendant une relaxation, elles peuvent fairede véritables attaques de panique C’est la raison pour laquelle je présentedans cet ouvrage différentes solutions: homéopathie, huiles essentielles, relaxation, méditation, hypnose... Il faut que chacun trouve ce qui lui convient le mieux.