Monaco-Matin

AToulon, bienvenue chez la coopérativ­eMacron

Les adhérents du mouvement « Enmarche! » sont regroupés en comités locaux afin de formuler des propositio­ns pour nourrir le programme du candidat. Immersion au royaume de la synthèse

- PIERRE-MICKAËL AYI pmayi@varmatin.com THIERRY PRUDHON

Nous allons commencer l’atelier du plan de transforma­tion d’Emmanuel Macron. » Ce jour-là, dans une chaumière cossue nichée sur les contrefort­s du baou des QuatreOure­s, àToulonOue­st, c’est rien moins que l’avenir du pays qui est à l’ordredu jour. À14h15 pétantes, Gilles Vautrin, lunettes carrées, chemise bleu ciel et cardigan gris, ouvre lebal, le nez collé àson cahieràspi­rale. Face au propriétai­redupavill­on, une assemblée de seize âmes, carnets et stylos en mains. Des quinquagén­aires en majorité, quelques retraités, mais aussi un adolescent, deux pèresde famille et trois minots qui jouent aux jeux vidéo sur le canapé.

« Ça monte tous les jours »

« Après l’éducation, le travail, la santé, lasolidari­té, l’Europe et la vie démocratiq­ue, poursuit le responsabl­educomité local 287, nous vous proposons cette semaine un atelier sur l’environnem­ent. » Le comité local, c’est la première plate-forme de l’usine Macron, à laportée de l’internaute qui désire s’engager. « Bandol, Sanary, des comités se forment un peu partout… » Le groupe du père fondateur du mouvement à Toulon compte 79 membres. « On était une dizaine en novem- Mais qui sont-ils donc, tous ces « marcheurs » qui se multiplien­t comme des petits pains et suivent Emmanuel Macron avec un enthousias­me juvénile? Ils sont environ 3500 dans les Alpes-Maritimes. Ecoutons quelques-unsd’entreeux.

61 ans, avait milité chez Les Verts avant 2002. Depuis, elle était devenue « abstinente » en politique, selon son expression. Elle a rejoint « En marche! » en avril 2016, dès le départ donc, et en anime aujourd’hui la délégation de Mouans-Sartoux. Elleexpliq­ueson ralliement avec la clarté chirurgica­le de l’ingénieur qu’elle est. « Emmanuel Macron est jeune, brillant, sincère, optimiste. C’est un progressis­te, il a un projet social-libéral qui me convient. Et puis “En marche!” fait un usage pertinent de l’intelligen­ce collective, on se réunit dans des ateliers pour ébaucher un programme qui aura un ca- bre, depuis janvier ça monte tous les jours… » Commeses adhérents, Gilles est un déçu des partis traditionn­els. Lorsque « l’homme providenti­el » est apparu, l’ancien employé de banque s’est levé etapris le destinen route. « En2007, j’ai adhéré au PS et participé à lacampagne de Ségolène [Royal, Ndlr] ; je drage budgétaire précis. »

« Une nouvelle offre »

68 ans, a travaillé dans la fonction publique puis en libéral. Ce Juanais n’avait jamais fait de politique auparavant, mais il s’y est toujours intéressé. « Mon père, résistant issu d’une famille pauvre, m’a transmis une éducation gaulliste plaçant la France au-dessus de tout. J’ai retrouvé chez Macron des allures gaullienne­s et cet amour fort de la France. De plus, il est l’homme du travail, celui qui dit que c’est grâce au travail qu’on se construit. Et puis, je trouvestup­idedelaiss­er passer debonnes idées sous prétexte de clivage gauche-droite, ce quiaété le cas pour la loi ElKhomri, que la droite n’a pas votée. Enfin, il s’appuie vraiment sur les Français pour bâtir son programme.»

responsabl­e financier de 34 ans, ne s’était « jamais spécialeme­nt engagé auparavant », mêmesi ne suis resté que deux ans. La cellule toulonnais­e ne vivait pas, zéro réunion, zéro dynamique. Là, c’est moi qui crée le mouvement! » Sous les aquarelles provençale­s, chercheurs, cadres, indépendan­ts et employés refont le monde dans une atmosphère de salon de thé. Onse tutoie, on s’appelle par son coeur penche plutôt à droite. Aujourd’hui responsabl­e de la logistique d’« En marche! », ce Cannois avance trois raisons à son engagement: « Il apporte une nouvelle offre politique, qui sort des clivages qui n’ont rien produit de bon jusqu’ici, pour retenir les meilleures idées d’où qu’elles viennent ; il met en avant un projet européen fort – il est l’un des rares, sinon le seul dans ce cas ; et il a une approche du travail basée sur la souplesse et la réduction des monopoles. »

49 ans, négociatri­ceen immobilier installéeà­SaintJeann­et, est elle aussi sensible à la façon dont Macron aborde la politique autrement, « en balayant le clivage droite-gauche ». « Il a une vision de la France et du monde du travail qui m’intéresse, notamment dans sa volonté de supprimer le RSI ou d’introduire de la souplesse entre employeurs et salariés. Il met aussi son prénom, on baragouine parfoisena­nglais ou en abréviatio­ns. Mais l’invitation est minutée. « On va passer à l’atelier, je vais vous lire la méthodolog­ie. Ensuite on se divisera en trois sous-groupes, l’un ira dans la cuisine, l’autre restera dans le salon, le troisième ira au rez-de-chaussée… »

« J’ai préparé des fiches »

« Avec Macron, nous ne sommes pas dans un système pyramidal, martèle Sylvie, une enseignant­e pointilleu­se. Là, on construit un programme progressiv­ement, en tenant comptedes idées, avis, aspiration­s. Le contrat avec la Nation est en train de se réaliser à travers l’échange d’idées entre la baseet celui qui va la représente­r. » Jusqu’au2mars, date de publicatio­n du fameux projet, Gilles fera tourner la coopérativ­e toulonnais­e avec le même entrain. « Des questions? Çava? Eh ben, on se divise en trois… »« Attends, t’as l’accent sur l’éducation et veut donner sa chance à chacun, en ne laissant plus certains enfants livrés à eux-mêmes au fond de la classe. »

« Il ravive l’espérance »

analyste financier de 25 ans, anime le comité « En marche! » de Cannes. Il met en avant la cohérence d’Emmanuel Macron. « Il yaune réellehomo­généitédan­s son projet, lequel est axé sur l’Europe, l’attachemen­t au travail, la liberté et la laïcité. Il a une vraie vision du monde du travail et il n’yapas chez lui de retourneme­nt de veste. Sa philosophi­e est la même que lorsqu’il siégeait au gouverneme­nt, il s’inscrit dans une continuité. »

31 ans, Français d’origine sénégalais­e qui vitàNice, est aujourd’hui en charge de la formatione­tde lamobilisa­tion dans le mouvement. Il dit vouloir prendre toute sa place dans la constructi­on pas lu le “diag”… »« Pardon, je suis allé tropvite. Qui veut lire le diagnostic? Sur les questions posées, notez bien les interrogat­ions ouvertes, les phrases sujet-verbe-complément dont on discutera à la fin. En cas de vote, j’ai préparé des fiches. » L’analyse en faveur d’ « une vraie politique d’investisse­ment dans les énergies renouvelab­les » tombe une heure plus tard. Le formulaire liste aussi les présences, ainsi que la prise de position pour la réduction de la part du nucléaire dans l’électricit­é. La contributi­on éclairée des « Quatre chemins des routes » remonte la chaîne de production­Macron. « Le soir, je reçois un e-mail en retour, que je redéploie aux participan­ts et aux autres comités. Naturellem­ent, il peut y avoir des synthèses contradict­oires. Il y a synthèse et synthèse… » Loin des projecteur­s du Zénith, Gillesadéj­à rangé lemobilier. Sa prochaine réunion, ce jeudi, est déjà en marche. d’unpayslibr­e, égalitaire­et fraternel. Macron lui en donne l’occasion. «J’aime le personnage, c’est quelqu’un qui ravive l’espérance et porte un renouveau de la classe politique. Et puis ilaunvrai projet de sociétépou­r relancerno­trepays, sur labase de ses grands principes fondamenta­ux. »

cadre niçoise de 43 ans, appuie enfin son soutien à Emmanuel Macron sur trois arguments: «Lapremière chose quimesédui­t, c’est saméthode. Ilcasse les codes habituels de la politique, en faisant participer la société civile à l’élaboratio­ndesonprog­rammeàtrav­ers sescomités. La deuxième chose, c’est savolonté deparité. Il veut aider lesfemmes àfaire de la politique plus activement. Et la troisième chose, c’est son souhait d’inscrire laFrance dans l’Europe. Sur la fiscalité ou la sécurité, entreautre­s, on sait très bien que notre pays ne pourra rien faire seul dans son coin.»

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(Photo Frank Muller) (Photos DR) Le programme du candidat Emmanuel Macron se rédige peu à peu, dans ce quartier de l’ouest toulonnais comme partout en France, par le biais de comités locaux hyperactif­s. Dominique Filleben, Jean-Marie Beucher, Enis Sliti, Sandrine Martins, Niels Cohen,...

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