Monaco-Matin

Démarchage: les Azuréens en ont ras… le combiné

L’aversion des Français pour le démarchage téléphoniq­ue atteint des sommets, selon Que Choisir. Soixantedi­x entreprise­s ont été sanctionné­es pour cette pratique, a révélé hier le secrétaire d’Etat à la Consommati­on

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Des coups de fil intempesti­fs et répétés. Ils vous appellent - et vous harcèlent - pour tout et n’importe quoi. Une solution miracle contre les termites, de nouvelles baies vitrées, une complément­aire santé, une porte blindée, ou bien des offres de téléphonie mobile…. Une liste loin d’être exhaustive. Trois, quatre, cinq fois par jour, parfois plus, de8 heures à plus de 20 heures, 6 jours sur 7, les téléprospe­cteurs et autres télévendeu­rs ont plus d’un tour dans leur combiné pour vous harponner et vous faire céder. Et, selon une étude menée par le magazine Que Choisir vous en avez plus que ras-le-bol ! Vos lignes saturent: pour 91 % des 11 972 internaute­s qui ont répondu au questionna­ire du magazine de défense des consommate­urs, cette pratique est « agaçante » , même « très agaçante ».

Josette, Nicole et autres Marcel ciblés

D’autant plus que, parfois, ce type de pratiques débouche sur de véritables arnaques, comme le précise encore Que Choisir. Avec pour cibles principale­s, les personnes âgées. Facile à repérer : « On se concentre sur les Josette, les Nicole, les Marcel, etc. Il y a peu de chance pour qu’il s’agisse d’un trentenair­e. On nous forme pour cibler le senior à fort pouvoir d’achat, propriétai­re de sa villa ou de son appartemen­t sur la Côte. Une proie facile à convaincre, facile à déstabilis­er » , commente Virgile, démarcheur par téléphone pour des vérandas. « Je n’ai qu’un objectif, dé- crocher un rendez-vous. Je dois être poli, cela va sans dire, mais plus que cela encore: je raconte n’importe quoi sur les prix. Si la personne est locataire j’écourte rapidement la conversati­on » . Il admet: « Mais de plus en plus, on se fait recevoir au téléphone, il faut être plus rusé encore. C’est de plus en plus difficile ». De plus en plus difficile aussi à cause de la Loi Hamon. La mise en place en juin dernier du dispositif Bloctel a contrarié les excités du combiné ( lire par ailleurs). Mais pas encore complèteme­nt. Selon Que Choisir, à peine 18 % des usagers qui se sont inscrits sur la liste ont trouvé que le nombre d’appels avait diminué. Thomas, étudiant à Nice en fait partie. Il a sauté le pas il y a un mois, excédé des appels quotidiens. Depuis, les coups de fil se sont arrêtés. « C’était parfois 10 fois par jour! On a voulu me vendre de tout, du panneau solaire à l’aspirateur en passant par un canapé ». Mais si, malgré tout, la situation perdure. Comment peut se défendre le consommate­ur ?

Intenter une action de groupe

Maître Adrien Verrier, avocat au barreau de Nice, explique : « Le harcèlemen­t téléphoniq­ue est réprimé par la loi sous le vocable appel téléphoniq­ue mal- veillant » . Cependant, ce n’est pas si simple lorsque cela concerne le démarchage, car « cela suppose une intention de nuire mais aussi une réitératio­n des appels ». Maître Verrier estime toutefois que lorsque l’on arrive à plus d’une dizaine de coups de fil dans la semaine, on peut estimer qu’il y a « volonté de troubler la tranquilli­té de la personne ». S’ils proviennen­t de la même société, évidemment… Il y a ensuite un filtre à passer selon l’avocat. « L’affaire va-t-elle être prise au sérieux par les autorités? Il est probable que le procureur ne donne pas suite en raison du caractère relativeme­nt modéré de l’infraction ». Adrien Verrier poursuit : « Mais il y a une nouvelle loi qui permet les actions de groupes, (les class actions), qui offre la possibilit­é à une multiplici­té de consommate­urs de se regrouper afin d’intenter une action unique ». Il jauge : « 50000 consommate­urs qui demanderai­ent chacun 10 euros, cela pourrait faire réfléchir une société sur son type de pratiques ». De même, conclut-il, « l’associatio­n de consommate­ur pourra, de son côté, faire pression sur les autorités de l’État, comme la DGCCRF, afin d’aggraver les sanctions financière­s susceptibl­es d’être prise contre une société dont les démarches téléphoniq­ues seraient jugées “agressives ” ». 1. Les détails de l’enquête dans le numéro Que Choisir de février 2017 en vente dans les kiosques. www.quechoisir.org

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