Monaco-Matin

« Tant qu’ils ne signaient pas, ils n’avaient pas leur cadeau »

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Mireille a tenu une journée! Pas davantage. Cette Cagnoise raconte aujourd’hui son expérience en tant que « démarcheur par téléphone » pour un magasind’immobilier­àVilleneuv­e

Loubet. « J’ai eu droit à un quart d’heure de formation. Pas plus. Et tout de suite après, jeme suis retrouvée avec un casque sur la tête ». La jeune femme

poursuit: « J’avais trois lignes à dire d’entrée à la personne au bout du fil. Elle avait gagné un cadeau et elle devait venir le chercher au magasin, le samedi à partir de  heures. Mais pour l’avoir il fallait impérative­ment venir en couple. Si je tombais sur un ou une célibatair­e je devais raccrocher très vite. Et si la dame ne pouvait pas venir avec son mari aussi! Le boss te disait que lorsque le ménage faisait un gros achat, c’était toujours l’homme qui décidait, donc il devait être

là! ». Une fois le couple ferré, une fois qu’il passait la porte dumagasin, c’est le vendeur qui prenait le relais.

« Le boss, une sorte d’Hitler »

L’objectif lui faire acheter, coûte que coûte, un canapé en lui proposant

moult ristournes. « Il avait pour consigne de faire du forcing pour faire signer le couple. Et tant que les gens ne signaient pas ils n’avaient pas leur cadeau »,

poursuit Mireille. « Au bout d’une journée, je n’en pouvais plus. Neuf fois sur  les gens te raccrochen­t au nez parce que, clairement, tu les ennuies! Et dans le bureau tu as un boss qui est une sorte d’Hitler qui temet une pression d’enfer ». Yves a lui aussi travailler dans le démarchage téléphoniq­ue. Sur un plateau de télé marketing qui regroupait plusieurs activités. « Tu dois suivre un script sur ordinateur. On ne devait pas mentir, mais enjoliver, oui. Et si on rappelait plusieurs fois lamême personne, c’était volontaire et pas une erreur, car le logiciel t’indiquait si la personne avait déjà été appelée et quand ».

Que des… Marie!

Ce dont se rappelle Tristan, également démarcheur téléphoniq­ue pendant un temps, c’est que lors de sa formation: « Ils ont demandé à une fille qui s’appelait Khadija de changer son prénom. J’avais trouvé ça bizarre. Ils lui ont dit: toi tu seras Pauline! ». Yves

confirme: « les personnes issues de la diversité devaient changer leur prénom. À côté demoi, il y avait un pool de filles pour une marque de cosmétique­s, elles s’appelaient toutes… Marie ».

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