Expo surprise
Pour son premier rendez-vous de l’année, le NMNM expose la collection privée d’amateurs d’art de la Principauté. Un joyeux patchwork d’art contemporain, témoignage d’une vie
Le Nouveau Musée national de Monaco présente à la villa Sauber la collection discrète de passionnés d’art résidant en Principauté.
Jamais l’atmosphère de maison de famille de la villa Sauber n’avait été aussi bien utilisée. En poussant la porter pour pénétrer dans l’exposition « Poïpoï », on a l’impression d’entrer dans un intérieur familial. Celui d’une famille amoureuse de l’art. Comme l’est la famille Merino, aussi discrète que passionnée, qui, pour la première fois, a extirpé quelques centaines de pièces de sa prolifique collection conservée dans sa demeure monégasque, pour l’organiser en exposition. Dans les années 60, ce couple de curieux fréquente les artistes de l’école de Nice puis ceux du mouvement Fluxus. Les témoignages de cette époque sont comme un fil rouge.
Vivre avec les oeuvres
« Entrer dans une collection, c’est une chance incroyable, raconte Marie-Claude Beaud, qui dirige le NMNM. Nous avons voulu reconstituer l’atmosphère de leur maison et l’esprit particulier de cette famille qui est proche des artistes et qui n’a pas collectionné comme un placement financier. » Ne cherchez pas de symétries dans les pièces présentées, le seul point de convergence est en effet celui de l’attirance des collectionneurs, au travers d’une promenade de salle en salle libre et anarchique.
« Cette exposition, c’est un hommage à ce couple de collectionneurs en particulier, mais à tous les collectionneurs en général, qui accumulent de façon chaotique, sans discipline et qui vivent avec leurs oeuvres », détaille Cristiano Rai-
mondi qui signe le commissariat de ce projet où plus d’une centaine d’artistes sont installés. Attachés au principe de cette collection à vivre, chez les Merino, la collection est un art de vivre. Et de découverte, d’humour avec
des pièces ludiques, décalées, originales. Dans les années 80 par exemple, le couple prend goût à la photographie. En témoignent les clichés collectés de Richard Prince ou Cindy Sherman. Des pièces acquises à l’époque, à la proximité des artistes, loin des sommes vertigineuses qu’elles peuvent atteindre actuellement. On croise aussi la production d’Helmut Newton sur les murs du premier étage de la villa Sauber. Sur un instantané du maestro qui photographie un pied féminin chaussé d’un escarpin, la paire de talons, taille 38, était celle de la collectionneuse. Proche des artistes, la famille a un faible pour Carsten Höller dont le travail ponctue l’exposition. Les Merino ont acheté la toute première oeuvre en vente de l’Allemand aujourd’hui superstar du monde de l’art. Par goût uniquement. Non pas comme un investissement. « Il n’est pas question dans leur collection de placement mais de rapport avec les artistes » , continue Cristiano Raimondi, qui précise : « Un collectionneur ne se met jamais en avant, ce sont les oeuvres qu’il donne à voir. » Ce qu’on donne à voir, ici, c’est un joyeux patchwork de la création artistique de ces cinq dernières décennies pour un visiteur – entre l’invité et le voyeur – qui découvre cette collection d’ordinaire discrète.